Le cardinal Ambongo défend sa position du fait de l’incapacité du gouvernement à respecter ses engagements dans le cadre de la gratuité de l’enseignement. De plus, pour l’archevêque de Kinshasa, puisque l’Etat congolais n’est pas en mesure d’assurer aux enseignants un salaire décent, il est normal que les parents d’élèves puissent suppléer à ce devoir. «L’Eglise ne peut pas interdire aux parents de financer les études de leurs enfants. Ce n’est pas l’Eglise qui a demandé aux enseignants d’aller en grève», soutient-il.
En clair, l’Eglise catholique vient d’officialiser une pratique qui, depuis le début de l’année scolaire en cours, se faisait de manière discrète dans la plupart de grandes écoles conventionnées catholiques. Pour cette année scolaire, le montant exigé aux parents oscille entre 200 et 250 USD, soit l’équivalent de 400.000 et 500.000 FC, selon les écoles, à en croire des sources fiables qui affirment qu’aucun de ces montants n’a été imposé aux parents. Ils ont été fixés plutôt de commun accord avec les gestionnaires des écoles concernées, la motivation étant de sauver l’année scolaire 2020-2021 de perturbations qui résulteraient d’une grève sèche du personnel du secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST).
Pourtant il y a quelques semaines, l’Eglise catholique s’était farouchement opposée à la prise en charge des enseignants par les parents, considérée par tous comme facteur aggravant de la baisse de la qualité de l’enseignement au pays.
Ainsi, le cardinal croit justifier sa volte-face. Par engagements quant à la gratuité de l’enseignement, l’archevêque de Kinshasa évoque les frais de fonctionnement qui, selon lui, sont soit libérés avec un grand retard, soit ne sont pas du tout payés.
Ses propos font suite à sa déclaration de la semaine dernière, dans laquelle il dénonçait le non-paiement des enseignants. Malgré toutes les critiques parfois acerbes, allant jusqu’à l’accuser de vouloir torpiller la décision du président Félix Tshisekedi sur la gratuité de l’enseignement de base, le cardinal Fridolin Ambongo a promis de continuer à s’exprimer à temps et à contretemps sur les sujets d’actualité de la RDC. Notamment, la question de l’éducation qui semble être sa principale préoccupation.
A ce sujet, l’archevêque métropolitain souligne que l’Eglise catholique soutient la suppression de la prise en charge des frais scolaires par les parents. «Nous voulons une vraie gratuité qui ne va pas fragiliser le système éducatif et qui va payer correctement tous les enseignants. On ne veut plus entendre parler de nouvelles unités, des effacés, des mécanisés ou non mécanisés mais sans salaire. Il faut en terminer avec cela», insiste-t-il.
Des sources proches de la Coordination nationale des écoles conventionnées catholiques font savoir que l’absence de la prise en charge par les parents n’est pas compensée par l’État pour toute une partie des enseignants. «Pire encore, en milieu rural, les enseignants ont vu le maigre salaire prévu par la loi majoré de 25 USD contre 120 USD pour ceux des grandes villes», renseignent les mêmes sources.
«Les salaires versés aux enseignants, et nous insistons là-dessus, ne doivent pas être les 120.000 FC qu’on leur donne maintenant, mais ça doit être ce qu’ils reçoivent maintenant plus ce qu’ils recevaient de la contribution des parents pour pouvoir tenir le coup. Et à ce prix nous soutenons la gratuité», avait déclaré le cardinal sur RFI.
On rappelle que depuis le 12 octobre dernier, date de l’ouverture de l’année scolaire 2020-2021 en RDC, de plus en plus d’enseignants des écoles publiques sont en grève pour, notamment, exiger d’être pris en charge sur les listings de paie.
Plus de 100.000 d’entre eux attendent d’être payés par l’État, selon les chiffres avancés par le Syndicat des enseignants du Congo (SYECO) et n’ont reçu aucun salaire depuis la rentrée.
JM