La mise en œuvre effective de la gratuité de l’enseignement fondamental, programme phare du président Félix Tshisekedi par le gouvernement Ilunkamba depuis le début du quinquennat est questionnée avec scepticisme par le député national UDPS-T/CACH, Tony Mwaba, qui accuse carrément le ministre PPRD/FCC Willy Bakonga en charge de l’EPST de détournement de fonds par le gonflement des effectifs fictifs dans les rangs du personnel au sein du Service de contrôle de la paie des enseignants (SECOPE).
Ces accusations obéissant pour le moins à une certaine logique de ping-pong caractérisée par de nombreux coups bas des détracteurs de la coalition FCC-CACH qui se recrutent particulièrement au sein de celle-ci tiennent surtout à l’enjeu du milliard USD annoncé par les institutions de Bretton Woods pour financer le programme. Les soupçons jetés par Tony Mwaba sur le ministre de l’EPST se sont traduits lundi 2 mars par une plainte en bonne et due forme devant la Cour de cassation contre le ministre précité alors que la pratique parlementaire en la matière aurait voulu qu’à la suite d’une question orale ou écrite d’un élu, le ministre s’explique préalablement devant la représentation nationale. Ce n’est que faute pour lui de convaincre cette dernière que la plénière peut le déchoir et le mettre à la disposition de la justice. Mais qu’à cela ne tienne, réagissant aux dénonciations du député Tony Mwaba, des leaders syndicaux du secteur de l’enseignement estiment que l’élu UDPS de la Lukunga ne maîtrise pas les rouages du processus de la paie des enseignants et du fonctionnement du ministère de l’EPST. «Son attaque inconsidérée contre le ministre risque seulement de faire douter les partenaires qui s’étaient engagés à soutenir cette réforme particulièrement la Banque Mondiale qui s’apprête à financer à hauteur d’un milliard USD la gratuité de l’enseignement», ont-ils déclaré. S’agissant des présumés agents fictifs qui auraient été alignés dans des écoles dont l’élu ne donne aucune liste, les syndicalistes expliquent qu’en réalité, « le processus d’identification des enseignants et écoles ‘’nouvelles unités’’ (NU) est encore en cours et les conclusions seront validées par une commission mixte constituée de délégués de la présidence, du Budget, de la Fonction Publique, des Finances, des syndicats de l’EPST et des parents. On ne comprend pas comment l’honorable Tony Mwaba soutient que des listes en cours d’élaboration sont déjà mécanisées». Ils ajoutent que « le ministère de l’EPST ne paie pas les enseignants mais s’attèle à la préparation des éléments de la paie après leur recrutement par les gestionnaires d’écoles. Parler de détournements de la paie des NU non encore payées est une aberration intellectuelle. Le pire est que cette démarche risque de semer des grains de sables, dans le processus salutaire de la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire tant apprécié par la population ».
Tony Mwaba,
une taupe ?
Un des programmes les plus emblématiques de l’ère Tshisekedi, la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement de base a eu à mériter les félicitations de la très réfractaire Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) lors de sa déclaration du 2 mars courant. Rien ne justifie la grogne du député national Mwaba à l’égard du membre du gouvernement en charge de sa matérialisation effective. Elle ne peut du reste que desservir le chef de l’État rd congolais. Christelle Kahij Yav qui s’exprimait sur Twitter fait observer à ce sujet qu’«un député UDPS-Tshisekedi vient de poignarder Fatshi dans le dos dans le cadre du programme de la gratuité de l’enseignement. Manipulé par un haut cadre de ce parti et un ancien ministre de l’EPST, il est sur le point de faire bloquer le financement de la Banque Mondiale ». La gratuité de l’enseignement de base reste le seul projet d’inspiration congolaise en passe de bénéficier du financement de la Banque Mondiale pour une hauteur d’un milliard USD. On comprend bien qu’une certaine racaille politique s’évertue à discréditer Willy Bakonga dans l’espoir d’obtenir peut être son remplacement au gouvernement. L’enjeu étant la possibilité de faire main basse sur tout ou partie du pactole à allouer à ce programme.
Un spécialiste des questions de coopération internationale consulté par nos rédactions signale que la mise à disposition de l’appui des institutions de Bretton Woods au programme de la gratuité de l’enseignement reste encore conditionnée par une série de préalables que le gouvernement s’efforce laborieusement de rencontrer. « Il est prématuré de penser que c’est chose acquise au regard des expériences que nous avons connues aussi bien avec le FMI qu’avec la Banque Mondiale à cet égard », a-t-il signalé. Quoiqu’il en soit, le moment est arrivé pour le président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi, d’ouvrir l’œil et le bon pour contrer ceux qui même dans son propre parti politique s’activent à saper son action quitte à sacrifier tout un peuple au nom d’intérêts individuels.
A.M