Alors que le Président de la République a personnellement tenu à circonscrire ses propos étatsuniens en précisant qu’il voulait plutôt parler de déboulonner les antivaleurs et non des personnes physiques, trois personnalités des plus clivantes de l’arène politique en RD Congo ont sauté sur l’occasion pour créer la pagaille autour de l’aspect militant de ces propos sur lesquels l’auteur lui-même a été le premier à rapidement apporter le rectificatif. Militant éthno -tribal évoluant sous le paravent de la société civile, Georges Kapiamba a été le premier à dégainer en encourageant le “peuple”, entendez « les talibans », cette base subversive de l’UDPS/T connue pour être composée de professionnels de la casse, à aider le président de la République à venir à bout de la dictature. Une façon pour ce tribaliste de se réjouir que son président de parti devenu Chef de l’État ait embouché, le temps d’un speech, les éléments de langage de l’impérialisme décadent qui finance à tout va, pour des raisons inavouées, des ONG des droits de l’homme comme l’ACAJ dont la mission est de monter qu’une race prétendument supérieure a toujours été plus soucieuse des libertés fondamentales des africains que les élites noires elles-mêmes. Les pesanteurs tribales ayant pris le dessus, Georges Kapiamba s’est pour la première fois éloigné des autres droits-de-l’hommistes emmenés par l’Église catholique, qui eux continuent à revendiquer une vérité des urnes contraire à celle qui a vu Félix Tshisekedi accéder à la magistrature suprême. Ce combat pour la vérité des urnes, Kapiamba ne le mènera jamais, et pour cause.
Mbata, confusionniste impressionniste
Un autre “intellectuel ” militant sorti du bois avec une artillerie artisanale, c’est le “professeur” Mbata. Très contesté dans les milieux des constitutionalistes rd congolais, notamment sur la colline inspirée au campus universitaire de Kinshasa, l’homme est connu pour être un confusionniste qui aime à impressionner doctement le public loin des auditoires scientifiques. Pour toute expertise juridique, le juriste maison de l’UNC de Vital Kamerhe dont il est un fervent militant a pris l’habitude de distiller des connaissances approximatives sur fond de positionnement politicien mal dissimulé. Plutôt que de réfléchir de façon anticipative et en toute objectivité, la science juridique de Mbata sert surtout à justifier les options politiques levées de manière cavalière par l’UNC hier, et le CACH aujourd’hui. On l’a déjà entendu sortir des incongruités indigestes pour soutenir la prétendue suspension de l’installation du sénat, contrairement aux prescrits de l’article 113 de la loi fondamentale. Des hérésies juridiques, Mbata les multiplient sans présenter des excuses à la communauté des scientifiques toutes les fois qu’elles sont rattrapées par la réalité. Autant il n’a pipé mot quand la présidence de la République a estimé que rien ne s’opposait à l’installation du sénat, autant il est prudent de ne pas prêter oreille à ses avis alimentaires sur le déboulonnement d’une dictature inexistante.
L’opportunisme d’un repris de justice
En ce qui concerne Eugène Diomi Ndongala, ses propos doivent être simplement interprétés à l’aune de l’opportunisme politique d’un repris de justice qui se sent redevable à celui qui l’a fait sortir de la prison qu’il n’aurait jamais dû quitter dans un véritable Etat de droit, condamné qu’il était pour des faits avérés de viol caractérisé sur mineures. « Tout ce qu’on peut espérer, c’est qu’il ait pu faire sa déclaration sur le “déboulonnement” à plus de 500 mètres des écoles des filles », commentait lundi dernier un étudiant de l’université de Kinshasa, provoquant l’hilarité générale parmi ses collègues dans l’attente d’un bus pour regagner la cité. Tout compte fait, s’il y a un point sur lequel la coalition FCC-CACH peut être sûre de convoler longtemps en justes noces, c’est l’engagement à combattre sans ménagements des vestiges de la dictature qui ont la peau dure depuis la Deuxième République. Le changement des mentalités dont l’autorité morale du FCC s’est fait chantre depuis son accession au pouvoir n’a pas été un franc succès, de l’aveu de Joseph Kabila lui-même, qui se plaignait de n’avoir pas pu changer l’homme congolais solidement enraciné dans les antivaleurs héritées du Zaïre de Mobutu. On se rappellera que le candidat du FCC à la présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadari, n’avait eu de cesse de prévenir pendant la campagne électorale qu’il serait sans pitié contre les antivaleurs comme la corruption endémique, la tracasserie, le règne des intouchables et des privilégiés en faveur de l’instauration tous azimuts de l’Etat de droit. Le changement que le peuple congolais attend avec impatience n’est pas une exclusivité du CACH qui, par ailleurs a beaucoup à se reprocher depuis qu’il est au pouvoir, mais un horizon régulateur que toute la classe politique doit désormais considérer comme la boussole cardinale de l’action publique.
JEAN BODIN SHIMUNA LUVUMBU