Moult projets infrastructurels en cours d’exécution en RDC sont en réalité financés par la Banque mondiale. A coups des centaines des millions des dollars. Le Premier ministre, Matata Ponyo, n’en a nullement fait écho lors de ses dernières sorties, notamment devant les deux Chambres.
Le directeur des opérations de la Banque mondiale en RDC, Moustapha Ndiaye, dit ne pas comprendre les raisons de la baisse des taux de décaissement et des délais trop longs de la mise en vigueur des projets alors que le gouvernement de la RDC a, soutient la Banque mondiale, besoin de plus de financement externes. Contrairement à son prédécesseur, Adolphe Muzito, qui intégrait volontiers l’apport financier, peu importe la nature, des partenaires (Banque mondiale, FMI, BAD, etc.,) dans le budget de l’Etat, Matata lambinerait, sans raison, à se servir des fonds mis à sa disposition par cette institution financière de Bretton Woods. Le directeur des opérations de la Banque mondiale en RDC, Moustapha Ndiaye, a convié le gouvernement de la RDC à prendre des mesures nécessaires en vue de l’accélération des opérations des décaissements des fonds offerts par Bretton Woods.
La BM ne veut pas du BCECO.
D’où vient donc cette attitude pour le moins ahurissante du gouvernement par ce temps de vaches maigres ? Des experts rappellent que la Banque mondiale fait partie des institutions qui avaient exigé la dissolution-liquidation du BCECO. Dans une note datée du 2 août 2012, la Banque mondiale a exigé des institutions étatiques de ne plus servir d’agence de passation des marchés ni de maître d’ouvrage délégué, MOD, dans les projets sous financement IDA. Le BCECO a en effet été black-listé sans être cité nommément. Pour mémoire, Matata Ponyo était DG du BCECO quand il a été appelé au gouvernement comme ministre des Finances puis Premier ministre. Depuis, un cordon ombilical semble relier la primature au BCECO. Courant 2014, la presse locale tombe sur une correspondance au style sec, vitriolé, de l’alors directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Gustave Beya Siku, adressée au Premier ministre. En résumé, tout passe par le BCECO. Il appert même qu’un projet de fusionner le BCECO et la DGCMP (Direction générale congolaise des marchés publics) était en gestation. Et la DGCMP est actuellement sous la tutelle du Premier ministre.
Et Matata ne voudrait pas… de la BM
Irait-on jusqu’à déduire que puisque la Banque mondiale ne voudrait plus du BCECO, Matata, en représailles, ne voudrait pas de l’argent de la Banque mondiale ? Répondre par l’affirmative ne serait pas téméraire. Le locataire du 5 avenue du Roi Baudouin s’est bâti, de l’aveu même de certains membres du gouvernement, une réputation d’intraitable… peu importe les conséquences. Pourtant le portefeuille de la Banque mondiale en RDC se chiffre à 3,8 milliards de dollars, à ce jour, prenant en charge 29 projets actifs parmi lesquels figurent des projets régionaux et des initiatives des Grands lacs. Pour l’exercice 2016, la Banque mondiale a accordé un volume de nouveaux engagements se chiffrant à 645 millions de dollars contre 487 millions en 2015 soit une augmentation de 32%. Les projets financés par la Banque mondiale portent notamment sur la réhabilitation des infrastructures de base, à savoir route, chemin de fer, eau potable et électricité. Sont aussi concernés la gouvernance dans la gestion des finances publiques dans six provinces et le secteur des mines, la réforme des entreprises publiques et l’amélioration du climat des affaires. Et dans le cadre de sa stratégie d’Assistance Pays (CAS) en vue de soutenir des piliers de la stratégie nationale de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP) pour la période 2011-2015, la Banque mondiale a également apporté de substantiels revenus aux 26 provinces. Jusqu’à mi-2015, quelque 925,68 millions de dollars avaient déjà été décaissés.
Dans le secteur de l’énergie, la banque a financé le projet de Marché d’Electricité à la consommation domestique et à l’export (PMEDE) qui a permis l’électrification des poches noires des quartiers très peuplés comme Kimbanseke, Mpasa 1 et 2, Kinsenso et Malweka ayant un accès très limité à l’électricité. Curieusement, l’apport de la Banque mondiale dans l’amélioration des conditions de vie des R-dcongolais n’a jamais été mis en exergue par le gouvernement. L’on dirait qu’une «politique d’ingratitude» a savamment été mise sur pied comme pour faire croire à l’opinion que, depuis la rupture du PEG, Bretton Woods n’a plus jamais versé un seul centime, à quel que titre que ce soit, à la RDC.
Pold LEVI K.M. Maweja