Vous avez dit Office de gestion du fret….multimodal ? Pour la Fédération des entreprises du Congo, FEC, c’est de la triche. En clair, un «interventionnisme préjudiciable pour les entreprises et pour l’économie», pour reprendre les mots du numéro un du principal patronat r-dcongolais, Albert Yuma. Et, à l’interne, les chiffres ne sont connus que de seuls initiés.
Le DG de l’OGEFREM, Anatole Kikwa Mwata Mukambu, s’est réservé de rendre public le coût des travaux de construction du port sec de Kasumbalesa, grand poste frontalier de Kasumbalesa, dans la province du Haut-Katanga. Selon le Dg de l’Ogefrem, le montant qui sera déboursé est supérieur à celui dépensé pour la construction de l’immeuble abritant le siège social de l’Ogefrem. La construction du nouveau bâtiment administratif de l’Ogefrem a coûté 7.500.000 de dollars. «Ce projet [Kasumbalesa] est le plus grand depuis la création de l’office en 1980», a-t-il néanmoins poursuivi. Comme on ne change pas la stratégie qui paie, 2016 sera comme 2015 à l’Ogefrem. «L’année 2015 a été marquée par des inaugurations en cascade des infrastructures de l’office, tous financés sur fonds propres de l’entreprise, en dépit du contexte difficile de la conjoncture économique internationale caractérisée par la baisse des matières premières», a déclaré Anatole Kikwa, lors d’un toast à l’occasion d’échange de vœux avec les agents et cadres de l’Ogefrem. Outre le port sec de Kasumbalesa, l’Office de gestion du fret multimodal compte se doter notamment de deux nouveaux bâtiments administratifs à Bukavu et à Lufu (au Kongo central).
L’Ogefrem dispose depuis début janvier 2016 de 60% du montant nécessaire pour les travaux de construction du bâtiment administratif de Bukavu, a laissé entendre Anatole Kikwa. Difficile de savoir ce que représente en numéraires 60% du montant nécessaire. Toutefois, il y a encore quelques mois, au retour d’un voyage dans la capitale du Sud-Kivu, le DG de l’Ogefrem avait fait savoir que l’Ogefrem était encore locataire à Bukavu. Et que l’Office avait alors consenti en fonds propres une enveloppe de deux millions et demi de dollars américains pour ces travaux. L’entreprise chinoise SZTC est chargée de l’exécution de ces travaux qui dureront 6 mois, a-t-il fait savoir, indiquant que le bâtiment en construction comptera deux niveaux, outre une résidence du directeur provincial. Autres constructions, le bâtiment Ogefrem de Lufu, où s’observe d’importants échanges commerciaux entre l’Angola et la RDC susceptibles de renflouer les caisses de l’entreprise. Coût des travaux : RAS. L’on sait toutefois que «plus de 3 millions de dollars», selon la haute direction de l’Ogefrem, auront servi à la construction du bâtiment abritant la direction provinciale du Katanga. Et foi du DG Kikwa, la valeur du patrimoine immobilier de l’Ogefrem est de plus de 90 millions de dollars. Seulement ce montant ne repose pas sur une certification d’une agence des valeurs immobilières digne de ce nom, telles qu’IMMOAF, à titre exemplatif. Qu’il est aussi curieux, pour un établissement public qui verse des millions de dollars dans les constructions, que son apport dans le budget de l’Etat ne soit guère perceptible. Michel Somwe, prof d’économie, ancien de la Banque centrale du Congo, l’a décrié lors d’une intervention (autour de la mutation du FPI en banque d’investissement) sur Radio Okapi.
Et, pour autant l’établissement public est primé ça et là pour sa gestion. Le dernier prix en date est celui de la «Dynamique de l’Afrique et des Caraïbes».
Voilà pratiquement 4 ans que la Fédération des entreprises du Congo, FEC, sollicite de l’Etat, de ramener l’Ogefrem dans ses missions d’avant la réforme de 2009. Le gouvernement s’est engagé à étudier l’amendement proposé par la FEC sur le décret n°09/63 du 3 décembre 2009 portant statuts de l’OGEFREM. Le Premier ministre, Matata Ponyo, s’est exprimé dans ce sens, début août 2012, lors d’une réunion entre son cabinet et le principal patronat r-dcongolais.
En clair, l’OGEFREM reviendra-t-il à ses prérogatives d’antan, la gestion de fret maritime uniquement, ou conservera-t-il ses compétences actuelles qui s’étendent à tous les modes de transport ? Voilà d’ailleurs pourquoi, selon ses nouveaux statuts, l’OGEFREM est, en effet, devenu, l’Office de gestion du fret multimodal. Mais pour la Fédération des entreprises du Congo, le prélèvement de cette entreprise sur d’autres modes de transport est sans contrepartie et constitue un « interventionnisme préjudiciable pour les entreprises et pour l’économie».
POLD LEVI