Sauf nouveau report, la réunion du présidium de la plateforme Lamuka se tiendra à Lubumbashi (Haut-Katanga) du 24 au 26 juillet courant. Initialement prévue le 20 juillet, cette ‘‘rencontre au sommet’’, la toute première en RDC, a été reportée pour des raisons d’agendas des leaders de la plateforme électorale née en novembre dernier puis muée en plateforme politique fin avril 2019 à Bruxelles.
Entre le 6 juillet 2019, date de la correspondance de Moïse Katumbi, coordonnateur du présidium Lamuka convoquant la réunion de Lubumbashi, et le 20 juillet, date initialement retenue pour la rencontre, la plateforme a à nouveau perdu un de ses leaders. Freddy Matungulu, candidat à la présidentielle de décembre 2019 pour le compte d’un petit parti politique dénommé Congo Na Biso (CNB), avant de renoncer à ses ambitions à la faveur de la désignation de Martin Fayulu « candidat unique » de l’opposition en novembre 2018 à Genève, a quitté le navire. Le président de la République, Félix Tshisekedi, lui a offert le poste d’administrateur de la Banque Africaine de Développement (BAD) revenant à la RDC, et cet ancien des institutions financières internationales a accepté. « C’était plus sérieux que de passer 5 longues années à se dandiner sur les podiums de fortune à travers le pays », confie un de ses proches, qui fait allusion à la propension de Martin Fayulu à exhiber des pas de danse à chacune de ses apparitions publiques.
Matungulu après Mbusa
L’information sur la nomination de Matungulu à la BAD était déjà à la Une des journaux à Kinshasa, au début du week-end dernier, lorsque l’intéressé l’a confirmé dans un courrier à Moïse Katumbi. Une semaine seulement s’était écoulée depuis la convocation de la réunion de Lubumbashi, qui est intervenue 3 semaines après la défection d’un autre leader de Lamuka, Antipas Mbusa Nyamwisi.
A l’évidence, au sein de la plateforme mise sur pied de bric et de broc et dans la précipitation pour court-circuiter les ambitions présidentielles de Félix Tshisekedi en novembre dernier, rien ne va plus. Probablement et simplement parce qu’un assemblage aussi hétéroclite de leaders politiques aux ambitions aussi hargneuses les uns que les autres ne pouvait durablement tenir la route. « La seule chose sur laquelle tout le monde était d’accord à Genève, c’était de larguer Félix. Pour la suite, chacun avait son agenda personnel et secret», selon cet interlocuteur du Maximum. Et ce qui devait arriver arrive : le navire prend de l’eau de toutes parts.
Dimanche 14 juillet 2019, Moïse Katumbi a regagné Lubumbashi, dans une discrétion inhabituelle pour cet autre ancien candidat à la présidentielle qui ne rechigne pas sur les moyens d’entretenir une image de leader adulé (plus que tous les autres). Pour préparer les 48 heures de discussions entre ce qui reste de leaders Lamuka du 24 au 26 juillet courant. La rencontre Lamuka Est – Lamuka Ouest pourrait se révéler fatidique pour la plateforme qui éprouve un mal fou à digérer les contorsions post-présidentielles de Fayulu.
Divergences persistantes
L’ordre du jour des échanges de Lubumbashi prévoit l’adoption d’un calendrier d’actions à entreprendre dans les jours, semaines et mois à venir. Mais il est impossible à élaborer sans un entendement commun sur le but poursuivi pas ces actions, voulues d’envergure par certains. Lamuka semble toujours écartelé entre le groupe de l’Est (et du Centre), favorable à une opposition républicaine et responsable à la coalition FCC – CACH au pouvoir, et celui de l’Ouest (et des ex- trêmes), franchement porté sur la contestation du pouvoir en place au nom de la « vérité des urnes ».
A la suite de Moïse Katumbi, Christophe Lutundula avait annoncé le 8 juillet dernier que la plateforme rencontrera le nouveau chef de l’Etat après la formation du gouvernement. Notamment, pour débattre de la décrispation politique, de la réforme du système électoral, des droits de l’opposition en vue des élections de 2023. Niet, a-t-on aussitôt rétorqué dans le camp de Lamuka Ouest où, Stève Kivuata, un porte-parole de Fayulu, estime que « on ne peut pas aller crédibiliser un régime sorti d’un hold up électoral. Si rencontre il devrait y avoir, c’est d’abord une réunion du présidium où les options claires doivent être levées ». Qui risque de consacrer l’implosion de ce qui reste de Lamuka. D’autant plus qu’après Lubumbashi, la coordination du quatuor présidentiel Lamuka reviendra à Jean-Pierre Bemba, leader du MLC qui s’est révélé plus proche de ses collègues de l’Ouest que de ceux de l’Est. Wait and see.
J.N.