Le gouvernement a-t-il fait diversion ? L’Etat annonce la création d’une dizaine de parcs agroindustriels sur le territoire national notamment à Nkundi au Kongo central ou encore à Mbandaka, dans l’Equateur.
La mouvance des organisations de la société civile encadrée par le Réseau Gouvernance économique et démocratie (REGED), rappelle le gouvernement au respect de son engagement : la publication du rapport d’évaluation du parc agroindustriel de Bukanga Lonzo. La société civile a formulé un chapelet de propositions à l’intention de l’Exécutif pour améliorer ses capacités de réalisation des recettes et rationnaliser les dépenses. Le document intitulé «Argumentaire et propositions des organisations de la société civile au séminaire d’orientation budgétaire 2020 » a été distribué aux participants lors dudit séminaire. La société civile sollicite son implication au processus de finalisation de l’architecture institutionnelle des futurs parcs agro-industriels, à savoir les études de faisabilité, le choix des sites, l’identification des filières, le mode d’opérationnalisation, etc., Il est à ce jour établi que le site de Bukanza-Lonzo n’est guère propice à une agriculture de grande envergure, qu’il serait plutôt approprié pour l’élevage. REGED suggère un programme de relance de grandes fermes et plantations laissées à l’abandon. L’on en dénombrerait à travers le pays quelques 116.
Eléphants blancs
Mais l’Etat semble avoir avancé suffisamment dans son projet d’implantation de nouveaux parcs industriels, peu importe le couac de Bukanga Lonzo. D’après le gouverneur de la province de l’Equateur, Bobo Boloko, l’Etat dispose d’un budget initial de 406.121.614,45 FC pour la construction du parc agro-pastoral industriel de Mbandaka. Le marché de construction du parc a été confié à l’entreprise SerruTop. Il ne reste plus qu’un dernier réglage administratif pour que cette entreprise se mette à l’œuvre. Lors du Séminaire d’orientation budgétaire 2019, des délégués de la société civile avaient pourtant unanimement rejeté la décision du gouvernement de poursuivre ses différents projets de parcs agro-industriels. L’essentiel des crédits retenus dans la rubrique fonctionnement de l’État en 2017, soit 854,5milliards de FC, a été affecté aux études de faisabilité pour l’extension des parcs agro-industriels à travers le pays, apprend-on. Des experts du ministère de l’Agriculture indiquent que le gouvernement a sollicité le concours de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour viabiliser le parc et ouvrir le projet, s’il le faut, aux investisseurs privés. Faute d’investissements, les potentialités agricoles r-d congolaises pourraient devenir porteuses des risques sécuritaires au regard non seulement du réchauffement climatique qui crée des réfugiés d’un genre nouveau, (Mbororos, Maldives, etc.,) mais aussi des besoins en terres agricoles exprimés par des majors industriels prêts à tout pour occuper de grands espaces arables.
Il y a 10 ans, en marge du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire de la FAO qui s’est tenu à New York, les altermondialistes avaient dénoncé le phénomène d’accaparement des terres encouragé par les gouvernements de pays riches dans de nombreux pays du Sud, tout particulièrement en Afrique, où selon un rapport, existent encore d’importantes réserves de terres sous-exploitées, non exploitées ou supposées vierges et disponibles à bas prix. La Chine aurait en catimini multiplié des accords fonciers, sous le label d’accords de coopération agricole avec la RDC. Pékin aurait ainsi obtenu 2,8 millions d’hectares pour y implanter la plus grande palmeraie du monde. Kinshasa n’a pas démenti cette information.
POLD LEVI MAWEJA