Alors qu’il intervenait sur Top Congo, Muhindo Nzangi a laissé entendre que l’adhésion des députés katumbistes à la nouvelle dynamique de Fatshi est conditionnée par la prise en compte des cahiers de charges de cette plateforme politique. «Si le cahier des charges des groupes parlementaire proches de Moïse Katumbi ne sont pas pris en compte, je quitte l’Union Sacrée», a-t-il déclaré en dévoilant les frustrations des groupes parlementaires katumbistes qui accusent le président a.i. du parti présidentiel, Jean-Marc Kabund qui, selon lui, se comporte comme en terre conquise.
A l’en croire, Kabund se serait illustré par un activisme de nature à compromettre la cohésion au sein de l’Union Sacrée de la nation en entamant des négociations pour confier la primature et la présidence du Bureau de l’Assemblée nationale aux transhumés du FCC associés à l’AFDC/A, postes que les partisans de l’ancien gouverneur du Katanga ambitionnent ainsi qu’ils l’ont exprimé au président Félix Tshisekedi lors des consultations du mois de novembre dernier. Pour les katumbistes, le perchoir de l’Assemblée nationale devrait leur revenir pour faire passer les réformes électorales dont ils sont les précurseurs.
Mais au Palais de la nation, on assure que rien n’est encore décidé de manière formelle et que le chef de l’Etat qui tient à la réussite de sa nouvelle dynamique, devrait s’impliquer personnellement pour maintenir les équilibres et favoriser ainsi la cohésion dans la nouvelle coalition majoritaire à identifier dans les jours à venir à la chambre basse du parlement. «Seul le chef de l’Etat procédera aux arbitrages pour un partage équitable des responsabilités afin d’épargner au navire Union sacrée de la nation, un naufrage certain, avant même d’arriver au port d’accostage», a déclaré à ce sujet un membre du cabinet du président.
La guerre des
strapontins
Dans l’une des ses précédentes éditions du mois de décembre dernier, nos confrères du Forum des As notaient qu’«après son combat “gagné” de la nouvelle majorité parlementaire, Félix Tshisekedi est désormais face à la bataille de la gestion des ambitions» en attirant l’attention sur l’effervescence ambiante, l’enthousiasme excessif de certains acteurs politiques autour de cette Union sacrée de la nation, lequel ne traduisait pas forcément leur conviction et leur idéal. Bien au contraire. «Après la déchéance jeudi 10 décembre de l’ancien bureau de l’Assemblée nationale, si le poisson est toujours dans l’eau, il n’est pas évident qu’il soit toujours dans le filet», écrivait un chroniqueur du quotidien de Limete.
Les 281 députés nationaux qui avaient voté pour le départ de Jeanine Mabunda, par exemple, ne devaient pas être considérés au stade actuel de la situation politique, comme étant déjà et totalement acquis à la cause du chef de l’Etat, potentiel patron de la nouvelle coalition majoritaire à la chambre basse du parlement.
Instruit par l’expérience de l’histoire politique récente du pays, on peut estimer qu’après avoir participé à la déchéance de leur bureau, chaque groupe parlementaire attend désormais sa part du gâteau ou ses dividendes en termes de “butin de guerre”, en guise de récompense à leur engagement.
Le coup de gueule du député Muhindo Nzangi confirme cette analyse. Pire, les katumbistes ne sont pas les seuls mécontents. Dans ce bal de chauves suscité par la rupture entre le président Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila, il ne serait pas surprenant de voir rétropédaler d’autres acteurs politiques qui avaient pourtant adhéré à l’initiative de Fatshi de créer une nouvelle majorité parlementaire, pour refonder l’action gouvernementale.
Tout bien considéré, d’aucuns pensent, non sans raison, qu’après la chute du Bureau Mabunda, le plus dur reste encore à faire pour Félix Tshisekedi : la gestion des ambitions. Car, il lui sera difficile et même impossible, de récompenser tous ses nouveaux alliés (situationnistes?) dont la plupart ne jurent que par leur équation personnelle et non par l’intérêt supérieur de la Nation.
GK