Les 16 et 17 janvier 2020, la RDC se souvient avec émotion de l’assassinat de Patrice Lumumba (1961) et de Mzee Laurent-Désiré Kabila (2001). Deux crimes qui n’ont pas effacé la pertinence des idées émancipatrices de ces dignes fils de la RDC, loin s’en faut car elle s’est imposée même à ceux qui avaient collaboré à leurs mises à mort tout au long des années qui ont suivi celles-ci. Mais le scénario risque de se répéter du fait de l’ambivalence frisant la la schizophrénie de certaines élites congolaises face au schéma de déconstruction de ce pour quoi ces leaders révérés, proclamés Héros Nationaux, avaient consenti le sacrifice suprême tout en se prosternant chaque 16 et 17 janvier dans d’émouvantes cérémonies mémorielles en leur hommage…
Cette attitude est consécutive à la tendance de quelques acteurs majeurs en Occident qui, à l’instar du roi des Belges Léopold II en 1885, s’évertuent à étrenner leur « expertise » des affaires congolaises auprès des décideurs du monde ‘’global’’. D’où leurs chahuts de la coalition FCC-CACH entre le nouveau président de la RDC Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila, vainqueur des législatives; une initiative de bon sens mais qui surprend et gêne bien de suprématistes occidentaux habitués à voir les « sauvages » Congolais s’entredéchirer furieusement et à intervenir pour « préserver la paix » . C’est une entreprise idéologique de dépossession des Congolais par quelques partenaires extérieurs nostalgiques d’un passé révolu pris de vertige face à la perspective de leur décadence inscrite dans l’émergence de puissances rivales comme la Chine. La peur de l’autre…
Les Congolais auraient tort de se laisser embourber dans un mimétisme conformiste et de continuer à s’abreuver aux mamelles toxiques de tels ‘‘modèles’’ qui leur inoculent quotidiennement l’idée qu’ils ne peuvent survivre qu’en sacrifiant leur souveraineté. La postérité les jugera sans aucune circonstance atténuante car la traite négrière, la terreur coloniale, la dictature néocoloniale de la deuxième République et la « première guerre mondiale africaine » des années ‘90 sont le fait d’une stratégie des mêmes suprématistes. La RDC n’a rien à attendre d’eux car ils n’ont ni la capacité, ni la volonté de restituer tout ce qu’ils ont ponctionné au Congo depuis 1885. Pire, ils n’ont pas ce dont ce pays a besoin pour se développer. Seule alternative pour les Congolais : exercer pleinement leur souveraineté et s’impliquer intelligemment dans de nouveaux partenariats et des mécanismes de coopération gagnant-gagnant.
Le Maximum