Lancé en 2014 et arrêté brusquement début 2017, juste après le départ de la primature de son initiateur, Augustin Matata Ponyo Mapon, le projet du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, érigé dans la province du Kwango à environ 250 km de la ville de Kinshasa, occupe toujours le devant de l’actualité. L’Inspection Générale des Finances (IGF) qui vient de boucler une enquête sur ce projet, a fait part d’un montant de 285 millions USD sortis du Trésor public dont une bonne partie, soit 205 millions USD seraient partis en fumée. Dans ses conclusions, l’IGF pointe du doigt l’ancien 1er ministre Augustin Matata Ponyo qu’elle présente comme responsable intellectuel de la débâcle du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. Qu’en est-il de tous les intervenants dans ce projet, dont les deux anciens 1er ministres qui ont succédé à Matata, à savoir Samy Badibanga Ntita et Bruno Tshibala Nzenzhe ? Sur ce point précis, l’IGF brille par un silence qui intrigue. De l’avis de son patron Jules Alingete, seul Matata Ponyo est le seul et unique responsable de cette déroute.
Les attaques répétées de l’IGF ont été telles que Matata a décidé de parler. Vendredi 12 février dernier, il a réuni la presse locale pour une séance de déballage à l’Hôtel Memling à Gombe. «Depuis que beaucoup parle de ce projet, je n’ai jamais tenu un point de presse parce que j’ai estimé que ce n’était pas nécessaire. Mais suite aux interventions qui ne traduisent pas la vérité, j’ai été obligé de parler. Le mensonge à force d’être répété risque d’être finalement pris pour vrai», a déclaré d’entrée de jeu Matata Ponyo qui n’a pas fait dans la dentelle. Sans détours, il a tiré à boulets rouges sur le PPRD, son parti, et le FCC, sa famille politique, qui, a-t-il soutenu, «n’ont cessé de me mettre les bâtons dans les roues pour freiner ma progression sur la scène politique. C’est encore eux qui sont derrière les sorties hasardeuses de l’IGF, alors que la vérité est ailleurs». Avant de jurer la main sur le cœur que le projet de Bukanga Lonzo a été saboté et condamné à mort pour des visées politiques pour lui en faire finalement porter le chapeau.
Et lorsque l’IGF se décharge complètement sur lui, Matata Ponyo ne décolère pas : «Il est nettement évident que la démarche de l’IGF est éminemment politique et politicienne». Quant à la débâcle de Bukanga Lonzo (terme inventé par l’IGF dans ses conclusions), Matata a invité l’opinion à se poser une série de questions: Quand est-ce que le projet a commencé à perdre de la vitesse ? Pourquoi le financement de ce projet s’est arrêté brusquement début 2017? D’où est partie la décision d’arrêter le projet? Pourquoi tout s’est arrêté avec le départ de Matata? A toutes ces questions, ce dernier ne s’est pas empêché de répondre : «Je pense que l’instruction a donc été donnée pour que dès mon départ de la Primature tout soit arrêté pour que j’en sois le seul responsable de l’échec. Dans ce dossier, l’IGF a choisi son camp, s’écartant de la vérité. On ne s’intéresse pas sur ce qui s’est passé après le départ de Matata de la Primature, tout est fait pour le couler ; La démarche de l’IGF est plutôt politique et politicienne. On est loin de l’Etat de droit prôné par le chef de l’Etat», s’est indigné l’ex-1er ministre qui s’inscrit dans le schéma d’un procès pour que la vérité éclate enfin au grand jour : «Je n’ai pas foi à ceux qui ont enquêté, parce que tout a été fait pour charger Matata. Je peux affirmer que je n’ai détourné aucun dollar américain, ni de près, ni de loin ; ni directement, ni indirectement. Et j’attends le meilleur inspecteur des finances ou le meilleur enquêteur pour me prouver le contraire», s’est-il défendu.
Selon lui, la démarche de l’IGF est biaisée sur toute la ligne. Ce qui se traduit par des sorties médiatiques intempestives de son patron : «L’IGF n’est plus cette grande muette, comme c’est le cas partout dans le monde. L’ensemble de ses accusations et les propos tenus dans ses différentes sorties médiatiques, en complicité avec certains hommes politiques, ne cadrent nullement avec la vérité des faits et encore moins avec l’Etat de droit. A tout prendre, je promets de ne plus supporter l’affront. Il est question de sauver ma réputation. De ce qui précède, je me réserve le droit de traduire l’IGF en justice pour accusations mensongères, diffamation et atteinte à la réputation à notre endroit», a conclu Matata.
HERMAN MALUTAMA