Sylvestre Ilunga Ilunkamba, premier chef du Gouvernement de la mandature de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a décliné mardi dernier devant la représentation nationale un Programme en 15 points qui répond pour l’essentiel aux priorités actuelles de la RDC, selon une large majorité de Députés Nationaux. Fruit d’une cogitation partagée entre les acteurs de la coalition gouvernementale CACH-FCC, cette œuvre reste cependant perfectible.
Ainsi, en matière économique et des finances, le Gouvernement gagnerait à exprimer de manière plus robuste son soutien effectif à la sous-traitance dans le secteur minier pour la création d’une classe moyenne notamment par une politique de crédits aux entreprises congolaises susceptible d’assurer leur compétitivité financière.
Des mesures innovantes plus affinées de financement de la relance de l’agriculture, gage de l’inclusivité de la croissance s’imposent également pour juguler notamment l’envahissement du secteur de la distribution des principales denrées de consommation courantes par une véritable flibuste étrangère au détriment de la main d’œuvre nationale.
On peut en outre questionner la pertinence de la création d’une juridiction spécialisée dans la lutte contre la corruption, la fraude fiscale et le blanchiment des capitaux au regard des charges budgétaires qu’impliquerait pareille initiative qui ne cadre pas avec la réduction tant souhaitée du train de vie de l’Etat. L’idéal serait en l’espèce de prévoir plutôt l’efficience des démembrements des juridictions existantes de l’ordre judiciaire auxquelles ces compétences sont dévolues.
Dans le secteur politique, défense et sécurité, le grand défi auquel le Gouvernement sera confronté est celui de l’instabilité permanente qui accable plusieurs provinces en proie à des groupes armés terroristes étrangers qui écument l’Est de la RDC et de la multitude de milices et/ou coupeurs de routes nationaux de toutes sortes qui en est un pâle décalquage dans beaucoup d’autres entités du pays livrées à la merci de ces bandes sans foi ni lois.
Pour prendre le taureau par les cornes à ce sujet, le nouvel exécutif ne devrait pas lésiner sur les moyens même exceptionnels comme la conscription temporaire dans les forces de défense et de sécurité des jeunes finalistes des humanités avant la poursuite de leurs cursus académiques et l’allocation auxdites forces de la logistique requise pour leur permettre de faire face seules à ce véritable défi existentiel pour la Nation.
S’agissant du renforcement de l’autorité de l’Etat dans le contexte d’une décentralisation viable et effective, le Gouvernement devrait avoir le courage de tirer les conséquences du goulot d’étranglement que constituent certaines instances provinciales en prévoyant une allocation directe aux Entités Territoriales Décentralisées (ETD) de moyens financiers garantissant leur fonctionnement effectif au service des populations qui y vivent et dont l’utilisation pourra faire l’objet d’un contrôle à posteriori aussi bien de la part des provinces que du pouvoir central. Pareille mesure ne saurait naturellement faire l’économie d’une réelle dépolitisation de l’administration territoriale à la base.
Enfin, last but not least, l’application des dispositions constitutionnelles garantissant la jouissance des droits humains et des libertés fondamentales par tous les Congolais requiert la mise en œuvre dans l’architecture gouvernementale d’un monitoring national y relatif permettant, le cas échéant au gouvernement de répondre en temps réel à la multitude des cas de violations observés en l’espèce qui vident de toute leur substance lesdits droits et libertés.
Cela n’enlève rien au mérite du Programme que le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a présenté et que la chambre basse du Parlement va de toute évidence approuver ce vendredi 6 septembre 2019.
LE MAXIMUM