Maintes fois reporté depuis mai dernier, tout au moins pour sa nord-kivutienne, le safari de l’ancien gouverneur de l’ex Katanga, patron du G7 et de l’Ensemble pour le Changement sera lancé ce samedi 26 octobre 2019. Moïse Katumbi Chapwe est attendu à Goma où il devrait, ainsi qu’il était prévu il y a plusieurs mois tenir un meeting de remerciement des populations pour le soutien apporté à ses initiatives politiques. Cette fois-ci, le rendez-vous semble pouvoir tenir. Samedi dernier, le site officiel de l’Ensemble pour le Changement a non seulement livré l’information mais également annoncé que l’autorisation d’atterrir au chef-lieu de la province du Nord-Kivu, qui avait fait défaut en mai dernier, a été accordée au chairman du TP Mazembe de Lubumbashi. Après une tournée dans certaines villes de l’ex Katanga, cet acteur politique qui n’a jamais réellement renoncé à ses ambitions de présidentiable en RDC trouve l’occasion de se déployer dans une région acquise aux thèses de l’opposition jusqu’aux dernières élections en RDC. Mais depuis la proclamation des résultats de la présidentielle et des législatives nationales et provinciales, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Et l’ancienne plateforme Lamuka, reconvertie en coalition politique pour s’adapter aux réalités du moment et à venir, n’a plus de coalition que le terme. Dans la réalité, le groupe se scinde immanquablement en deux fractions géographiques et idéologiques. En tête de Lamuka Est, Moïse Katumbi et ses plateformes Lamuka (G7, AMK, AR …), amplement représentées au parlement prônent une opposition républicaine qui leur offre la possibilité d’occuper le stratégique et prestigieux poste de porte-parole de l’opposition. Tandis que Martin Fayulu, Adolphe Muzito et dans une certaine mesure Jean-Pierre Bemba optent résolument pour une opposition non-républicaine qui ne reconnaît pas (ou prétend ne pas reconnaître) les institutions issues des dernières élections. Le Safari de Moïse Katumbi à Goma et Butembo où il est attendu dès lundi prochain survient, curieusement, au beau milieu de la polémique autour de la désignation du porte-parole de l’opposition politique. Elle oppose … katumbistes et fayulistes, les premiers estimant que la fonction constitutionnelle (c’est l’équivalent protocolaire d’un vice-ministre) qui offre une visibilité et des facilités politiques particulières à son détenteur, doit revenir à l’ancien gouverneur de l’ex Katanga dont le poids politique au parlement (quelques 69 élus nationaux à l’Assemblée nationale et des sénateurs) est supérieur à tous les autres regroupements de l’opposition ; et les seconds, qu’il n’y a pas lieu d’accepter le poste pour ne pas contrecarrer les revendications présidentielles de Martin Fayulu, le candidat malheureux pour le compte de Lamuka à la présidentielle 2018. Même s’il ne s’est pas encore prononcé officiellement sur la question de la désignation du porte-parole de l’opposition en RDC, Moïse Katumbi se voit précédé à Goma et à Butembo par la proposition de sa candidature à cette fonction par au moins une des plateformes politiques dont il est le vrai patron, Alternance pour la République (AR) en l’occurrence. Mais également par le soutien de membres influents des autres plateformes de son obédience, dont le G7 Gabriel Kyungu wa Kumwanza : « Le leader de l’opposition qui a beaucoup de sièges à l’assemblée nationale au sein de l’opposition, c’est Moïse Katumbi. Il est de l’opposition républicaine », a-t-il dernièrement déclaré sur les antennes de Top Congo FM pour justifier les prétentions de Katumbi au poste de porte-parole des opposants. Sur les territoires autrefois cédées à Martin Fayulu pour représenter l’opposition Lamuka, Katumbi s’en va manifestement effacer les traces de l’ancien « candidat commun ».
J.N.