Après le gouvernement la semaine dernière, ainsi que le secrétariat technique de la riposte à la maladie à virus Ebola (MVE), le week-end dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a annoncé l’introduction dès mi-octobre du nouveau vaccin contre Ebola en RDC. C’est le Ad26-ZEBOV GP des laboratoires pharmaceutiques américains Johnson&Johnson (J&J), destiné aux zones non encore infectées par le virus, particulièrement, aux personnes sujettes à des fréquents déplacements transfrontaliers.
Le produit sera bientôt utilisé au Rwanda et en Ouganda, explique le Pr Muyembe de l’INRB, comme pour prévenir d’éventuelles craintes. Le scientifique rd congolais rappelle que la recommandation de l’OMS relative à l’utilisation d’un second vaccin en RDC, remonte à mai 2019 et se justifie par la crainte d’une rupture des stocks de rVSV-ZEBOV, le vaccin utilisé jusqu’ici dans les régions infectées par Ebola.
L’Ad26-ZEBOV GP est préventif et sera prioritairement administré aux personnes qui se rendent fréquemment au Rwanda, avant de s’étendre à travers une sorte de couloir de personnes immunisées au Sud-Kivu (également en contacts permanents avec le Rwanda). «Nous pensons d’abord à protéger tous ces petits commerçants congolais qui se rendent au Rwanda chaque jour, car au moins 64 mille personnes traversent chaque jour à la Petite barrière de Goma pour le Rwanda. Nous devons aussi protéger le Rwanda», soutient en substance le virologue sans rassurer totalement sur les doutes qui entourent l’introduction du sésame sanitaire US.
Dans un communiqué, lundi 23 septembre 2019, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est félicité de la décision des autorités de la RDC qui « en décidant de déployer le deuxième vaccin expérimental[…] ont une fois de plus fait preuve de leadership et de détermination pour mettre fin à cette épidémie dès que possible », selon lui.
Ce n’est pas le point de vue de l’ONG Médecins Sans Frontière (MSF) active dans les régions infectées de la RDC, qui n’est pas loin de soupçonner l’organisation onusienne de manœuvres pour imposer l’utilisation d’un second vaccin.
Dans un communiqué, le même lundi, MSF/France révèle que l’accès au vaccin des laboratoires Mercks, le rVSV-ZEBOV a été rationné par l’OMS. Si quelques 225.000 personnes ont été vaccinées, le nombre reste insuffisant car « jusqu’à 2.000-2.500 personnes pourraient être vaccinées chaque jour, contre un rythme actuel de 500 à 1.000 personnes», selon Isabelle Defourny, la directrice des opérations de l’ONG française citée par la presse. « Les efforts de MSF pour étendre l’accès à la vaccination en collaboration avec le ministère de la santé (…) se sont heurtés au contrôle extrême imposé par l’OMS sur l’approvisionnement en vaccins», révèle-t-elle encore.
Ainsi est balayé l’argument de la crise d’approvisionnement en vaccins Mercks, sur lequel le Pr Muyembe s’est appuyé pour justifier l’introduction du nouveau vaccin. Avant sa démission en juillet dernier, le J.N. Dr Oly Ilunga, ancien ministre congolais de la Santé, avait déjà contesté cet argument. Moins de deux mois après, MSF lui donne raison : «Mercks vient de déclarer qu’en plus des 245.000 doses déjà délivrées à l’OMS, ils étaient prêts à envoyer 190.000 autres doses si nécessaire, et que 650.000 autres seraient mises à disposition dans les six à dix-huit prochains mois », soutient l’ONG française.
L’introduction du nouveau vaccin anti Ebola à l’Est de la RDC coïncide quasiment avec l’annonce par le comité national multisectoriel de la riposte, dimanche 22 décembre, de l’enregistrement du tout premier jour sans nouveau cas confirmé de la MVE au Nord-Kivu. Tous les cas confirmés samedi 21 décembre étant notifiés dans la province voisine de l’Ituri, à Komanda, Mambasa et Mandina.
Vendredi 20 septembre, la situation épidémiologique au Nord-Kivu et en Ituri faisait état d’un cumul de cas de 3.160 pour 2.114 décès contre 973 guérisons. 491 cas suspects étaient en cours d’investigation. 225.492 personnes étaient vaccinées depuis le début des opérations le 8 août 2018.
J.N.