L’affairisme de certaines ONG internationales en Afrique commence à livrer ses secrets avec l’avalanche des affaires judiciaires opposant à Paris et à Kinshasa la banque camerounaise Afriland First Bank et Dan Gertler aux ONG Global Witness et Platform to protect whistleblowers in Africa (PPLAAF). Depuis la publication par ces deux dernières des révélations au vitriol contre l’homme d’affaires israélien Dan Gertler accusé de blanchiment d’argent en complicité avec la filiale congolaise d’Afriland First Bank pour contourner les sanctions américaines, c’est devant la justice désormais que les protagonistes de cette affaire ont décidé d’en découdre.
S’arrogeant le rôle de redresseur de torts, certaines ONG internationales ont difficile à cacher leurs accointances incestueuses avec les milieux mercantilistes qui les financent dans le but de gagner des parts de marché dans les secteurs minier, forestier et pétrolier notamment. Ces ONG et leurs rapports servent ainsi souvent de démineurs pour les intérêts particuliers des derniers mohicans de l’économie coloniale habitués à piller les ressources naturelles du continent noir en y entretenant la pauvreté, l’instabilité et le sous-développement.
La saga judiciaire engagée par Afriland First Bank et Dan Gertler contre les allégations de Global Witness et PPLAAF a fait tomber les masques de ces deux ONG.
William Bourdon, Sorros et Glencore
L’ONG PPLAAF créée en 2018 par le sulfureux avocat français William Bourdon semble s’être associée à la britannique Global Witness dans une stratégie d’enfumage visant à hypnotiser le public. Gaston Kelman décrit les méthodes mafieuses et machiavéliques de ce lanceur d’alertes qui ne s’embarrasse guère de morale et du droit pour tirer son épingle du jeu dans l’entreprise néocoloniale en Afrique. Dans un livre intitulé : «Le crépuscule d’un sherpa, les affaires africaines de William Bourdon», il explique notamment que Bourdon s’était naguère rapproché du défunt guide libyen Mouammar Kadhafi dont il avait couvert plusieurs affaires, à l’instar de la défense de Motassin Bilal “Hannibal” Kadhafi, fils du leader de la Jamahiriya, attrait en mai 2005 devant la 10ème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour violence conjugale. Avant de se faire une réputation de spécialiste des poursuites des biens mal acquis en Afrique, William Bourdon s’était aussi signalé en Mauritanie dans la défense du maffieux Mohamed Ould Bouamatou qui avait maille à partir avec le fisc de son pays.
Mais si le nom de cet avocat est associé au crime organisé en Afrique centrale, c’est en raison des révélations scabreuses faites par le mercenaire anglais Simmon Mann au cours du procès à Paris pour une tentative de coup d’État en 2004 contre le régime équato-guinéen d’Obiang Nguema. Comparaissant en 2017 à Paris, Mann avait révélé que l’avocat français William Bourdon et l’homme d’affaires américain Georges Sorros l’avaient chargé de renverser Obiang Nguema pour faire main basse sur les gisements pétroliers équato-guinéens.
On croit que, misant sur le changement de régime en RDC après l’élection présidentielle de fin 2018, Bourdon a créé au cours de la même année sa Plateforme pour la protection des lanceurs d’alertes en Afrique francophone (PPLAAF). Sa première cible sera Dubaï Port Word qu’il accusa sans la moindre preuve, de corruption dans l’attribution de la construction du port en eau profonde de Banana au Kongo-Central, un projet de plus d’un milliard USD. Au mois de mai de l’année dernière, soit deux mois avant la publication de son enquête “les sanctions, mine de rien” mettant en cause Dan Gertler et la banque camerounaise Afriland First Bank, William Bourdon a cherché à dissimuler des fonds irrégulièrement acquis en provenance des Emirats arabes unis. Venant d’un tel personnage, les rapports Global Witness – PPLAAF sont à prendre avec des pincettes.
Difficile de ne pas voir également derrière les gesticulations de ces deux ONG l’ombre du géant minier suisse Glencore dont Dan Gertler a toujours été un concurrent gênant en RDC. Arrivé tardivement dans ce pays après la réunification et la normalisation de la vie politique, Glencore y avait trouvé un secteur minier revigoré par des opérateurs comme Dan Gertler qui n’avaient pas hésité à se jeter à l’eau au plus fort de la crise politique congolaise, lorsque le 3ème président rd congolais Laurent-Désiré Kabila était empêtré dans la bien nommée ‘‘1ère guerre mondiale africaine’’.
Sortant les mines congolaises du bourbier à une époque où personne n’y croyait, Gertler a récemment décidé de partager les royalties de ses actifs miniers avec la population de ce pays à travers un projet innovant dénommé “Ya biso”. Un profil de créateur de richesses et de philanthrope qui tranchait avec l’image du patron de PPLAAF William Bourdon et de ses amis comme Georges Sorros dont on connaît la convoitise débordante pour les richesses du sous-sol congolais.
JBD