Epilogue, enfin, dans la saga politico-judiciaire de l’élection gouvernorale au Sankuru. Trois mois après le premier tour programmé par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le gouverneur et le vice-gouverneur de cette province enclavée issue du démembrement du Kasaï Oriental ont été élus samedi 20 juillet 2019 à Lusambo. Les résultats rendus publics dans l’après-midi de ce début de week-end furent pour le moins stupéfiants : le ticket FCC conduit par Lambert Mende Omalanga (CCU & Alliés) et Patrick Bekanga a Nsala (PPRD) a été battu à plate couture par le tandem « indépendant » Joseph Stéphane Mukumadi – Tchabylo. 8 voix contre 17, c’est le score qui a sanctionné le vote des 25 élus provinciaux du Sankuru, dont 21 relèvent du FCC ! Le vote de Lusambo, samedi dernier, fut tout sauf « un vote de l’unité de la famille politique kabiliste », selon l’expression désabusée d’un cadre de la CCU & Alliés de Kinshasa. Lambert Mende a bénéficié du strict nécessaire, c’est-à-dire, des voix de ses propres élus provinciaux. Trois élus seulement des autres partis politiques de la méga plateforme kabiliste lui ont accordé leurs votes. Interrogé à chaud par les médias, l’autorité morale de la CCU & Alliés a dénoncé le phénomène déjà décrié par le passé de la corruption des grands électeurs, indiquant par ailleurs qu’il renonçait à tout recours ne se faisant aucune illusion quant à la fiabilité idéologique d’au moins une dizaine de sociétaires du FCC parmi les grands électeurs.
La défaite de l’ancien porte-voix de Joseph Kabila n’a pas fait que des malheureux. Dans les médias, sur les réseaux sociaux, certains politiciens sankurois à Kinshasa particulièrement étaient à la fête tout le week-end dernier. A l’instar du sénateur FCC Raymond Omba Pene Djunga, qui a salué ce qu’il présente comme une ‘‘libération’’ de la province d’origine de Patrice-Emery Lumumba. Avec Léonard She Okitundu et d’autres personnalités politiques FCC du Sankuru, le vieux collaborateur du défunt président Mobutu avaient mis tout en œuvre pour la déconfiture du meilleur élu du Sankuru aux dernières législatives. Et y sont parvenus.
Le nouveau gouverneur du Sankuru, Joseph Stéphane Mukumadi, 35 ans, est donc tout sauf un candidat indépendant. «Indépendant ? mon œil ! … » telle a été la réaction de Lambert Mende, interrogé à chaud sur la qualité de son challenger par les médias en ligne samedi dernier. Le jeune gouverneur de la jeune province du Sankuru a été porté par de puissants et vieux lobbys politiques qui régentent la province depuis les années ’60. Et son action à la tête de l’exécutif sankurois s’en ressentira d’une manière ou d’une autre, selon plusieurs ressortissants sankurois à Kinshasa.
Aussitôt élu samedi dernier, le gouverneur Joseph-Stéphane Mukumadi s’est envolé pour Kinshasa via Goma au Nord-Kivu. Dans la capitale rd congolaise, il a été accueilli avec quelque pompe par une caravane motorisée scandant des chants hostiles à son challenger. Mais ce fut tout. Dans la province qu’il va diriger durant 5 ans, aucun écho sur une quelconque réjouissance des populations. Surtout pas à Lodja, dont le nouveau patron de l’exécutif provincial serait originaire : aucune caravane motorisée, aucun chant d’allégresse. Rien. Silence de mort. Joseph-Stéphane Mukumadi n’est que très superficiellement le choix des électeurs sankurois. Quoique prétendent ses supporters dans les médias et les réseaux sociaux.
J.N.