(Un témoignage de Lambert Mende)
Dans les bonnes pages de l’ouvrage ‘‘Dans l’oeil du cyclone. Congo-Kinshasa: les années rebelles 1997 -2003 revisitées’’, publié par Lambert Mende aux éditions L’Harmathan (Paris, 2008, p.36), nous avons retrouvé un extrait d’une correspondance de l’auteur à Mzee Laurent Désiré Kabila datée du 23 février 1998 se rapportant à la relégation d’Etienne Tshisekedi au Kasaï Oriental dont on a célébré hier le 4ème anniversaire de la mort : «(…) La mesure extrajudiciaire de relégation prise contre M. Tshisekedi en réponse à ses critiques suscite quelques doutes. Je ne partage pas les positions de M. Tshisekedi mais il faut le laisser les défendre librement, quitte à les confronter par un débat d’idées (…) Des mesures administratives qui font l’économie d’une procédure contradictoire me paraissent questionnables».
Interrogé à ce sujet, Mende estime que cette lettre a été à la base de détérioration de ses relations avec l’alors tout puissant ministre de l’Intérieur du tombeur de Mobutu, Gaëtan Kakudji qui lui proféra des menaces de mort, lesquelles justifièrent son départ du pays vers l’Ouganda puis son adhésion en 1999 à la rébellion du RCD/Goma. «Lorsque je me suis rabiboché avec Mzee, 4 mois avant son assassinat, j’ai eu l’occasion d’évoquer cette correspondance qu’il ne se souvenait pas avoir lue. Néanmoins, il était d’accord avec moi que trop de temps avait été perdu par les interférences de certains membres de son entourage qu’il qualifiait de troubadours et qu’il avait la plus grande considération pour M. Tshisekedi quelles que soient les divergences sur les voies et moyens de la lutte pour l’émancipation du Congo car, m’avait-il confié, Tshisekedi était un réformiste alors que lui (Mzee) était un révolutionnaire». CQFD : les deux monstres sacrés de la politique congolaise étaient donc plus proches qu’il n’y paraissait.
JM