Près de la moitié de la population congolaise est touchée à différents niveaux par l’insécurité alimentaire chronique. C’est un constat résultant du deuxième cycle du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Selon ces données récoltées après une étude sur plus de 100 millions de congolais sur l’étendue du territoire national, une persistance de haut niveau de l’insécurité alimentaire aiguë est signalée.
Ces chiffres ne cessent de progresser au fil du temps en RDC.
Treize provinces sur les vingt-six que compte le pays et 77 territoires sur les 145 ont été pris pour unité statistique. Parmi les facteurs propices à cette situation alarmante, on note entre autres les conflits et les violences armées, les catastrophes naturelles, les maladies, la faible production agricole et de la dépréciation monétaire. Les provinces les plus touchées sont notamment le Kasaï, le Nord-Kivu, l’Ituri, le Bas-Uélé, le Haut-Uélé, l’Equateur, la Tshuapa, la Tshopo, le Kwilu, le Kwango et le Maï-Ndombe.
Ces chiffres de l’IPC, dévoilés le 5 mars 2024, indiquent que près de 15,8 millions de personnes se trouvent en insécurité alimentaire chronique sévère, 25,1 millions sont en insécurité alimentaire chronique modérée. La ville de Kinshasa est dans l’insécurité alimentaire légère avec environ 11,7 millions de ses habitants qui sont en insécurité alimentaire minimale.
Rien que pour les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, le rapport de l’année dernière montrait que 6,7 millions de personnes touchées par l’insécurité alimentaire représentait une augmentation de 10% par rapport à l’année 2022.
En 2023, le Service de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de l’Union européenne (ECHO) a fourni une contribution inestimable de 14,5 millions USD pour faire face à l’escalade de la crise humanitaire en RDC. Ce financement a permis au PAM de fournir une assistance vitale aux populations vulnérables de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu à travers une aide en espèces, répondant ainsi aux besoins immédiats de la crise en cours.
Le PAM a toujours affirmé sa volonté d’intensifier ses programmes d’assistance pour améliorer les moyens de subsistance. Il souligne cependant qu’avec la poursuite des conflits, les besoins humanitaires sont de plus en plus importants et il a urgemment besoin de 397 millions USD pour fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle essentielle dans l’Est de la RDC et un total de 543 millions USD pour poursuivre les opérations dans l’ensemble du pays. Le mois dernier, le PAM a annoncé restreindre son assistance alimentaire afin de satisfaire aux cas prioritaires dans le pays.
La RDC a besoin d’investissements plus importants en agriculture et en développement rural pour inverser cette tendance catastrophique contre la faim. L’agriculture est déclarée priorité des priorités depuis plus de 40 ans mais le budget alloué à ce secteur reste toujours inférieur à 5%. Il y a possibilité de mieux faire car la RDC compte plus de 80 millions d’hectares des terres arables et ses étendues d’eaux et de forêts. Il y a à noter aussi que 40% des enfants congolais sont en retard de croissance à la suite de la sous-alimentation.
La RDC reste l’une de plus grandes crises alimentaires au monde, et la faim plane sur le pays au point qu’il suffit d’un choc pour plonger des millions de personnes supplémentaires dans une insécurité alimentaire extrême.
En utilisant la classification et l’approche analytique de l’IPC, les gouvernements, les agences des Nations Unies, les ONG et d’autres parties prenantes travaillent ensemble pour déterminer la gravité et l’ampleur des situations d’insécurité alimentaire aiguë et chronique et de malnutrition en RDC, selon des normes internationalement reconnues. Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) est une initiative multipartite innovante visant à améliorer l’analyse et la prise de décision en matière de sécurité alimentaire et de nutrition.
KM