Moïse Katumbi Chapwe, candidat malheureux à la dernière présidentielle, et son parti politique, Ensemble pour la République, semblent encore sonnés par les résultats des scrutins de décembre 2O23 en RDC. Tout se passe comme si, l’ancien gouverneur du Katanga, qui a payé cher ses sympathies transnationales, cherche encore sur quel pied danser pour s’attirer la confiance des Congolais plus que jamais hostiles aux agresseurs rwandais.
Mais l’entreprise paraît laborieuse. Le 23 juillet 2024, Moïse Katumbi est sorti de la réserve qu’il a observée depuis le verdict de la présidentielle 2023. Dans un tweet abondamment commenté par les médias, le président d’Ensemble pour le changement s’est saisi de l’affaire des détournements qui défraie la chronique ces dernières semaines. Mais en la commentant avec force détails, à la limite de l’illégal. «Alors que des soldats affamés et abandonnés pendant 5 jours risquent le peloton d’exécution simplement pour avoir cherché à se nourrir, on apprend que des centaines de millions de dollars auraient été détournés via des marchés publics truqués. Des forages, des lampadaires, les jeux de la francophonie et la cité financière ont été surfacturés au-delà de l’imaginable. Pendant ce temps, des compatriotes souffrent dans des camps des réfugiés, des veuves et des blessés de guerre sont négligés, des milliers d’orphelins sont abandonnés et des familles congolaises ne peuvent même plus nourrir leurs enfants. Il est temps que les responsables de ces vols soient poursuivis, jugés et condamnés. L’argent détourné doit être restitué au Trésor et l’impunité doit cesser. C’est une question cruciale pour les Congolais, de justice sociale et de responsabilité des dirigeants», a-t-il écrit.
L’évocation des « soldats affamés et abandonnés » dans ce tweet pose un sérieux problème. Il énerve le prescrit de la loi, précisément le code pénal militaire qui prévoit et punit de servitude pénale «tout propos de nature à décourager l’armée en temps de guerre». Dans l’opinion, nombreux sont ceux qui estiment que Katumbi, que l’on accuse à tort ou à raison de sympathies envers le pouvoir rwandais, aurait voulu démobiliser les troupes au front qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Une manière ou une autre de donner un coup de pouce aux agresseurs en provenance de Kigali à qui profiterait une déconfiture des FARDC.
Sympathies rwandaises
La dernière sortie médiatique de Moïse Katumbi n’est pas de nature à le rapprocher de la majorité de ses compatriotes, qu’il ambitionne pourtant de diriger depuis plusieurs années et qui lui reprochent souvent de ne jamais dénoncer l’agresseur rwandais. Malgré les nombreux rapports onusiens et d’ONGs qui attestent du soutien de Kigali aux terroristes qui tuent aussi bien les «soldats affamés et abandonnés» que les populations électrices de l’Est du Congo.
La posture mitigée de Katumbi vis-à-vis de l’agresseur rwandais est d’autant plus questionnable pour nombre de Congolais qu’elle semble confortée par des accusations de collusion avec l’ennemi.
A Mahagi (Ituri), deux acteurs politiques membres d’Ensemble pour le changement, Danny Unyithowun et Désiré Upar, accusés de collaboration avec les terroristes M23-RDF ont été arrêtés et transférés à Kinshasa le 14 juillet 2024. Ils feraient partie d’un réseau terroriste en cours d’implantation dans cette partie du pays, selon les services de sécurité.
Il est rappelé à ce sujet, les déboires d’un autre katumbiste, l’ancien député provincial Jean-Paul Ngahangondi, arrêté en avril 2024. L’homme aurait été capturé durant les affrontements entre les FARDC et les ADF ougandais dans la région de Beni. «On l’a trouvé lors de l’embuscade du côté des ADF», avait expliqué aux médias le capitaine Anthony Mwalushay, porte-parole des FARDC dans la région. Même si l’accusé avait rejeté les griefs portés contre lui, la multiplication de ces ‹‹coïncidences›› pose un problème que les sorties médiatiques enflammées ne découragent pas. Loin s’en faut.
J.N. AVEC LE MAXIMUM