La désignation de Ronsard Malonda comme futur président de la CENI a montré que mêmes les chefs des confessions religieuses ne sont pas au-dessus de tout soupçon de parti-pris politiciens et communautaires ou régionalo-tribalistes. La déception de beaucoup de Congolais est proportionnelle à la confiance qu’on faisait aux pères de l’Eglise. On pensait que si notre société est totalement pourrie, les confessions religieuses pouvaient encore constituer un havre de vertus et aider à relever moralement la conscience nationale. Mais le processus de désignation du patron de la centrale électorale a montré le contraire.
La décision du président de la République de ne pas investir Ronsard Malonda en qualité de président de la CENI donne aux chefs des confessions religieuses l’opportunité de se racheter si elles en ont encore la capacité.
Il est important de reconnaître que c’est surtout à cause de leur incapacité à dégager un consensus minimal entre elles et des discriminations qui ont émaillé le processus de désignation de Malonda qu’il y a eu des morts, des blessés, des biens publics et privés vandalisés dans la ville de Kinshasa. Tout ceci pouvait être évité si ceux qui se targuent d’être les «père spirituels» de la nation par ailleurs détenteurs d’une «mission prophétique» avaient été plus attentifs aux Intérêts Nationaux qu’aux leurs propres et aux oukases de leurs maîtres à penser étrangers, lesquels les ont poussés à se concerter pendant de longues séances puis de faire volte-face seulement devant l’évidence que les choix qui étaient les leurs ne rencontraient pas l’assentiment de leurs pairs et de revendiquer subséquemment «d’abord des réformes de la CENI et de la loi électorale avant d’entamer le processus de sélection des dirigeants de la centrale électorale».
Peut-être faut-il dans les réformes envisagées de la loi électorale et de la loi sur la CENI, retirer à ces églises une responsabilité qu’elles n’ont jamais réussi à mener à bonne fin depuis 2006. Du reste, le fait de réserver aux 8 confessions religieuses la direction des élections est injuste et discriminatoire. Tout bien considéré, elle constitue une violation flagrante de l’article 13 de la Constitution qui stipule qu’«aucun Congolais ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune autre matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire…, en raison de sa religion, de son origine familiale…de son appartenance à une ethnie, à une tribu…»
De nouveaux critères objectifs et plus inclusifs devraient être prévus pour permettre à tout Congolais qui en a la capacité de diriger la CENI. A ce sujet, de plus en plus des voix s’élèvent pour recommander que l’administration publique (Gouvernement à travers le ministère de l’Intérieur et celui de la Justice ou des Réformes institutionnelles, Office nationale de l’Identification des nationaux) puisse être chargée de cette tâche à l’instar de ce qui se fait dans la plupart des autres pays. Les confessions religieuses pourraient à la rigueur l’assister en qualité de témoins de bonne foi et de l’intégrité du processus.
H.O.
TRIBUNE : Les confessions religieuses doivent se racheter et se déconnecter de la politique politicienne
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