Peu médiatique et très discret, l’homme d’affaires malien, Samba Bathily, s’est vu contraint par la circonstance et la nature de choses à se livrer aux médias pour éviter de laisser champ libre à toutes les spéculations aux allures politiciennes, alimentées par des personnes malveillantes et susceptibles de discréditer sa réputation d’homme d’affaires, autour du contrat d’installation de 2.594 lampadaires dans certaines communes de la capitale congolaise que sa société Solektra RDC a signé avec le gouvernement provincial de Kinshasa. Il s’est ainsi livré à cet exercice médiatique dans une interview exclusive réalisée avec Top Congo FM et 7/7.cd.
A la question de savoir si sa société avait la capacité financière et les moyens logistiques pour exécuter pareil projet, le patron de Solektra RDC a fait savoir que cette dernière avait gagné le marché en bonne et due forme et qu’elle n’était pas la seule à faire ce travail à Kinshasa, mais l’unique parmi les sociétés africaines à avoir installé plus de 200 mille lampadaires dans au moins 20 pays du continent dont la RDC est le 21ème.
Quant au projet de 30 mille lampadaires installés en Guinée, Samba Bathily confirme qu’il l’a exécuté en 11 mois seulement. «Si j’ai pu exécuter un projet de 30 mille lampadaires en 11 mois dans 304 localités avec des distances Nord-sud qui peuvent aller même à 900 Kms, avec un mouvement de plus de 1.400 conteneurs alors qu’ici on parle de 2.594 lampadaires et 72 à 80 conteneurs en termes de logistique, vous pouvez comprendre que l’on a la capacité, l’on a l’habitude. Et le Congo n’est pas le premier pays où l’on a installé les lampadaires», a-t-il déclaré avant de préciser qu’il n’était pas venu pour ce petit projet de 2.594 lampadaires mais plutôt pour celui de 30 mille avec le gouvernement central et qu’en attendant, il avait signé celui en cours avec le gouvernement provincial qui en avait aussi besoin pour combattre le banditisme et la délinquance perpétrés notamment par les kuluna la nuit.
Abordant l’aspect du contrat, Bathily précise qu’il est de 13,6 millions USD pour éclairer une dizaine d’artères de la ville. Il a été signé en mai 2022. Et en collaboration avec son partenaire bancaire et son équipementier français, la commande de panneaux solaires et des batteries a été lancée, sur base d’une lettre de crédit de 12 mois.
A la question de savoir pourquoi cet écart de prix entre un lampadaire à 1.500 USD et le sien à plus de 4.000, l’homme d’affaires malien a tenu à expliqué qu’il ne s’agit pas de comparer les deux articles. «Il y a lampe et lampe. Depuis 2006, je suis dans les lampadaires et j’ai vu toute l’évolution des lampadaires, j’ai travaillé avec toutes sortes des sociétés que ce soient américaines, européennes ou asiatiques, j’ai une idée de ce que c’est un lampadaire», a-t-il fait remarquer à ses interlocuteurs à qui il a remis toutes les copies des documents, notamment les factures, la lettre de crédit, les paiements de différentes opérations sur ce projet.
Il les a ensuite conduits sur le site pour qu’ils puissent eux-mêmes constater la différence grâce au luxmètre, de qualité entre les lampadaires installés par un concurrent sur l’avenue de l’enseignement à 4.207 USD l’unité (poteau de 7 m, intensité de lumière : 1,5 à 3,5 lux, panneau solaire de 80 watts alors que les recommandations techniques en milieu urbain exigent l’intensité de 30 à 60 lux, le poteau de 9 à 10 m et la distanciation de 20 à 25 m entre deux poteaux) et les siens sur l’avenue Elengesa où le poteau est à 9 m et distancié de 25 m, l’intensité de lumière variant entre 42 à 60 lux et le panneau solaire de 270 watts, tout ce kit à 4.936 USD. «Mon prix en toute transparence, j’ai fait des transferts bancaires et il y a des preuves, c’est 1.790 euros pour le led, le panneau, la batterie et tout l’électronique sans génie civil. Donc, on ne parle pas de ces lampes à 1.500 USD et je vous dis de par mon expérience, les lampes qu’on vend à 1.500 USD, c’est des lampes qu’on paie à 400 ou 500 USD et on n’est pas dans la même gamme. Les miennes éclairent mieux, elles durent longtemps et si vous faites les calculs économiques après, c’est le pays qui est gagnant. Il faut savoir que dans notre coût de 4.936 USD, 56% c’est la douane et la TVA, c’est l’Etat», a expliqué Bathily pour qui, contrairement à la RDC, dans beaucoup de pays africains où ils ont travaillé, il y a des lois pour défiscaliser le solaire. «La TVA dans notre contrat est à 1,8 millions USD. Rien que la TVA soit 726 USD par lampadaire. La douane, transit et les frais portuaires et caution s’élèvent à 3,7 millions USD soit 1.441 USD par lampadaire. Donc c’est près de 2200 USD que nous payons à l’Etat, et ça, ça ne va pas dans nos poche. Maintenant, le prix du lampadaire 1790 euros arrondis avec les frais de transport, on est à 2000 euros. Le poteau c’est à 367 euros, le support massif avec installation c’est à 318 euros, les travaux de génie civil, la logistique, l’installation par lampadaire ça nous revient à 1001 USD. Donc, le tout réuni, ça nous fait si l’on paie la douane, ça nous fait un projet qui nous coûte 14.961.381 versus le montant de 13.693.370 USD. Ce qui équivaut à 6.066 USD par lampadaire versus 4936 tel que l’on a facturé. Or, dans beaucoup de pays où nous opérons, nous faisons les offres hors taxe. Mais ici on nous a dit qu’il faut qu’on paie au moins la TVA. C’est pour ç qu’on a fait TTC», a-t-il détaillé. Samba Bathily précise que c’est le blocage de l’exonération obtenue qui a fait que le projet connaisse du retard alors que selon lui, ce contrat devait se terminer en 10 mois partant de mai 2022.
Bathily dit comprendre que la diabolisation dont il est victime et sa société fait suite à l’inauguration de l’avenue Elengasa réhabitée et éclairée. «Le jour où l’on a allumé Elengesa, tous les concurrents ont compris que nos lampes sont 10 fois supérieures aux leurs et vous allez bien le constater sur le terrain», a-t-il révélé en faisant remarquer que de toutes les sociétés prestant dans la ville de Kinshasa dans le domaine des lampadaires, Solektra RDC est la seule à avoir proposé un kit d’entretien. «On parle de détournement. Quelqu’un qui veut détourner ne prend pas 30% de l’argent et fait le génie civil. Quelqu’un qui veut détourner de l’argent, il ne va pas avec 30% amener tous les équipements du projet dans le pays au port. Quelqu’un qui veut détourner de l’argent, il ne va pas garder pendant un an et demi tous ses employés et continuer à les payer. Donc, quelqu’un qui veut détourner l’argent, il prend l’argent et il part sans rien faire. Et moi, on parle de 13 millions mais rien que ce que j’ai mis en billets d’avions et en jets privés pour venir ici, l’hôtel dans cinq ans, ça dépasse 13 millions. Je pense qu’avec le temps, nous serons des héros dans ce pays. Aujourd’hui on parle parce que l’on ne sait pas de quoi l’on parle. Il y a trop peu de spécialistes. Moi, je serai à l’aise si l’on me met devant les spécialistes en solaire parce que je peux défier quiconque sur ça. Parce que mon expérience parle, mes références parlent et il n’y a pas de magie, il n’y a pas d’inconnus dans ce business que je ne connais», a-t-il regretté, voyant dans cette affaire une cabale orchestrée contre lui par ses concurrents dans plusieurs projets en RDC, notamment le projet des forages où il est sous-traitant ainsi que le marché de délivrance de la carte d’identité signé avec l’ONIP. «Ces concurrents ont réussi à drainer avec eux des politiques, des gens de l’administration pour atteindre leur but. Mais moi, je ne fais pas la politique, je fais les affaires», a-t-il dénoncé avec fermeté.Pour l’homme d’affaires malien, ce sont ses détracteurs qui visent beaucoup plus à déstabiliser son marché de délivrance de la carte d’identité.
JM