La guerre de l’eau se précise. La RDC, ce n’est un secret pour personne, est dans le viseur de puissants lobbies qui s’estiment en droit de contraindre les R-dCongolais à partager leurs ressources en eaux avec les autres peuples. Pour ce faire, des organisations on ne peut plus fantaisistes ont été créées à dessein avec siège à Kinshasa, à l’image de la commission du bassin du Congo-Oubangui-Sangha, Cicos.
Le ministre des Transports et voies de communication, Justin Kalumba Mwana Ngongo, a encouragé l’organisation d’un audit institutionnel de la Commission interministérielle du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (CICOS) , en vue d’ une réforme durable, apprend-on. .
Justin Kalumba a rappelé que la décision de lancement d’un audit intentionnel de la CICOS avait été prise lors de la 12ème session ordinaire du comité des ministres de cette région, tenue au mois de juin 2015 à Kinshasa. Cet audit, a-t-il dit, est un moyen d’effectuer une réforme intentionnelle et de doter l’organe exécutif de la CICOS d’instruments requis pour son fonctionnement optimal. Il vise également à faire de cette structure un cadre efficace de coopération pour le développement et pour le bien-être des populations riveraines du Bassin du Congo.
Il a estimé que le CICOS « jouera un rôle extraordinaire dans la réalisation de l’intégration régionale » des pays membres notamment, l’instauration d’un climat d’affaires favorables aux transactions économiques entre les populations.
Faisant allusion au passage de pouvoir opéré entre lui et son collège ministre du Cameroun, Justin Kalumba a relevé que cette mutation institutionnelle permettra d’insuffler un dynamisme nouveau dans la mise en œuvre des projets de la CICOS axée sur la gestion durable des ressources en eau partagées du Bassin du Congo. , Quelque
3,000 navires étrangers (estimation de la RVF, Régie des voies fluviales, en 2005) pourraient déferler sur nos eaux intérieures du fait de la CICOS, Commission internationale du Bassin duCongo-Oubangui et Sangha. La Commission comprend, en effet, la R-d Congo, le Congo, le Cameroun et la R-Ca. L’Angola, qui dispose d’une de grandes flottes du continent, aurait également fait part de son intérêt pour la CICOS. Cette organisation se fonde notamment sur
des traités internationaux datant du XIXème siècle, du temps où les puissances occidentales faisaient pression sur Léopold II pour qu’il ouvre le bassin du Congo au commerce international. Il s’agit notamment de l’Acte final de Congrès de Vienne du 19 juin 1815, de l’Acte général de la Conférence de Berlin du 16 février 1885. C’est la
souveraineté chèrement acquise qui est sérieusement remise en question sous le fallacieux prétexte d’intégration régionale, africaine. Autre accord sujet à caution, c’est celui conclu avec l’Afrique du sud. Les navires marchands
sud-africains auront libre accès dans les ports maritimes de la R-dC dont Matadi et Boma. Où transite le gros des importations et exportations de la R-d Congo. Négocié du temps du << 1+4 >>, l’accord de coopération maritime entre la RSA et la R-d Congo devrait être d’application à brève échéance. Naturellement, la RSA devra ouvrir ses
ports (Durban, Cap, Port-Elisabeth…) à la flotte de la R-d Congo.
Laquelle ? L’unique armateur de haute mer -public- la CMDC, Compagnie maritime du Congo, ex-CMZ, n’est plus que l’ombre de sa gloriole d’antan, dans les années 1980, quand la compagnie alignait 9 cargos et 1 navire mixte cargo-passagers. <<Mais des méthodes de gestion bien particulières dont la paternité est attribuable à une série des PDG successifs, ont provoqué la croissance d’une dette telle que, régulièrement, des navires ont été mis à la chaîne dans divers ports étrangers >>, déplorera le Belge Honoré Paelinck ; naguère PDG de l’ex-Office national des transports, ONATRA, actuellement SCTP. <<Finalement tous les navires ont été vendus à des prix parfois dérisoires, fait savoir Paelink…La situation pécuniaire de l’entreprise est si pénible que beaucoup de créanciers attendent la moindre occasion de reprise de la compagnie pour intervenir et saisir
à nouveau>>. L’armement r-dcongolais est une véritable galère. En dehors de l’ex-ONATRA qui peut aligner une dizaine d’unités flottantes de dimension moyenne dans un état on ne peut plus acceptable, l’armement
privé n’est, au contraire, constitué que des pousseurs, barges et baleinières de fortune… et autres pirogues motorisées. Ce qui ne cingle pas sans occasionner des drames. Le voyage fluvial (et
lacustre) r-d congolais est l’un des plus dangereux au monde. C’est une flotte en lambeaux qui va rivaliser avec l’une des meilleures flottes marchandes du monde. Il est donc loin d’être un rendez-vous du donner
et du recevoir, cet accord de coopération maritime entre la RSA et la R-dC. Car les R-dCongolais, à moins d’affréter un navire étranger, n’auront rien pour se faire prévaloir. L’accord de coopération
maritime prévoit également la collaboration entre les flottes des deux pays. Voilà qui ouvrirait aux Sud-africains la voie de l’arrière-pays, Kisangani, Bumba, Ilebo, etc. Et par voie de conséquence, porter un
coup…d’arrêt à l’armement national public et privé.
NADINE KINGOMBE