On se croirait en pleine campagne présidentielle. Mercredi 25 septembre 2024, à l’appel de partis politiques de l’opposition et d’organisations de la société civile, pour la plupart d’obédience katumbiste, un sit-in a eu lieu sur le parterre du Palais de justice à Gombe. La manifestation, qui coïncidait avec le discours du président Tshisekedi à l’Assemblée générale des Nations-Unies à New York, dénonçait «la dictature instaurée par le gouvernement en place, à la suite de celui qui l’avait précédé». Problème : ladite «dictature» n’a ni interdit ni dispersé ce rassemblement, ce qui en a passablement réduit l’impact recherché.
En milieu d’après-midi, Olivier Kamitatu, porte-voix de Moïse Katumbi, se fendait d’un message de félicitation «à tous les jeunes qui se sont levés aujourd’hui pour la libération de Seth Kikuni, Kabund Jmkkrock, Mukebayi Mike, Daniel Safu et de tous les compagnons d’infortune». Avant d’asséner que le sit-in du jour représentait un tournant dans la prise de conscience collective de la jeunesse congolaise. Pour lui, «une génération a décidé de se dresser contre la dictature. Le courage et la détermination des jeunes à braver la dictature annonce une implacable déferlante».
Plus de drapeaux que de manifestants
Mais en fait de «jeunes» et de «génération», la démonstration des pro Katumbi devant le Palais de justice n’a pas mobilisé plus d’une centaine de personnes. «Il y avait plus de drapeaux de partis politiques que des manifestants. L’opposition est impopulaire et faible. Ça n’a été qu’une kermesse de fanfarons», commentait ainsi, Dieu Wedi, un internaute manifestement proche du pouvoir. Pascal Mulegwa, notre confrère de RFI y voyait lui, «des centaines de militants de l’opposition et de la société civile».
Ce n’était pourtant pas faute de moyens financiers, ainsi qu’on l’a vu tant à la qualité des banderoles et calicots luxueux, aux fanfares louées pour la circonstance afin d’entretenir la chaleur de l’événement qu’au tintamarre de la publicité médiatique qui l’a précédé. Mais comme l’ensemble des rassemblements populaires organisés par l’opposition depuis quelques temps, le peuple dédaigne résolument l’hameçon politicien. Aucun engouement particulier. Parce que les préoccupations des organisateurs sont éloignées de celles du citoyen lambda, qui tournent autour des problèmes immédiats.
Le sit-in terminé mercredi devant le Palais de justice, une délégation a eu l’occasion de transmettre directement le mémo des manifestants au ministre d’Etat, ministre de la Justice, Constant Mutamba, venu en personne prendre possession du document de 4 pages qui dénonce pêle-mêle la détention de l’ancien vice-président de l’UDPS, Jean-Marc Kabund-a-Kabund, condamné à l’issue d’un procès public ; celle Mike Mukebay, dont la procédure est en cours. Ou encore celles de Seth Kikuni et Daniel Safu, récemment interpellés par le parquet.
Dénonciations rituelles
Sont également dénoncés dans le mémo du 25 septembre 2024, «le massacre de plus d’une centaine de personnes à la prison centrale de Makala», ainsi que l’assassinat de Giresse Manzanza, un militant de l’Ecidé de Martin Fayulu victime d’une bavure policière, dont le procès des auteurs a débuté mardi 24 septembre à la cour militaire de Kinshasa/Gombe.
Selon nombre d’observateurs, la belle prose distillée dans les médias par les organisateurs du sit-in du Palais de justice a tout d’un trompe-l’œil. La concommittance de la manifestation avec l’intervention officielle du président Tshisekedi devant la 79ème Assemblée générale des Nations-Unies semble avoir visé l’objectif de ternir un peu plus l’image de la RDC aux yeux de la communauté internationale. En provoquant des incidents et en incitant les forces de l’ordre à commettre des bavures susceptibles d’être brandies à la face du monde. «La marche de ce jour avait pour objectif d’exposer des images de personnes blessées ou tuées par des forces de défense et de sécurité d’un pays candidat au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies . Les Congolais ne sont plus dupes et ont envoyé paître ce parvenu de Moïse Katumbi, d’où le flop du 25 septembre», commente un internaute kinois sur son compte X.
J.N. AVEC LE MAXIMUM