Le Chef de l’Etat en avait personnellement donné les assurances dans son discours sur l’état de la nation en décembre 2015. Tous les chantiers arrêtés devraient redémarrer en 2016. Malgré la période des vaches maigres due à la dégringolade des cours des matières premières, le gouvernement a mis un gros paquet pour les travaux publics, TP.
L’Etat a consacré plus de 700 millions de dollars (668,9 milliards de FC) à la construction, réfection, réhabilitation, addition d’ouvrages et d’édifices ainsi que pour des acquisitions immobilières.
Certes ce poste des dépenses a connu une régression de 38,5% par rapport à 2015, mais la part d’acquisitions des bâtiments a été sensiblement gavée de 5,4 milliards de FC à près de 12 milliards de FC (11.913.877.448 FC).
Pour des observateurs, il devient urgent pour l’Etat de requalifier le projet Rakeen. «Un si grand chantier abandonné en plein centre-ville pose des problèmes d’esthétique, et même de sécurité», font remarquer des experts. «Le gouvernement peut restituer à son partenaire saoudien l’argent qu’il a dépensé jusque-là et se trouver un autre associé», propose-t-on.
Car le prince héritier saoudien n’a pas tenu parole. Les travaux de construction des immeubles Rakeen non loin de la Gare centrale ainsi qu’à la Place dite de l’Indépendance dans les parages du ministère des Affaires étrangères n’ont pas du tout repris. Voilà pourtant 3 ans et demi depuis que ses émissaires conduits par un certain Barry Ibrahim sont venus rassurer les officiels r-dcongolais sur le redémarrage des travaux.
Un repaire des hors-la-loi.
Au sortir d’une audience lui accordée par l’alors ministre des Affaires foncières, Robert Mbuinga, M. Barry Ibrahim avait déclaré à la presse que « c’est le Prince héritier saoudien lui-même qui a décidé la reprise des constructions des immeubles promis et qui a dépêché à cet effet ses émissaires pour reprendre les contacts en ce sens avec les autorités congolaises».
Depuis, trois ministre se sont succédés aux Affaires foncières, même pas une seule brique n’a été ajoutée à la bâtisse (en construction) qui jouxte la Gare centrale alors que l’autre chantier a été abandonné juste après l’aménagement du site. Pourtant, le complexe Rakeen de la Gare centrale aurait dû être opérationnel voilà 6 ans. L’on se souviendra, lors de la pose par le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, de la première pierre de la construction de l’hôtel et de deux tours Rakeen à la Gare centrale, un représentant de Rakeen, présenté alors comme son directeur général, avait déclaré que «la remise officielle de ces ouvrages interviendra le 30 juin 2010, lors de la célébration du 50è anniversaire de l’indépendance de la R-dCongo». Le prince Cheik Sahud des Emirats arabes unis avait d’ailleurs effectué le déplacement de Kinshasa quant à ce. Le coût global des travaux était évalué à 540 millions de dollars. L’Etat avait donné sa caution pour quiconque achète soit un appartement, soit un bureau, soit un magasin avant même la fin des travaux de construction de deux tours.
Il s’en est plutôt suivi une brouille entre partenaires. Tous des privés se lançant des hallebardes par presse interposée. Alors que l’alors ministre des ITPR, Pierre Lumbi Okongo, avait présenté ces projets comme fruit du partenariat entre le groupe Rakeen des Emirats Arabes Unis et la RD Congo… un partenariat public privé signé le 18 juillet 2007 entre le ministère congolais des Travaux publics et Infrastructures et le groupe Rakeen des Emirats Arabes Unis. Et que ce partenariat était axé principalement sur des projets d’urbanisation, notamment de la ville de Kinshasa. Avec le retour en force de dangereux marginaux dits « Kulunas» et autres shegués, la fascination, le charme, que suscitait le chantier de Rakeen près de la Place de la Gare centrale s’est mué en frayeur …surtout aux heures vespérales. D’aucuns redoutent l’immeuble abandonné, à l’image des éléphants blancs mort-nés laissés par Mobutu à Mbandaka et Gbadolite, ne devienne un repaire des criminels.
POLD LEVI