Nul n’aurait imaginé que la descente aux enfers du «maître nageur» allait aussi prendre la forme d’un de ces scandales sexuels dont l’opinion publique congolaise est si friande. Il s’agit d’une vidéo d’une minute 43 secondes devenue virale sur les réseaux sociaux depuis le weekend dernier. Rien n’est dit sur les conditions de sa réalisation mais on y voit clairement le visage du président ad interim de l’UDPS s’extasiant en visioconférence avec une jeune dame dévêtue se caressant les parties intimes au frontispice droit de la vidéo. L’expression du visage de Jean-Marc Kabund sur la vidéo ne laisse aucune place au doute sur l’authenticité de cette vidéo qui fait les choux gras des internautes ces dernières 48 heures. Du côté de la 10ème rue Limete, les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour certains membres du secrétariat général du parti présidentiel, il y aurait pire que ça et que jusque là les linges sales de Jean-Marc Kabund ont toujours été «lavés en famille». L’on déplore à la 10ème rue Limete que les frasques de Kabund qui circulaient en circuit fermé dans les milieux de l’UDPS soient maintenant de notoriété publique. «C’est une façon de jeter l’opprobre sur l’œuvre du Dr. Étienne Tshisekedi», a fustigé un combattant qui estime que «des enquêtes sérieuses doivent être menées pour connaître la personne qui a diffusé cette sextape sur les réseaux sociaux et l’expulser du parti. En croyant nuire à la réputation de Kabund, celui qui a diffusé la vidéo a oublié que ce dernier préside toujours aux destinées du parti. C’est du pain béni pour nos adversaires politiques qui ne manqueront pas de saisir la balle au bond pour traîner le parti au pouvoir dans la boue», a-t-il conclu.
Le signe indien
Il n’était déjà plus en odeur de sainteté ni dans certains cercles de l’UDPS dont le président Félix Tshisekedi lui avait confié les rênes au lendemain de son élection à la magistrature suprême fin décembre 2018 ni parmi ses pairs du FCC avec lequel le chef de l’Etat a résolu de convoler en justes noces politiques faute de réunir autour de lui une majorité parlementaire pouvant lui permettre de gouverner seul le pays. Mais le président ad intérim de l’UDPS, le député national Jean-Marc Kabund-a-Kabund avait gardé l’oreille – et la confiance – de Félix Tshisekedi qui avait toujours tranché en sa faveur dans plusieurs incidents jalonnant son parcours.
La nouvelle controverse dans laquelle il se trouve empêtré constitue une épreuve de plus pour le 5ème président de la RDC. Jadis distributeur de postes et des honneurs pour le compte du parti présidentiel, Kabund a commencé à perdre son aura lorsque, à la surprise générale, il a été retiré par Fatshi de la short list des mandataires plénipotentiaires de la plateforme CACH au comité de suivi de l’accord de la coalition FCC-CACH. Le président de la République lui a, en la circonstance, préféré le juriste Peter Kazadi qui avait constitué avec d’autres tshisekedistes comme Paul Tshilumbu, Jacquemin Shabani, Tshilumbayi et autres Wakwenda une fronde ouverte contre les abus du pouvoir de celui qu’on a baptisé «maître nageur» depuis qu’il s’était permis dans une célèbre esbroufe promis à Joseph Kabila et ses partisans du FCC de les envoyer en exil en passant par le fleuve, ce qui avait mis à mal la très fragile coalition majoritaire qui incarne à ce jour l’exception dont s’enorgueillissent la plupart des Congolais après l’alternance pacifique de fin 2018.
Sur la liste des frasques reprochées au président a.i. de l’UDPS, ses pourfendeurs épinglent notamment une concentration des pouvoirs révélée par le mépris qu’il a affiché ouvertement vis-à-vis de l’exigence statutaire d’un triumvirat en cas d’empêchement du président du parti qui exerce depuis les fonctions de président de la République constitutionnellement incompatibles avec celles de responsable d’un parti politique. Brandissant sa lettre d’interim signée de Félix Tshisekedi lui-même- certainement dans la précipitation un jour avant son investiture – Kabund a laissé entendre d’un air triomphaliste qu’il présiderait aux destinées de l’UDPS «jusqu’à la fin de l’empêchement constitutionnel du chef de l’État», c’est-à-dire après épuisement de son bail au Palais de la nation.
Selon un membre du gouvernement issu des rangs de l’UDPS qui s’est exprimé sous le sceau de l’anonymat, «plusieurs signaux comme le fait de n’avoir pas figuré parmi les députés UDPS reçus dernièrement par le chef de l’Etat à la Cité de l’Union africaine devraient pourtant montrer à Jean-Marc Kabund qu’il est sur une pente glissante. Seul son ego surdimensionné lui fait croire qu’il jouit encore de la confiance pleine et entière du président qui est l’autorité morale indéniable du parti. Il semble en outre sourd et aveugle devant d’autres signaux comme la proximité de plus en plus affichée du chef avec ses adversaires les plus farouches comme on l’a vu au mariage de Paul Tshilumbu ou à Goma et Masisi avec Jacquemin Shabani, etc. A l’évidence la place de Kabund apparaît de plus en plus ténue. Sa place dans les projets du président se réduit de plus en plus à la portion congrue. D’aucuns ne lui pardonnent pas d’avoir occasionné, sous son mandat à la tête du parti, des morts dans les rangs de l’UDPS au cours de manifestations publiques qui lui avaient été pourtant fortement déconseillées». Le même cadre du parti présidentiel aligne parmi les torts reprochés à cet élu de l’UDPS d’avoir fait perdre par ses maladresses au parti présidentiel le strapontin de N°2 au bureau de l’Assemblée nationale puis de s’être opposé farouchement à son remplacement à ce poste sensible par une collègue, Patricia Nseya, députée nationale de Likasi sur laquelle Fatshi avait jeté son dévolu. La liste de délits de lèse-majesté dont se serait rendu coupable Kabund est longue.
C’est dire que la saga de la mise à l’écart progressive de Kabund par Fatshi ne serait qu’une conséquence logique de plusieurs secrets d’alcôve encore insoupçonnés du grand public. L’avenir nous en dira plus.
JBD