Le dossier FPI a rebondi à l’Assemblée nationale à la suite de la question orale avec débat adressée au Premier ministre Matata Ponyo sur son plan quinquennal par le député Mindule. Si Matata a accepté de se présenter, le DG du FPI, Constantin Mbengele, doit absolument se soumettre, soutiennent désormais des députés.
Mais, même s’il a garanti dans son speech de la rentrée de mars 2016 la poursuite des contrôles parlementaires, Aubin Minaku pourrait renvoyer à la saint glinglin la «comparution » du DG du FPI devant les députés. Autrement, ce serait livrer à la vindicte…parlementaire les siens, offrir l’occasion à l’opposition de faire le procès de la gestion des Finances publiques, par ricochet de la MP…en cette période où la météo politique annonce plutôt des lendemains peu certains.
La transformation du FPI, Fonds de promotion de l’industrie, en banque d’investissements industriels fait partie de 28 mesures urgentes prises le 27 janvier 2016 par le gouvernement. Non seulement des experts doutent du caractère urgent de cette mutation, mais aussi, le gouvernement est soupçonné d’étouffer le rapport d’une commission d’enquête parlementaire disponible depuis fin décembre 2015, qui cite nommément des ministres anciens et actuels, des députés MP bénéficiaires des crédits de plus de 140 millions USD entre 2008 et 2014 et qui refusent ouvertement de les rembourser.
Deux semaines avant la décision du gouvernement de muer de toute urgence le FPI en une banque, soit le 11 janvier 2016, le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, avait promulgué la Loi des Finances n°15/021 du 31 décembre 2015 pour l’exercice 2016 (Budget 2016) dans laquelle le FPI est repris sous sa forme traditionnelle comme compte spécial émergeant du budget avec des recettes et des dépenses attendues identiques de l’ordre de 134.193.641.429 FC, soit un peu moins de 145 millions USD.
Fonds de Promotion des individus.
L’Etat n’avait donc pas des soucis particuliers à se faire sur le FPI, si ce ne sont que des noms des décideurs insolvables vis-à-vis du Fonds circulant déjà sur les réseaux sociaux accompagnés d’acerbes commentaires. Ce n’est un secret pour personne, d’autant plus que le rapport FPI déposé sur la table du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, et distribué déjà aux députés, circule dans toute la capitale. L’on y indexe notamment trois membres du gouvernement, un député et un cadre de la CENI détenant à eux seuls près de 3 millions USD. Et que 70% des projets financés par le FPI entre 2008 et 2014, n’ont pas été réalisés et que d’autres sont tout simplement fictifs. Que le comité de gestion du FPI a fait de la complaisance le critère primordial dans le choix des promoteurs des projets. Que le DG Constantin Mbengele a privilégié, dans l’octroi des crédits, des politiques au détriment de véritables entrepreneurs. Dans ses recommandations, la commission parlementaire exige «la dépolitisation et la rationalisation des conditions d’octroi des crédits et des subventions au FPI.»
Quand les prémisses sont fausses, la conclusion est absurde.
Mais le gouvernement veut anticiper les choses… les précipiter, selon les experts. Il veut faire du FPI une banque d’investissements devant offrir ses services exclusivement aux grandes entreprises, aux institutions publiques et autres financières. Avis d’experts, dans sa précipitation, le gouvernement a tout fait faux. La première faute du gouvernement est d’abord d’ordre sémantique, fait comprendre Michel Somwe, professeur d’économie, ancien DG de la Banque des crédits agricoles et ex-cadre de la Banque centrale du Congo, BCC, en charge des banques commerciales en difficultés. Si la transformation ne tient qu’au changement de nom, d’appellation, rien n’aura changé. C’est la nouvelle mission que l’on donne à la nouvelle structure qui sera déterminante.
On n’appelle banque que des institutions (qui reçoivent) des dépôts des ménages, des entreprises, qui émettent en contrepartie des comptes bancaires. Une infrastructure financière doit toujours savoir faire la part des choses entre la finance directe et l’intermédiation financière (finance intermediée). Car, il y a ce qu’on appelle des activités bancaires qui relèvent de l’intermédiation financière, il y a des activités financières qui relèvent de la finance directe.
Liquidation avant toute transformation.
Or, dans un pays comme la RDC où il n’y a pas de marché financier, explique Michel Somwe, le terme approprié est plutôt « banque d’affaires ». Le gouvernement a eu tort de se fonder sur l’appellation anglaise «Invetissement Bank» et le traduire par banque d’investissements en français. Aussi la mutation devra-t-elle aussi inévitablement passer par la liquidation du FPI. Or, la liquidation suppose avant tout l’établissement d’un inventaire des passifs et actifs du Fonds. Au 1er janvier 2016, le FPI comptait un effectif de 281 agents dont 74 agents féminins. L’institution financière a, au cours de ces 20 dernières années, soutenu quelque 688 projets. Mais sur terrain, le FPI n’aura été qu’une structure de poursuite de la «zaïrianisation en numéraires». Force est de constater que l’industrie r-dcongolaise a plutôt régressé en termes de nombre d’unités de production par rapport aux années 1960-1990. Selon le ministre de l’Industrie, Germain Kambinga, la RDC a plutôt perdu 80 % de ses unités de production.
POLD LEVI K. M. Maweja