Les travaux publics deviennent un portefeuille laissé-pour-compte. Le ministre de TPI (Travaux Publics et Infrastructures), Fridolin Kasweshi, et l’Honorable Pasi Za Pamba, en sont venus, lundi 9 mai 2016, à cette conclusion, à la suite des explications du ministre de tutelle en réponse à la question orale lui posée par le député sur l’état de délabrement avancé des routes en RDC.
Seuls 13% des crédits budgétaires alloués au secteur des infrastructures entre 2012 et 2015 ont été réellement décaissés par le gouvernement. Aucun rond n’a cependant été déboursé depuis janvier 2016 pour la réhabilitation des artères routières tant à Kinshasa que dans l’arrière-pays. « Toutes les routes sont quasiment fin-mandat», a déploré le député Mohindo Nzangi. Même dans la capitale dont la voirie est plutôt gérée par l’Hôtel de ville, le ministre Kasweshi croit savoir que, outre la sempiternelle question de gestion des déchets et autres ordures, le manque des moyens financiers ferait défaut pour leur réhabilitation. Le gouvernement de la RDCongo éprouve des difficultés pour construire les routes ou entretenir son réseau routier interne. Une enveloppe annuelle d’un milliards de dollars américains est nécessaire pour cette activité, a fait comprendre, il y a encore quelques semaines, le ministre des Infrastructures, Travaux publics et reconstruction, Fridolin Kaswehi. Ce que le gouvernement n’est pas en mesure de débourser avec ses fonds propres.
«Il y a des routes qui peuvent générer des ressources suffisantes grâce à l’activité économique dans leurs zones d’influence. Mais beaucoup de routes ne sont pas éligibles à ce genre de financement et doivent dépendre du trésor public, qui lui-même n’a pas beaucoup de financement du fait de l’activité économique qui est assez faible dans le pays», a confié Fridolin Kasweshi.
Le standard des routes au Congo est parmi les plus faibles dans les zones sous-régionales auxquelles appartient le pays (l’Afrique centrale ou la SADC), a en outre affirmé le ministre. «Pour relever nos standards, il faut investir 1 milliards de dollars par an dans les routes dont au moins 20% pour l’entretien », précise-t-il.
Faute d’un financement de cette hauteur, Fridolin Kasweshi explique que le gouvernement développe trois piliers palliatifs : le partenariat public-privé là où l’activité économique est assez importante, c.à.d., pour les routes asphaltées, un minimum de trafic de 15 000 véhicules par jour.
Le deuxième pilier est celui des partenaires techniques et financiers à l’instar de la BAD (Banque Africaine de Développement), l’Union européenne et la Banque mondiale. Cette dernière développe un projet dit de routes ultra-prioritaires avec 3 500 km des routes prises en charge par une intervention conjointe de la Banque mondiale, de la coopération britannique et du Fonds national d’entretien routier.
Le troisième pilier est celui des ressources propres. «Son apport est très faible et ne permet pas une bonne prise en charge de notre réseau routier», avoue le ministre.
En 2013, le gouvernement a alloué 40 millions de dollars américains pour les routes en supplément à l’apport des partenaires techniques et financiers extérieurs mais n’a pas pu tenir cet engagement les années suivantes.
Quelques routes sont tout de même entretenues notamment à Kinshasa, capitale du pays. « Nous avons lancé par exemple les travaux d’assainissement de la route By-Pass construite en 1981 qui n’a pas bénéficié d’un entretien conséquent. D’autres routes ont été dégradées précocement du fait du manque des ouvrages d’assainissement, de la gestion de déchets ou de l’augmentation du trafic en quantité et en tonnage », résume Fridolin Kasweshi. Le député Pasi a obtenu de l’Assemblée nationale, la mise en place d’une mission d’information afin de faire la lumière sur la gestion des recettes allouées au secteur des infrastructures routières.
PALM