Le conclave de Bruxelles convoqué par Etienne Tshisekedi pour divise la plateforme dénommée «Dynamique de l’opposition politique». Le G7 ayant donné son accord faute de choix alternatif, la «Dynamique» se retrouve avec pro et anti-participation en son sein. Parmi les pro conclave se recrutent – cela va de soi – les nouveaux alliés de Moïse Katumbi regroupés au sein d’«Alternance pour la République». Parmi les anti, – cela va également de soi – les Kamerhistes. Ces derniers n’y trouvent pas leur compte dès lors que la rencontre de Bruxelles s’inscrit dans la logique du Dialogue auquel ils s’opposent farouchement. Son initiative venant après le «sacre», par la presse belge, de Moïse Katumbi comme chef de l’Opposition congolaise, le lider maximo est, comme pris à son propre jeu d’exclusion systématique. Il risque de perdre le reste d’aura dont il bénéficiait encore, car bien des Mobutistes et des Kengistes qu’il avait tournés en dérision à la Conférence Nationale Souveraine, au Dialogue intercongolais et lors des élections de 2006 et de 2011, savourent déjà ce plat qui se mange froid. C’est Etienne Tshisekedi est contraint à des concessions, et non plus l’inverse…
C’est bien le cas de le dire car, dans sa fameuse feuille de route du 14 février 2015 qu’il aura du mal à mettre sur la table des négociations, il y a deux préalables démobilisateurs. C’est au chapitre III relatif au «Règlement rapide et satisfaisant de la crise par l’organisation du dialogue politique».
Au point A intitulé «Configuration politique», la feuille de route de l’Udps relève que « Les élections de 2011 ont eu le mérite de reconfigurer politiquement la classe politique congolaise et de recadrer la ligne de démarcation claire entre ceux qui soutiennent le système en place et leurs alliés, d’un côté, et ceux qui réclament la vérité des urnes, de l’autre. Deux tendance se dessinent clairement entre les tenants du statu quo et ceux qui militent pour le changement ».
Considérant que le contentieux électoral de 2001 « se trouve être la cause essentielle de la crise politique actuelle en République Démocratique du Congo », elle conclut : « Il va sans dire que ce dialogue pourra mettre autour d’une table :
– Le Président élu, Monsieur Etienne TSHISEKEDI et ses alliés pour le camp du changement
– Monsieur Joseph KABILA et les siens pour le camp du statu quo
– La Modération, sera assurée par l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies en RDC et Chef de la Monusco, conformément à la résolution 2147 du Conseil de sécurité des Nations Unies… ».
Après avoir fixé le lieu du Dialogue (Kinshasa), la taille et la composition des participants (40) « répartis équitablement entre les deux tendances politiques en présence et leurs alliés respectifs, soit 20 membres par délégation », la feuille de route détermine l’ordre du jour avec, respectivement, deux volets principaux, la durée des travaux (10 jours) et la responsabilité historique (sic) de la communauté internationale.
Le premier volet porte sur le «Règlement du contentieux électoral de novembre 2011 et son corollaire qui est la crise de légitimité», le second sur la définition d’«un processus électoral consensuel».
Dans le premier, l’Udps est d’avis qu’il faut «identifier les responsable de la fraude électorale des élections organisées en 2011» et leur mise à l’écart «de la gestion du pays à tous les niveaux et du déroulement du processus électoral en cours». Elle vise certainement le pasteur Daniel Ngoyi Mulunda, l’honorable Jacques Ndjoli et, sans doute, l’expert Corneille Naanga.
Pour le second, l’Udps se prononce pour un nouveau cycle électoral de manière consensuelle, la priorité à réserver à la présidentielle pouvant être couplée avec les législatives dans le délai constitutionnel, la restructuration de la Céni avec la mise en place d’un nouveau Bureau comprenant 12 membres dont 6 devant être « désignés par le camp du système KABILA et 6 autres désignés par le camp du changement, mais tous devront être choisis uniquement au sein de la société civile », le contentieux électoral suscité par la désignation des 9 membres de la Cour constitutionnelle, le fichier électoral, la traçabilité des résultats, le renforcement du mandat de la Monusco pour le processus électoral et la certification des résultats.
Des signaux inquiétants
Ces deux préalables (participation et règlement du contentieux électoral de 2011) – nous n’avons cessé de le relever dans ces colonnes – ne sont nullement pour la réussite du Dialogue en ce que, le premier, par exemple, exclut de ce forum les autres plateformes de l’opposition, surtout celles qui ne participent pas au Gouvernement, cas justement de « Dynamique » et du G7 représentés au Parlement par des députés nationaux de 2011 et des sénateurs de 2011 tandis que le second disqualifie Etienne Tshisekedi de sa qualité de Président de la République élu.
On se souviendra que dans deux interviews accordées en novembre et en décembre 2015, Félix Tshisekedi et Jean-Pierre Lisanga Bonganga avaient confirmé cette exclusion.
En effet, à la question de l’internaute-blogueur Baudouin Amba Wetchi de savoir si l’Udps n’a pas le sentiment d’être un peu seul face à Joseph Kabila, Félix répond : «Ce que vous dites n’est pas sympathique’ vis-à-vis de nos autres alliés. Je pense notamment à Jean-Pierre Lisanga Bonganga ainsi qu’à Eugène Diomi Ndongala avec la MPP (Majorité présidentielle, populaire) qui est un regroupement politique qui va au- delà des frontières de la Démocratie chrétienne. Je pense également au ‘G14’ que dirige le Dr Kabamba Mbwebwe (…) Par conséquent, nous ne nous sentons nullement seuls».
C’est dans cette interview qu’il enfonce Dynamique. «La Dynamique va dialoguer avec qui ? L’UDPS a une feuille de route qui a été proposée au monde entier. La Dynamique, elle, ne propose rien. J’espère que la position’ de la Dynamique est sincère et qu’elle ne fait pas seulement du ‘ôtes-toi de là pour je m’y mette…’. En clair, j’espère qu’elle ne cherche pas’ à nous diaboliser ‘ pour s’approprier l’aura et la crédibilité de l’UDPS », soutient-il.
Dans l’interview qu’il accorde début décembre 2015 à l’internaute-blogueur Cheik Fita, Jean-Pierre Lisanga Bonganga est plus catégorique. «… il n’y a que deux camps pour le dialogue, le pro-Tshisekedi et les pro-Kabila », tranche-t-il.
Dans une chronique datée du 6 décembre dernier, nous avons trouvé «là des signaux inquiétants !».
Rencontre de la consécration…
En s’emparant dernièrement du quota réservé à l’opposition par Edem Kodjo pour le Bureau préparatoire du Dialogue, l’Udps commet une sorte de « parjure » en ce qu’elle réinstalle Etienne Tshisekedi dans son fauteuil d’opposant, malmenant de ce fait le point de sa feuille de route relatif au contentieux électoral de 2011.
Elle reconnaît que le lider maximo cesse d’être Président de la République élu. Elle tente de l’investir unilatéralement porte-parole (lisez chef de file) de l’opposition. Elle dribble ouvertement la «Dynamique», le «G7» et autres «AR» par rapport à la «Loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l’opposition politique en République Démocratique du Congo». Elle entend élever Etienne Tshisekedi au rang d’une sorte de ministre d’Etat.
Ainsi, la rencontre de «Bruxelles la Congolaise» est celle de la consécration du leadership de M. «NON», pour reprendre une expression de «Jeune Afrique». Or, «Bruxelles la Belge» sinon «Bruxelles l’Européenne» semble avoir fait le choix de promouvoir plutôt le leadership de Moïse Katumbi.
Dans la confrontation en perspective entre l’ex-Mobustiste et l’ex-Kabiliste, l’Udps est comme rattrapée par ses propres turpitudes, pardon les évidences.
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema