Les conclusions des rapports des experts belges, sudafricains, de la Mission des Nations-Unies au Congo (MONUSCO) et du Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les droits de l’homme (BCNUDH), formellement communiquées à l’opinion par la justice rd congolaise suscitent de nombreuses réactions. Les résultats égrenés par le procureur général près la cour de cassation, Firmin Mvonde, assisté du procureur de la République près le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, Edmond Issako, n’ont pas (encore) convaincu tout le monde, particulièrement dans les milieux proches d’Ensemble pour la République, le parti politique de Moïse Katumbi.
Même si l’avalanche des critiques, qui fusaient déjà de cette formation politique depuis plusieurs mois, n’est pas pour surprendre des observateurs avisés, il n’en reste pas moins que la présentation des observations des différentes équipes commises sur le dossier Chérubin Okende était de nature à faire la part belle aux détracteurs.
Difficilement contestables
Certes, Firmin Mvonde et Edmond Issako ont présenté des conclusions et observations scientifiques dont le contenu demeure difficilement contestable. Même parmi les détracteurs acharnés contre le travail coordonné par les deux hauts magistrats hésitent à contester dans les détails les révélations des enquêteurs et se contentent de rejeter globalement tous les rapports.
Cependant, la présentation des éléments des rapports a souffert de la méthodologie utilisée par les deux magistrats qui avaient laissé de nombreux vides suscitant moult questionnements et ouvrant la voie aux spéculations diverses.
On peut en outre se demander si la présentation de rapports des scientifiques par des magistrats qui n’en sont pas les auteurs n’a pas eu pour conséquence de relativiser le crédit à accorder aux conclusions qui s’y trouvent.
Selon un spécialiste de droit criminel, les conclusions relatives au tracé de la balle, à la présence de la douille, auraient eu une portée plus persuasive. De même que les conclusions de divers examens, dont les scanners, auraient été mieux appréhendées si elles avaient été expliquées par un expert en la matière.
Au cours de la présentation des conclusions des enquêtes entreprises pour élucider le décès, le 13 juillet 2023 à Kinshasa, de l’ancien ministre des Transports, l’expertise judiciaire a écrasé toutes les autres.
Expertise judiciaire écrasante
Il apparaît ainsi que toute la communication des magistrats a été malencontreusement réductive. Tout s’est passé comme si le procureur général près la cour de cassation et son collaborateur ne se sont préoccupés que de répliques aux différentes thèses courantes sur le drame de juillet dernier. Manifestement, parce qu’elles avaient le tort d’induire l’opinion en erreur. Les magistrats n’auront ainsi fait que rencontrer quelques arguments et thèses avancées ci et là. Au détriment de l’ensemble des rapports.
Rencontrer des arguments ne suffit pas
D’où ces nombreuses questions sans réponses, qu’une présentation mieux ordonnée par résultats d’équipes d’enquêtes, par exemple aurait permis de minimiser au mieux.
Au finish, il apparait ainsi que l’heure du décès du député demeure inconnue, alors qu’elle aurait dû clôturer le retraçage de son parcours révélé par les antennes de télécommunications. Sur les derniers interlocuteurs de l’ancien ministre retrouvé mort à bord de sa jeep, on a observé un silence déplorable. Des interrogatoires effectués sur différentes personnes liées à la disparition brutale de Chérubin Okende, il n’est pas non plus fait la moindre allusion, alors qu’elles sont sûrement susceptibles de révéler des pans entiers des derniers instants du défunt.
Le 29 février 2024 à Kinshasa, il semble que le ministère public représenté par Firmin Mvonde et Edmond Issako en ait trop peu dit.
J.N. AVEC LE MAXIMUM