” Le contrat de prêt entre la Gécamines et Fleurette Mumi, a bel et bien existé et le transfert de 128 millions d’Euros a été effectué », affirme désormais le volubile président de l’Association congolaise d’accès à la justice (ACAJ) à l’origine de l’affaire dite du détournement de 200 millions USD et de blanchiment de capitaux qui a valu des ennuis à la haute direction du principal opérateur public minier de la RDC. Georges Kapiamba qui étale piteusement ses limites de «lanceur d’alertes» dit être arrivé à cette conclusion définitive « après vérification objective des documents en ma possession». Il affirme qu’ «il apparaît clairement que la hiérarchie de la Gécamines avait bien sollicité et obtenu de la part de son partenaire Fleurette Mumi plusieurs interventions financières pour le financement de ses nombreux projets dont la somme de 128 millions d’Euros dans le cadre d’une ligne de prêt sans garantie de 200 millions d’Euros ». Cette mise au point qui rejoint mot à mot les multiples dénégations des responsables de la Gécamines au sujet des allégations antérieures de l’avocat dédouane ainsi les dirigeants de la géante entreprise minière rd congolaise et leur partenaire Dan Gertler propriétaire de Ventora (nouvelle dénomination de Fleurette Mumi Holdings) des accusations infamantes qui pesaient sur eux. On rappelle que les dénonciations claironnées auparavant de manière tonitruante et répétitive sur divers médias nationaux et étrangers ainsi que dans les réseaux sociaux par Georges Kapiamba avaient conduit les autorités judiciaires congolaises à ouvrir une enquête à charge contre des responsables de la Gécamines sur injonction des hautes autorités de l’Etat rd congolais, unique actionnaire de la Gécamines.
Le contrat de prêt existe
C’est en date du 26 décembre 2019 que le numéro 1 de l’ACAJ avait alerté l’opinion publique au sujet de ce dossier qu’il avait qualifié expressis verbis et sans la moindre nuance de « cas flagrant de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux » bien qu’il reconnaissait lui-même n’avoir pas eu accès aux données y relatives de la part de certains protagonistes comme la Gécamines ou la banque congolaise Rawbank. Ces révélations avaient provoqué une forte clameur publique justifiant que des poursuites soient entamées contre les principaux administrateurs de la société. Selon l’ACAJ, la Gécamines a « effectivement obtenu un prêt de 128 millions d’Euros, sur une ligne de crédit de 200 millions suivant un accord signé le 02 octobre 2017, par Alain Mukonda, de Fleurette Mumi Limited et Jacques Kamenga Tshimuanga, directeur général de la Gécamines. Les deux parties avaient convenu que ce prêt devait être remboursé à l’échéance du 4 avril 2018 assortis de 3.003.016,19 euros au titre d’intérêts au taux libor 30 jours plus 5% l’an », selon les propos du lanceur d’alertes.
Des fonds prêtés à la Gécamines
Kapiamba complète ses aveux en précisant que «le 4 octobre 2017, sur demande écrite de la Gécamines datée du 2 octobre 2017, Fleurette Mumi a transféré à la Gécamines la somme de 128 millions d’Euros. Cette somme a été viré sur le compte N° 05101-01002300022-05/EUR ouvert le 02 octobre 2017 sous l’intitulé ‘’Gécamines Développement’’ auprès de la RawBank ». Ainsi que nous l’avions indiqué dans nos précédentes livraisons, le litige entre les deux partenaires était né du refus de la Gécamines de rembourser l’argent dû à la société Ventora pour la simple raison que Dan Gertler de même que ses sociétés (Fleurette Mumi et Ventora) sont sous sanctions de l’Office of assets control (OFAC) du département du Trésor américain au risque de faire les frais des représailles de la première puissance financière mondiale. Depuis fin 2019, ce dossier défraie la chronique, certains comme Me Kapiamba ayant carrément affirmé ‘urbi et orbi’ que ce prêt n’avait jamais existé. Aujourd’hui, le président de l’ACAJ estime que la société Ventora était « parmi les bons élèves qui ont facilité la transparence des enquêtes », sans donner une quelconque indication ni sur l’instance avec laquelle Ventora aurait si bien collaboré, ni sur les sources légales des pouvoirs dont son ONG se prévaut pour entendre les auteurs de tels délits et encore moins sur l’attitude des autres protagonistes de ce dossier que sont la Gécamines, son conseil d’administration et son comité de gestion. « En fait, Kapiamba parle des enquêtes minutieuses qu’aurait menées à ce sujet son ACAJ, une structure privée de défense des droits de l’homme alors qu’à notre sens, seul le parquet est attitré pour mener des enquêtes sur des faits réputés répréhensibles en RDC», a rétorqué à cet égard un officiel de la Gécamines. Qui s’étonne que le juriste n’ait pas au minimum présenté des excuses à cette entreprise nationale et à ses préposés qu’il a livrés naguère à la vindicte populaire. Le patron de l’ACAJ s’est contenté de rétropédaler en affirmant que « les éléments fournis par Ventora établissent que la Gécamines avait effectivement obtenu un prêt de 128 millions d’Euros et qu’il y a eu effectivité d’un transfert du montant de 128 millions d’Euros à la Gécamines, ainsi que l’attestent les documents qui (nous) sont parvenus, notamment le virement effectif sur le compte n° 05101-01002300022-05/EUR ouvert le 02 octobre 2017 sous l’intitulé : « Gécamines Développement » auprès de la Raw Bank et le Swift du transfert en faveur de la Gécamines émis par la banque Unicredit Group en date du 4 octobre 2017 en référence à l’accord de prêt du 2 octobre 2017, créditant le compte de la Gécamines à la Raw Bank dudit montant en passant par la banque ING à Bruxelles ainsi que la lettre n° DJ/H8/HU/n° 04 du 06 janvier 2020 adressée à la Gécamines, de la Rawbank soutenant avoir débité le 26 octobre 2017 la banque correspondante ING de cette somme pour le compte Gécamines ».
J.N