En réaction à l’arrêt du 11 mai 2016 de la Cour constitutionnelle relative à l’interprétation de l’alinéa 2 de l’article 70, l’opposition radicale a annoncé une énième marche de protestation. « Jeune Afrique » signale dans sa dépêche du 15 mai 2016 que «Trois plateformes d’opposition congolaise appellent à des marches de protestation en République démocratique du Congo le 26 mai contre un arrêt de la Cour constitutionnelle autorisant le président Joseph Kabila à rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat ». Lors de sa conférence de presse à Lubumbashi, le 14 mai dernier, sous le thème «Le faux procès Moïse Katumbi Chapwe par le Gouvernement», «L’arrêt anti-démocratique rendu, le mercredi dernier 12 mai 2016, par la Cour Constitutionnelle en interprétation de l’article 70, alinéa 2 de la Constitution» et «La continuation des massacres des congolais à l’Est du pays», le G7 et l’AR ont appelé « tous les compatriotes à participer massivement à la marche de protestation que l’opposition et le Front Citoyen 2016 organiseront le 26 mai en cours sur toute l’étendue de la République et dans les grandes villes du monde où se trouve la communauté congolaise pour réclamer la publication urgente du calendrier électoral par la CENI et obliger le Président Kabila à respecter la Constitution». Oui, c’est bien dit : une marche de protestation non plus contre l’arrêt de la Cour constitutionnelle mais en réclamation du calendrier électoral et respect de la Constitution…
En attendant de savoir ce que veulent ces opposants en définitive, force est de constater que les initiateurs de la manif semblent ne pas savoir que le 26 mai 2016 est la date retenue par les autorités scolaires pour les examens de la session ordinaire des examens de fin d’année. Actuellement, les élèves passent la partie de ces mêmes examens qu’on désigne techniquement par le vocable «hors session». Mais cela, ces opposants-bourgeois dont les rejetons résident et étudient à l’étranger ne le savent qu’approximativement, sans doute.
De deux choses l’une : ou les opposants radicaux disposent de cette information, et ils agissent par défi, ou ils ne l’ont pas, et ils agissent par ignorance. De toutes les façons, défi ou ignorance, c’est une grave irresponsabilité que des acteurs politiques qui aspirent à des hautes responsabilités politiques en RD Congo affichent ainsi leur peu de considération pour l’éducation et la formation des enfants des autres, ceux qui n’ont que les écoles locales pour se préparer à affronter les aléas de la vie.
On se souviendra que dans leur déclaration du 15 janvier 2015, ces acteurs politiques de l’opposition avaient enjoint, notamment, les «parents de ne pas envoyer leurs enfants à l’école» le lundi 19 courant, date prévue pour la «descente» de la population kinoise au Palais du Peuple avec pour mission d’empêcher les députés de siéger dans le cadre de la révision de la loi électorale.
On connaît la suite : Kinshasa avait vécu trois journées mouvementées, et la loi «à boycotter» est devenue l’instrument principal pour lequel la même opposition réclamait jusque-là la tripartite « Céni-Majorité-Opposition » et, depuis, la tenue des élections dans les délais constitutionnels.
Traditionnellement, l’année scolaire va de septembre à juin. Les élèves se préparent actuellement aux derniers examens. Le calendrier, publié généralement au début de ladite année en septembre, prévoit ces épreuves pour la dernière semaine du mois de mai. Pour les écoles catholiques privées, la date retenue pour le démarrage est celle du 26 mai 2016.
Tout parent responsable le sait : ces examens sont déterminants dans la mesure où ils pèsent sérieusement sur le résultat final.
En décidant d’organiser leur marche ce jour-là, les opposants sont-ils conscients des perturbations de tout ordre qui vont sans doute survenir autant pour les parents que pour leurs enfants ?
D’abord, les déplacements risquent d’être perturbés. Les exploitants des bus, taxi-bus et taxis privés se comporteront comme chats échaudés. Ils ne se risqueront pas à mettre en circulation des véhicules susceptibles de subir le courroux de manifestants incontrôlables.
Ensuite, psychologiquement, les élèves eux-mêmes sont susceptibles d’être affectés par le moindre désordre sécuritaire avant ou après les examens. Ils pourraient avoir leurs yeux plus dehors que sur les feuilles d’examen. Une crevaison de pneu suffirait pour susciter la débandade.
Enfin, les parents seront nerveux. Qu’ils disposent de véhicules ou non, ils n’hésiteront pas un seul instant à descendre ou à monter à l’école pour récupérer carrément leurs progénitures, examen ou pas.
Déjà, les opposants conscients savent que l’année scolaire 2015-2016 a été sérieusement bousculée ; les vacances scolaires ont été écourtées pour permettre l’exécution des programmes prévus.
Cette si cette sonnette d’alarme tirée, l’opposition radicale postposait sa manifestation, le mal est fait en ce qu’en ne s’informant pas au préalable avant l’annonce de sa manifestation à la date du 26 mai 2016, elle confirme le reproche qu’on lui fait continuellement, celui d’être SDF (Sans Direction Fixe).
Un vrai choc lorsqu’on sait que ses initiateurs sont des députés nationaux…
OMER NSONGO D.L. AVEC LE MAXIMUM