Ça ne pas va pas comme sur des roulettes au sommet de l’Etat, plus précisément au cabinet du président de la République d’où pleuvent à une cadence inusitée dénonciations, détournements, passation de gros marchés publics de gré à gré etc.
Le week-end dernier, l’inspecteur général des Finances, Victor Batubenga, a dit avoir été entendu par le Conseil national de sécurité qui coordonne tous les services d’intelligence du pays. Au sujet d’enquêtes diligentées par l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). L’affaire a fait grand bruit. Jusque lundi 2 septembre 2019, de nombreuses voix s’élevaient dans la nébuleuse des ONGs notamment pour dénoncer la résurgence de pratiques d’un autre âge sous l’ère Félix Tshisekedi, un chef de l’Etat qui a fait de la défense des droits de l’homme son cheval de bataille.
Le patron des inspecteurs des finances a été retenu durant plusieurs heures par les «services» après que sa structure, l’Inspection Générale des Finances dans la commune de la Gombe a été investie, samedi 31 août dernier par une escouade de policiers emmenée par le patron de la PNC de la capitale, le général Sylvano Kasongo, aux fins d’interpeller un autre inspecteur des finances et d’y procéder à des saisies de matériel d’enquêtes.
Pareille procédure qui s’était rarement vue auparavant, a donné à penser à une machination teintée d’imbroglio au sommet de l’Etat.
Guerre entre services ?
Parce que l’objet de l’interpellation des inspecteurs des finances réside dans l’ordre qu’ils auraient reçu le 17 août dernier de l’ANR consistant à auditer les finances des ministères depuis l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir le 24 janvier 2019. « Il aurait été plus facile et plus discret d’obtenir du patron de l’ANR l’annulation des enquêtes diligentées plutôt que d’exposer le pouvoir par cette sorte de guéguerre de barbouzes à laquelle on a assisté », commente sous le sceau de l’anonymat cet analyste interrogé par Le Maximum lundi 2 septembre 2019 à Kinshasa.
Selon des sources, ce spectacle surréaliste sur lequel des médias périphériques ont glosé à satiété tire ses origines dans les relations en dents de scie entre divers services de la présidence de la République où s’affrontent pro et anti tel et tel autre décideur. Les enquêtes diligentées par l’ANR – qui, aux dires de notre chroniqueur sont illégales en ce que seule la Cour des comptes détient les prérogatives de contrôler les finances de l’Etat – viseraient in fine les services de la présidence dont on dit qu’ils ont été extrêmement actifs dans la gestion des finances publiques durant les 6 premiers mois de la présidence Fatshi.
Des soupçons de détournements de sommes évaluées en milliers voire en millions USD ont circulé dans les salons huppés de la haute ville faisant état d’acquisitions immobilières de prestige réelles ou supposées aux USA, notamment, avant d’enflammer les réseaux sociaux. « Tout cela est de nature à souiller l’honneur du nouveau président de la République et il faut crever l’abcès », estiment ceux qui, au cabinet du chef de l’Etat, se présentent comme ses défenseurs.
Anti et pro Fatshi
On leur doit l’initiative, certes discutable, des enquêtes ordonnées par l’ANR mi-août dernier. Que les services du CNS ont pris le parti de cour-circuiter, manifestement, non sans prêter le flanc aux détracteurs décriant des pratiques surannées.
Samedi dernier dans les locaux du conseiller spécial du président de la République en matière de sécurité, l’Inspecteur Général des Finances a été entendu sur procès-verbal au sujet du caractère secret des enquêtes entreprises dans le cadre d’une instruction pré-juridictionnelle, à en croire le chef de la police de Kinshasa. Victor Batubenga rapporte qu’on lui a demandé pourquoi il ne démissionnait pas. « Si cela se confirme, on se trouverait face à un cas de pression exercée sur un haut-fonctionnaire de l’Etat qui n’a commis aucune faute professionnelle », commente encore l’analyste des services interrogé par Le Maximum.
Affaire à suivre.
J.N.