Du 8 au 18 mars 2020 la RDC a enregistré 14 cas confirmés de patients atteints de Coronavirus à Kinshasa, ce qui a poussé le président de la République Félix Tshisekedi à annoncer mercredi en soirée de strictes mesures préventives pour limiter la propagation de la pandémie. Le chef de l’Etat a décidé de :
1. suspendre, jusqu’à nouvel ordre, dès vendredi 20 mars 2020, tous les vols en provenance des pays à risque et des pays de transit. Seuls les avions et navires cargos et autres moyens de transport frets pourront accéder au territoire national ;
2. reporter les voyages à destination de la RDC de tous les passagers résidant dans les pays à risque jusqu’à nouvel ordre ;
3. imposer à tous les passagers, à leur arrivée aux frontières nationales, de remplir une fiche de renseignements et se soumettre sans exception au lavage des mains et au prélèvement de la température ;
4. mettre en quarantaine (14 jours) toute personne suspectée de porter le virus à l’issue du test, pour un examen approfondi et au besoin d’interner, dans les hôpitaux prévus à cet effet, les personnes qui seront testées positives ;
5. doter tous les postes d’entrée maritime, fluviale, lacustre et terrestre du pays d’un dispositif de surveillance pour le contrôle des passagers en provenance de l’étranger ;
6. soumettre systématiquement les personnes en partance de Kinshasa vers l’intérieur aux mesures de contrôle pour éviter la propagation de la maladie;
7. interdire tout rassemblement ou réunion de plus de 20 personnes en lieux publics hors du domicile familial ;
8. fermer les écoles, universités, instituts supérieurs officiels et privés sur l’ensemble du territoire national dès jeudi 19 mars 2020 pour 4 semaines ;
9. suspendre tous les cultes (religieux) pour 4 semaines dès jeudi 19 mars 2020 ;
10. suspendre les activités sportives dans les stades et autres lieux de regroupement sportif jusqu’à nouvel ordre;
11. fermer les discothèques, bars, cafés, terrasses et restaurants jusqu’à nouvel ordre;
12. interdire l’organisation des deuils en salles ou à domicile. Les dépouilles mortelles seront conduites directement de la morgue jusqu’au cimetière avec un nombre restreint d’accompagnateurs;
13. prendre en charge aux frais du gouvernement tous les cas testés positifs sur l’ensemble du territoire.
L’épidémie de Coronavirus ne cesse de progresser dans le monde, notamment en France, en Italie, en Espagne… Qualifiée de “pandémie” par l’OMS, elle touche désormais 157 pays dans le monde (sur 198), plus de 212.000 personnes et a fait plus de 8 700 décès.
C’est quoi le Coronavirus ?
En décembre 2019, un virus très contagieux avait fait son apparition en Chine : c’est le coronavirus Covid-19. C’est une espèce de virus invisible à l’œil nu. Au microscope, il a forme d’une petite couronne, d’où son nom. Il attaque surtout le nez et les poumons et peut donner un simple rhume… ou des maladies très graves.
Comment l’attrape-t-on ?
Le Covid-19 se transmet par les airs. Quand un malade tousse ou éternue, il peut contaminer ceux qui sont autour de lui. On peut aussi l’attraper en touchant la main d’un malade qui vient de se moucher. Le virus est très contagieux. C’est le cas de celui qui est apparu en Chine, début 2020, à Wuhan. En quelques semaines, il a contaminé des milliers de Chinois, et causé la mort de plusieurs d’entre eux. Pour limiter la contagion, les autorités chinoises avaient obligé la population à porter un masque en tissu. Des scientifiques pensent que ce nouveau coronavirus serait venu d’une chauve-souris, qui l’aurait ensuite transmis à un autre animal qui a pu se retrouver sur les étals des marchés et contaminer des humains. Le coronavirus apparu en Chine est grave. C’est pourquoi les pays du monde entier se sont mis en alerte pour protéger leurs populations. En isolant les malades et en surveillant la santé de ceux qui les ont approchés. C’est le meilleur moyen d’éviter l’épidémie !
Conséquences sur l’économie congolaise
Au cours d’une conférence de presse, le gouverneur de la BCC Déogratias Mutombo a alerté sur le risque d’une baisse drastique des recettes publiques issues des exportations à cause de la persistance du Covid-19 en Chine, premier partenaire économique de la RDC. « Nous devons craindre l’épidémie de Coronavirus qui sévit en Chine, parce que la Chine est notre premier partenaire économique. C’est une épidémie qui a déjà touché d’autres pays du continent asiatique et même en dehors de l’Asie. On dénombre déjà plus de 31.000 personnes atteintes de cette maladie et plus de 630 décès», a déclaré le patron de la BCC. Si cette épidémie perdure en Chine, pense Mutombo, cela aura un impact sur l’économie de la RDC qui est dépendante principalement de ses exportations de produits miniers dont la Chine est le premier acheteur.
Et d’expliquer : «Il est vrai que si cette épidémie perdure et si on ne trouve pas de vaccin, il va induire le ralentissement économique en Chine et donc sa croissance économique. Or, la Chine est notre premier partenaire économique. Ça inquiète. Cela peut affecter l’activité économique en RDC ainsi que sa croissance Des exportations en danger». En 2018, la RDC a exporté pour 5,8 milliards USD vers la Chine et importé pour 2,7 milliards USD. « Mais, si cette épidémie perdure, le virus se contamine très facilement et cela dissuade les gens à être ensemble, surtout à travailler ensemble dans les usines, dans les supers marchés. Indubitablement, cela va ralentir l’activité économique en Chine. Et la baisse de l’activité économique va induire la baisse de la demande surtout extérieure parce que la Chine importe nos matières premières pour les transformer. Conséquence : nos exportations vont baisser, nos recettes d’exportation vont baisser, le solde de notre balance commerciale peut conduire à un déficit extérieur », a renchéri Déogratias Mutombo.
A son avis, c’est une situation qui doit interpeller le gouvernement qui pourrait être confronté à une baisse des ressources financières.
« La baisse des recettes extérieures va induire la baisse des recettes publiques au titre de la fiscalité en RDC. Ce qui risque d’aggraver le déficit des finances publiques et nous mettre dans une situation de déficit intérieur et extérieur. Et là, les pressions sur le marché des biens et services ainsi que le marché des changes qui risquent de devenir plus forte. Avec ces pressions, l’activité intérieure va baisser et la croissance risque également de baisser. Cela doit nous interpeller, nous qui avons des économies dépendantes des cours des quelques produits de base et qui ne diversifions pas notre économie », a alerté le gouverneur de la BCC. Potentielle victime des effets du Coronavirus, la RDC devrait contribuer aux travaux de recherche pour la découverte du vaccin, estime le numéro 1 de l’institut d’émission: «Pour le moment, ce que nous devons faire, c’est contribuer à soutenir la communauté scientifique qui travaille pour trouver le vaccin. La Guinée équatoriale a donné 1,8 million d’euros. C’est quelque chose parce que ce vaccin sera utilisé à l’échelle planétaire. On peut le faire aussi », a-t-il plaidé. Sur le plan mondial, les bourses dégringolent, les entreprises ferment, les gens se confinent et le moteur économique qu’est la consommation dans les pays développés est à l’arrêt. Le risque sanitaire est maximal et le tribut économique payé par le monde au Covid-19 est colossal. Tout s’est arrêté puisqu’il faut stopper la vie urbaine pour ne pas risquer la mort mais cette sidération entraîne le même phénomène dans des activités plus immatérielles : moins d’investissements, arrêt des fusions-acquisitions, etc. Cette équation met en péril tout l’échafaudage de l’économie et de la finance mondiale et, chose inimaginable il y a encore quelques mois, des gouvernements libéraux changent complètement de discours. En Belgique, le ministre fédéral du budget a déclaré que la santé primait sur l’économie. En France, le Covid-19 a fait suspendre la réforme des retraites plus facilement que des semaines de grèves et de manifestations. Les experts de la lutte contre le changement climatique, de la protection de l’environnement ou des inégalités sociales ont tous le même discours : le Covid-19 n’est que la première crise de cette ampleur et elle nous permet de constater l’absence totale de résilience de notre économie à ce choc sanitaire.
La théorie du Complot
Avec le coronavirus, plusieurs gouvernements et dirigeants politiques se vautrent dans le complotisme. Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a laissé entendre sur Twitter que le virus pourrait avoir été introduit… par l’armée américaine. « Les États-Unis doivent être transparents ! Et doivent publier leurs données ! Les États-Unis nous doivent une explication », a lancé Zhao Lijia en tweetant deux liens vers des articles du site internet Global Research, connu pour diffuser des thèses conspirationnistes. Le président du Sénat philippin estime lui aussi que l’épidémie a été créée par la CIA, Bill Gates et George Soros, pour affaiblir la Chine. Du côté des USA, les Républicains estiment que ce sont les Démocrates et les médias qui veulent que le virus se répande : « Ils veulent que ça empire, ils veulent des villes en quarantaine, ils veulent une crise nationale pour une seule raison» pour une seule raison : faire perdre Trump en novembre 2020. Washington a convoqué vendredi dernier l’ambassadeur de Chine après qu’un responsable chinois a relayé une théorie du complot selon laquelle l’armée américaine pourrait avoir introduit le nouveau coronavirus à Wuhan, d’où est partie l’épidémie. «Propager des théories du complot est dangereux et ridicule. Nous avons voulu avertir le gouvernement (chinois) que nous ne le tolérerons pas, pour le bien du peuple chinois et celui du monde», a indiqué un responsable du département d’Etat.« La Chine cherche à détourner les critiques sur son rôle au début de cette pandémie mondiale, sans informer le monde », a-t-il ajouté. Interrogé à ce sujet, Donald Trump assure que la première phase d’un accord commercial crucial entre les Etats-Unis et la Chine ne pâtirait pas de ces rumeurs. « Ils savent d’où vient le virus», a-t-il dit, en balayant la thèse de Zhao. L ‘avenir nous en dira plus!
A.M