« Panama Papers », le nom est sur toutes les bouches à travers la planète Terre. Il évoque ce qui est présenté comme un véritable Tsunami médiatique, œuvre en cours d’une constellation de professionnels de médias spécialistes des investigations : 108 médias mondiaux réunis dans le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) auraient réussi à mettre la main sur une masse d’informations secrètes provenant des archives du cabinet panaméen Massak-Fonseca. Une véritable mine d’or, au propre comme au figuré, sur les domiciliations des sociétés offshore propriétés des puissants de la planète soucieux de placer leurs avoirs loin des administrations fiscales tatillonnes de leurs pays et des regards indiscrets. La mine « Panama Papers », c’est une bagatelle de 11 millions de documents qui révèlent les secrets financiers des riches et des puissants du monde entier, selon la Suddeutsche Zeitung, le deuxième quotidien allemand, qui fait partie du consortium des journalistes des médias qui y ont « eu accès », comme ils disent. Ce dont on peut conclure que ce qui a été révélé jusqu’ici ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan de révélations : une sorte d’épée de Damoclès suspendue sur la tête d’innombrables personnalités d’importance à travers la planète.
Car, des révélations, il y en a déjà eues. Des victimes aussi. A commencer par le président de la fière et renaissante Russie, Vladimir Poutine, dont quelques proches détiendraient des avoirs et seraient propriétaires de discrètes entreprises dont les comptes sont logés à Panama (les frères Arcady, Boris Rotenberg et Serguey Rodulgin). En passant par le 1er ministre Islandais, dont les révélations de « Panama Papers » ont exhumé le passé de gestionnaire de la fortune de son épouse. L’homme d’Etat Islandais a beau se défendre, rien n’y a fait. Sous la pression de la rue, Sigurður Ingi Jóhannsson, a dû démissionner. Pour finir provisoirement par le premier ministre britannique, David Cameron. Lui aussi aurait géré des avoirs familiaux dans un paradis fiscal, mais longtemps avant d’occuper ses fonctions actuels, s’est-il vigoureusement défendu devant le parlement.
En France, des proches de Nicolas Sarkozy, comme Patrick Balkany, voire du président François Hollande, Jérôme Cahuzac ont été nommément cités. Sans pour autant que les mêmes médias mondiaux se permettent le moindre rapprochement avec leurs patrons, comme ils l’ont pourtant fait allègrement dans le cas de Vladimir Poutine.
En Afrique, naturellement, certaines personnalités en vue dans les deux Congo ont, été dénoncées. On pouvait s’y attendre, la famille Sassou Ngouesso, par un des fils du Chef de l’Etat Brazza-congolais interposé, gèrerait d’importants fonds logés dans des paradis fiscaux. A Kinshasa, la capitale d’en face, la sœur jumelle de Joseph Kabila est citée comme ayant possédé en partenariat avec un homme d’affaires une discrète entreprise depuis 2001 qui aurait eu un compte ouvert dans un pays « proche du Panama ». Mais c’est sur l’homme d’affaires israélien, Dan Gertler, que le plus grand flot d’informations a été déversé. Le 7 avril dernier, on pouvait lire dans le quotidien français Le Monde que « l’homme d’affaires israélien de 42 ans, à la tête d’un empire minier aussi vaste qu’opaque en République Démocratique du Congo (RDC), est dans le viseur du Fonds monétaire international depuis 2012. Des ONG et le think tank de Koffi Annan, Africa Progress Panel, l’accusent de « pillage et de corruption ». Mais si la firme panaméenne tique alors qu’elle compte parmi ses clients des personnalités politiques contestées et des sociétés visées par les sanctions de l’ONU, c’est qu’elle s’est sentie flouée par le milliardaire ». En fait, Gertler aurait réussi à immatriculer deux entreprises aux Iles vierges britanniques, Foxwhelp Ltd et Caprikat Ltd sans apparaître comme propriétaire. Les deux sociétés étant elles-mêmes détenues par un fond d’investissement domicilié aux Iles Caïmans, African Ressources investment Fund (contrôlé par deux fondations au Liechtenstein, elles-mêmes possédées par deux trusts à Gibraltar). N’apparaissent au bout de l’astucieux montage qu’un avocat Suisse, Marc Bonnant, et … Clive Zuma, un neveu du Chef de l’Etat Sud africain Jacob Zuma, que le consortium présente comme « affairiste ».
Trop beau pour être vrai
Seulement, sur les personnalités politiques et les richissimes américains, les « Panama Papers » s’avèrent muets comme une carpe. Rien n’est révélé. Strictement rien, comme si le monde yankee n’était peuplé que d’hommes vertueux et sans tâches. Cela fait tiquer plus d’un observateur. A commencer par le président Russe, Vladimir Poutine, qui estime et dit tout haut que Panama Papers est un coup des Américains monté contre lui. Point de vue soutenu par Wikileaks qui révèle que l’opération avait une cible bien précise : le président russe. William Assange, le fondateur de Wikileaks, cette autre mine d’informations politiques compromettantes sur les grands de la planète, révèle en plus que la fameuse enquête des 108 médias mondiaux a été financée par les autorités américaines.
Selon une dépêche de l’agence Ria datée du 8 avril dernier, les autorités américaines ont reconnu avoir financé l’enquête du Consortium, même s’ils se défendent d’en avoir influencé les résultats. Les journalistes « … ont reçu le financement de sources différentes, y compris du gouvernement des Etats-Unis. Ce sont des organisations qui ont été, ou sont toujours, financés par l’agence USAID, non pas pour cibler des pays ou des personnes spécifiques, mais pour mener des enquêtes indépendantes », a déclaré en substance Mark Toner, le porte-parole du Département d’Etat américain le 7 avril 2016.
Depuis, les langues se délient, qui relativisent les révélations des « Panama Papers ». Le 12 avril 2016, une dépêche de l’Afp (qui cite la Süddeutsche Zeitung) révélait que des services secrets de plusieurs pays étaient mouillés par les « Panama Papers ». Parmi eux, la toute puissante CIA américaine (Central Intelligence Agency), qui a eu recours au même cabinet panaméen Mossak Fonseca pour dissimuler leurs activités. Il est ainsi des acteurs des ventes secrètes d’armes US à l’Iran (Scandale Iran-Contra) pour faire libérer les otages retenus au Liban et aider financièrement les Contras Nicaraguayens. Le quotidien allemand révèle aussi que « d’actuels ou d’anciens responsables de haut rang des services secrets d’au moins trois pays, (…) l’Arabie Saoudite, la Colombie et le Rwanda », figurent parmi les clients du sulfureux cabinet panaméen ».
Onde de choc téléguidé
De là à se convaincre que les « Panama Papers » et les fameux journalistes d’investigation ont été manipulés, il n’y a qu’un pas à franchir. Surtout lorsqu’on se rend compte qu’un acteur politique mondial fort controversé comme le milliardaire américain Georges Soros et son ONG international, l’Open Society foundation, ont compté parmi les financiers des « Panama Papers ». Ce grand-prêtre du nouvel ordre mondial, ainsi que le désigne pertinemment Jacques Nzinga Makitu, un chercheur rd congolais, est en effet connu pour son activisme dans la provocation de spasmes planétaires. Les fameux « Panama Papers » ne dénoncent donc que les hommes politiques et les célébrités planétaires qui ne composent pas avec les commanditaires de l’enquête. L’œuvre du Consortium de 108 médias mondiaux pourrait donc s’inscrire dans le contexte vaste d’une guerre entre puissants via des agences de médias, selon l’étude de Nzinga Makitu (Les véritables enjeux géopolitiques de Panama Papers). Même si dans son analyse des cas rd congolais, Nzinga Makitu semble faire foi aux révélations des Panama Papers, alors qu’il les critique avec pertinence lorsqu’il s’agit de Vladimir Poutine, par exemple.
J.N.