La polémique, malsaine de l’aveu de la plupart des nationaux épris de paix et de concorde, sur la nationalité de père et de mère (la congolité) est loin de s’arrêter. Des acteurs politiques d’envergure comme Jean-Pierre Bemba Gombo s’en mêlent. Pour calmer la tempête qui enfle à vue d’œil. Dans un communiqué daté du 11 juin, le chairman du Mouvement de libération du Congo (MLC) se dit affligé par «le déferlement d’intolérance, devenu trop familier engendré dans les milieux politiques congolais. Les discours séparatistes, haineux, portent atteinte à la cohésion et à l’unité nationale et font reculer la paix, la stabilité», prévient-il avant d’ajouter que «des communautés congolaises entières en paient déjà le lourd tribut des guerres et des tensions qui les déchirent. Je condamne donc, avec la dernière énergie, tout acte et discours visant à semer le tribalisme et à inciter le peuple congolais au séparatisme».
Francis Kalombo, porte-voix de Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga en qui l’opinion en RDC voit l’acteur politique particulièrement visé par ce débat, a provoqué l’ire d’acteurs politiques du Kongo-Central en cassant maladroitement du sucre sur le dos du 1er président de la République Joseph Kasa-Vubu pour prouver que même un Congolais de père et de mère pouvait mal gérer le pays, comme si une mauvaise gestion présumée d’un Congolais de père et de mère constituait une justification suffisante pour confier les rênes du pouvoir suprême à des personnes à loyauté douteuse vis-à-vis de la nation.
L’allusion a énormément dérangé parmi les acteurs politiques du Kongo-Central, la province de Joseph Kasa-Vubu, qui y ont vu un outrage à l’endroit de ce père de l’indépendance qui, en dépit de ses bisbilles avec Patrice Lumumba, a laissé la réputation d’un honnête gestionnaire. Fabrice Puela, ministre des Droits humains, pourtant membre de Ensemble pour la République comme Francis Kalombo, n’a guère apprécié la saillie de ce dernier contre le leader de l’Abako et a enfourché aussitôt les trompettes de la dénonciation la plus véhémente sur les médias à ce sujet.
De l’huile sur le feu
Sur la même question, une intervention venue du du grand Katanga, signée par le Mwami des Bayeke n’a pas calmé la tempête. Bien au contraire. Ce chef traditionnel avait en effet affirmé que Moïse Katumbi Chapwe était congolais de par sa mère bien connue parmi ses sujets. Mais l’affaire a pris une toute autre tournure. Sur les réseaux sociaux particulièrement, où se sont multipliées des déclarations de nationalité prétendument analogues. Comme ce tweet attribué à un prétendu «Mwami de Luiza» (il n’en existe pas par-là, pourtant !), «pour prouver l’appartenance (d’un certain) M. Abed Achour Kalonji au territoire de Luiza dans le Kasaï Central ». Ou encore cet autre, qui présente un certain «Abed Musaada Haraka Achour Ndjundju, Vicomte-Archi-Duc de Kasongo», comme «un digne fils du Maniema». Une façon comme une autre de railler la position du Mwami des Bayeke en faveur de Katumbi.
Quant à Noël Tshiani, le professeur d’économie, ancien candidat à la présidentielle de 2018 et auteur de la proposition sous débat, poursuivait encore le week-end dernier sans désemparer sa campagne sur le verrouillage de l’accès à la fonction présidentielle qui n’a rien à voir avec la nationalité congolaise. «Des personnalités comme l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger et l’ancien de Californie Arnold Schwarze
negger auxquelles la maison blanche est restée hermétiquement fermée du fait de la constitution américaine n’en n’ont pas moins la nationalité américaine. Qu’on cesse de nous distraire», s’exclame ce professeur de droit constitutionnel de l’Université catholique de Kinshasa.
LE MAXIMUM