Repoussé à trois reprises, en octobre 2019, puis en février et mars 2020, le sommet des chefs d’Etat du Mécanisme de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba s’est finalement ouvert, jeudi 24 février à la cité de l’Union Africaine à Kinshasa. Comme de coutume, ces assises ont été précédées par la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays partie à cet accord signé dans la capitale éthiopienne le 24 février 2013 entre la RDC et ses dix voisins. Mercredi 23 février, Didier Mazenga, ministre congolais de l’Intégration régionale et de la Francophonie a dirigé ces travaux techniques auxquels ont pris part les délégués du Rwanda, de l’Ouganda, de la République centrafricaine, du Mozambique, de l’Angola, du Burundi, du Congo-Brazzaville, du Soudan du Sud, de la Zambie, de la Tanzanie, ainsi que de l’Afrique du Sud, de l’ONU, de l’UA, de la CIRGL et de la SADC.
Le même jour, en prélude à ce sommet qui permettra au chef de l’Etat de la RDC de prendre le bâton de commandement de ce Mécanisme des mains de l’Ougandais Yoweri Kaguta Museveni, un impressionnant ballet diplomatique s’est déroulé au Palais de la Nation. Félix-Antoine Tshisekedi a, en effet, reçu tour à tour Huang Xia, envoyé spécial du secrétaire des Nations-Unies pour la région des Grands Lacs, qu’accompagnaient Didier Mazenga, mais aussi Guylain Nyembo, directeur du cabinet présidentiel, et Claude Ibalanky, coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord, la délégation de l’Union Africaine conduite par le président de la commission, Moussa Faki Mahamat, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, qu’accompagnait Mme Bintou Keita, représentante spéciale du secrétaire général des Nations-Unies en RDC et cheffe de la Monusco.
Guterres représenté
Le représentant personnel d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU empêché en raison de la situation ukrainienne est arrivé en RDC mardi 22 février par Bunia en Ituri. Dans cette province meurtrie par les exactions des rebelles ADF et des milices locales sur les populations civiles, Jean-Pierre Lacroix s’est rendu à Rhoe, un camp de déplacés du territoire de Djugu, objet d’un massacre sans précédent il y a peu. A Kinshasa, le représentant d’Antonio Guterres avait conféré avec les présidents des chambres parlementaires congolaises et le premier ministre sur la situation sécuritaire à l’Est du pays et dans la région, objet de ce sommet. «Il est clair qu’en vue de la poursuite des efforts régionaux, le renforcement de la coopération régionale pour faire avancer les objectifs de la paix dans l’Est du Congo et d’une manière générale dans la région des Grands Lacs, cette coopération est indispensable. IL y a beaucoup d’efforts qui ont été faits», a déclaré le diplomate onusien, avant de mettre un accent sur l’engagement personnel du président Félix Tshisekedi dans ce dossier. «Il y a certes d’autres acteurs de la région qui ont fait des progrès dans les relations bilatérales, mais il reste beaucoup à faire pour que cela se traduise par davantage d’actions concrètes pour contribuer à faire reculer le phénomène de l’insécurité des groupes armés pour rassurer les populations et c’est le sens de ce sommet de demain. C’est le sens de la visite que souhaitait faire le Secrétaire général des Nations-unies. Il était extrêmement motivé pour venir exprimer sa solidarité avec la République démocratique du Congo, avec la population congolaise. Mais vous savez les évolutions de la situation concernant l’Ukraine l’ont amené à différer cette visite et à rester à New-York», a encore déclaré Lacroix au terme d’une entrevue avec le premier ministre Sama Lukonde.
Plusieurs chefs d’Etats de la région des Grands Lacs ont effectué le déplacement de Kinshasa, à l’instar du Burundais Evariste Ndayishimiye et du Centrafricain Archange Touadera, arrivés depuis mardi 23 février. Alors qu’étaient attendus le président sortant du Mécanisme de suivi de l’Accord d’Addis-Abeba, Yoweri Museveni et le Sud-Africain Cyril Ramaphosa. Représenté par son premier ministre, le président rwandais Paul Kagame est le grand absent du sommet de Kinshasa, qui a obligé ses pairs de la région et du continent à faire sans celui qui est perçu comme le principal artisan de l’insécurité dans la région.
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