La RDC a récemment découvert des gisements de pétrole dans le parc national des Virunga, mais aussi à Luki dans le Congo central et dans l’Equateur. Faut-il exploiter ces ressources ou agir pour le climat ? La ministre congolaise de l’Environnement, Eve Bazaiba, est partagée entre l’exploitation de ces gisements de pétrole et la lutte contre le changement climatique. Pour elle, la communauté internationale doit apporter une réponse au manque à gagner économique et social. Eve Bazaiba s’est voulue plus précise à ce sujet dans sa réponse à la DW. «Les choix appartiennent à la République démocratique du Congo. Nous allons protéger l’environnement pour l’intérêt du monde, de l’humanité, comme je l’ai dit, et c’est évidemment aussi notre propre intérêt. Mais le Congo se trouve dans un dilemme de dire : le pétrole, c’est le baromètre de l’économie, quand vous avez un accès difficile au pétrole, le prix des services et des biens montent. C’est le coût de la vie qui monte. Mais quand vous avez l’accès facile au pétrole, ce sont les coûts des services et des biens qui baissent et la population a accès à un minimum vital», a-t-elle expliqué avant de poursuivre: «nous avons les ressources du sol et du sous-sol. C’est là qu’il y a des négociations avec la communauté internationale pour dire : devrions-nous, la RDC, nous sacrifier à ne pas exploiter notre pétrole pour les besoins de la protection de l’environnement ? En échange de quoi ? Parce que quand nous protégeons cet environnement, cela ne servira pas seulement au Congo, cela servira à l’humanité pour capter les pollutions, préserver la biodiversité. S’il y a une réponse, nous la mettrons sur la balance et nous dirons : pétrole, reste dans le sous-sol. Nous avons d’autres fonds, nous avons l’alternative de notre survie. Mais s’il n’y a pas cette alternative, on ne peut pas observer le pétrole comme des poissons dans l’aquarium. Nous sommes en train de parler avec les partenaires internationaux, avec tous les partenaires au développement technique et financier».
Même si selon elle, l’énergie solaire peut être exploitée comme alternative, «il y a les centrales hydroélectriques d’Inga, où nous demandons de tous nos vœux que tous les fonds pour lutter contre le réchauffement climatique soient financés à Inga qui va booster la desserte en électricité. On n’aura pas besoin nécessairement du pétrole». Pour la ministre de l’Environnement, la RDC a besoin de beaucoup de technologie et d’expertise pour le développement de l’énergie photovoltaïque. «L’un des gisements a été découvert dans le parc national des Virunga. Nous avons également besoin de la technologie et de l’expertise pour la transformation locale de nos ressources stratégiques, minerais stratégiques, qui nous amènent à la transition écologique au lieu d’utiliser le pétrole, donc le carburant, l’essence et le gazole dans le véhicule…. mais si nous utilisons des voitures électriques, ça nécessite une transformation locale, d’autant plus que nous avons une panoplie de tous ces procédés pour nous amener à la transition écologique. Nous avons beaucoup de tours dans nos manches, mais ça nécessite l’expertise, la technologie et cela équivaut à des moyens», a-t-elle répliqué.
JM