La perspective, sans nul doute imminente, de la désignation prochaine du porte-parole de l’opposition politique en RDC semble devoir clarifier le paysage politique après les élections de décembre 2018, qui ont porté un opposant radical au pouvoir. Ce sont surtout les rangs de l’opposition emmenée par la coalition Lamuka, qui se déchirait entre les opposants républicains et les opposants hostiles aux institutions en place, qui s’en trouveront strictement délimitées voire, scindées en deux. Depuis plusieurs semaines, le MS-G7, à l’évidence le plus grand parti politique de l’opposition au parlement avec 39 sièges à la seule Assemblée nationale, revendiquait en termes à peine cachés son droit à la fonction constitutionnelle de porte-parole de l’opposition. Qui lui revient de droit, du point de vue numérique. Même si le MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo (30 sièges à l’Assemblée nationale en alliance avec la DO de Martin Fayulu !) un autre leader Lamuka, lorgne sur la même fonction, qui offre une visibilité particulière au patron des opposants ainsi placé face au patron de la coalition au pouvoir. Mais les autres partis et regroupements de l’opposition, qui représentent une trentaine de sièges à la même chambre basse du parlement, sont d’obédience G7 – Ensemble pour le changement, des plateformes politiques du chairman katangais Moïse Katumbi. C’est de l’Alternance pour la République (AR), qu’est venu le week-end dernier, l’assaut en règle et sans fards sur le poste de porte-parole de l’opposition. Emery Patrice Olengha, son secrétaire général, a annoncé samedi 19 octobre 2019 à la presse la désignation de Moïse Katumbi en qualité de candidat porte-parole de l’opposition par la conférence des présidents de la plateforme, que l’on sait composée notamment de l’Envol de Delly Sessanga.
Imparable
La stratégie de conquête paraît imparable, numériquement, plateformes et partis politiques d’obédience katumbiste représentant à eux seuls la bagatelle de 69 des 99 sièges de l’opposition à la chambre basse du parlement. Le poste de porte-parole de l’opposition ne devrait pas échapper à l’ancien gouverneur de l’ex Katanga qui n’a jamais fait mystère de ses ambitions de fédérer l’opposition politique en RDC. Même s’il faut désormais tenir compte de Jean-Pierre Bemba Gombo, relaxé des geôles de la CPI en juin dernier, qui paraît soucieux de regagner du terrain perdu. A l’Assemblée nationale, le parti bembiste lorgne également sur le poste de rapporteur-adjoint qui a été cédé à l’opposition. Un accord avec la nébuleuse katumbiste n’est pas exclu, qui permettrait au MLC d’obtenir le strapontin en échange de ses prétentions au poste de porte-parole de l’opposition. Ou encore, ultime solution négociée, que les deux leaders Lamuka conviennent d’une occupation rotative du poste de porte-parole de l’opposition. Toutes ses propositions sont en discussion au sein de la plateforme, selon des sources probantes.
Challenger
Il reste qu’ainsi, Moïse Katumbi se retrouvera face à Félix Tshisekedi, en position de challenger. Ce n’était pas croyable il y a peu, lorsque les deux compères disaient lutter ensemble contre ce qu’ils présentaient comme la dictature de Joseph Kabila. A l’époque du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop), Katumbi – Tshisekedi, c’était un tandem, disait-on. Et jusqu’à il y a peu, Moïse Katumbi a donné l’impression de jouer son va-tout pour ne pas donner l’air de vouloir affronter son ancien allié dans les rangs de l’opposition. Au point de se voir astreint à une opposition républicaine et constructive qui n’a pas plu à tout le monde au sein de la coalition Lamuka, et l’a menée à la scission que consacrera sans doute la désignation du porte-parole de l’opposition. Elle déchoit Martin Fayulu du piedestal sur lequel l’avaient placé, le temps d’une campagne électorale, ses collègues de l’alors plateforme Lamuka, en novembre 2018 à Genève en Suisse.
J.N.