Dans la province de l’Ituri, voisine du Nord-Kivu et également sous Etat de siège depuis mai dernier, la situation sécuritaire semble pour le moins stationnaire. Les rebelles ADF chassés de leurs bastions traditionnels au Nord-Kivu voisin y ont trouvé refuge et font l’objet de traque systématique de la part des forces coalisées FARDC-UPDF depuis quelques semaines. Même si les résultats ne sont pas encore à la hauteur de ceux qui s’observent dans la région de Beni.
Lundi 7 mars, un collectif de mouvements citoyens et de groupes associatifs de l’Est rd congolais a ainsi appelé à des journées villes mortes dès le 14 mars 2022, pour exiger la levée de l’Etat de siège décrété par Félix Tshisekedi dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Selon le communiqué publié dans les médias à cet effet, les signataires sont d’avis que la mesure sécuritaire prise par le président de la République est « inefficace et inopportune vu les enjeux de l’heure ». Un langage que l’on entend quasiment plus au Nord-Kivu voisin où le même Etat de siège semble mettre tout le monde d’accord sur la nécessité de soutenir les forces loyalistes engagées au front en dénonçant diverses manœuvres des rebelles ADF et des milices locales.
Méfiance
Les observateurs notent, néanmoins, que dans la région de Beni aussi, il a bien fallu vaincre cette méfiance primaire, en faisant pencher la balance de la sécurisation des territoires en proie à l’activisme rebelle en faveur des forces loyalistes. Ce qui n’est pas encore tout à fait le cas en Ituri.
Même si elles sont moins précises que celles qui concernent le Nord-Kivu, les statistiques du Bureau conjoint des Nations-Unies pour les droits de l’homme parues au milieu de la semaine renseignent que le territoire d’Irumu a enregistré un nombre élevé de tueries attribuables aux ADF durant les deux premiers mois de l’année. De même que les territoires de Djugu et de Mambassa.
En territoire de Djugu, 18 personnes ont ainsi été massacrées par la milice CODECO et deux autres blessées, mardi 8 mars 2022 à Kilo-mission, non loin de la paroisse catholique de Kilo (secteur de Banyali-Kilo). Parmi les victimes, 4 passagers d’une voiture en provenance de Bunia, coincée dans un embourbement à Candip le soir du lundi 7 mars. C’est au village nommé Bruxelles où les FARDC tiennent une position que les 4 passagers ont trouvé la mort au cours d’une attaque des miliciens venus de Djambise et de Tchudja, rapportent des médias locaux. Repoussés, les assaillants de Bruxelles ont fait incursion à Kilo, tuant 12 personnes à la machette et blessant deux autres, une dame et un enfant.
Déploiement progressif
Le déploiement rapide d’unités coalisées FARDC-UPDF est ardemment attendu dans cette partie de la province. D’autant plus que depuis vendredi 4 mars 2022, des villages comme Aruda dans le même territoire de Djugu, longtemps demeuré sous contrôle CODECO a été repris par les FARDC. Alors qu’à Mongwalu dans le même territoire, les activités avaient repris depuis le week-end dernier, selon une communication des FARDC.
Samedi 5 mars, un propagandiste de la milice FPIC a été arrêté par les FARDC à Komanda, précisément au village de Makayanga en chefferie de Basili à 75 km au Sud de Bunia.
Dans les régions pacifiées de la province, le gouvernement militaire conforte la normalisation de la situation. A Bunia, chef-lieu de l’Ituri, le Gouverneur militaire de la province a ainsi inauguré, lundi 7 mars 2022, une clinique VIP baptisée de son nom à l’Hôpital général local. Le pavillon inauguré, d’une capacité de 13 malades, a été réhabilité sur fonds propres du gouvernorat, soit 144.000 Usd, rapporte-t-on.
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