Interdit dans le secteur du bâtiment, le plomb joue sa survie dans la fabrication des batteries des voitures. Mais jusque quand? L’essaim annoncé des voitures électriques pourrait sonner le glas de ce minerai jugé toxique.
Même en RDC, des environnementalistes donnent de la voix contre la commercialisation du carburant au plomb. Dans ce pays où la tendance est plutôt à recourir au recyclage, il n’existe plus officiellement que deux comptoirs d’achat et de vente de plomb, l’un à Kinshasa et l’autre à Lubumbashi. On apprend que des Chinois qui tiennent des minings de fortune notamment au Katanga auraient relancé l’exploitation et l’exportation de ce minerais toujours rémunérateur. En janvier 2019, les cours mondiaux du plomb se maintenaient à 1.997 USD la tonne et accusaient une baisse de 22,7% sur l’année 2018. Toutefois au mois de mars courant, le prix du plomb pourrait s’établir à 2.281 USD la tonne, selon des experts. Il y a dix ans, le métal gris-bleu avait atteint son prix record, plus de 3.655 USD à la Bourse des métaux de Londres. C’est à cette époque que l’actuel Kongo-Central s’était confirmé une vocation minière. Des carrières d’exploitation de plomb s’y sont développées. Le géant minier américain, BHP Billiton, avait même projeté de construire une usine dans la région. Mais le projet n’avait guère franchi le seuil de la matérialisation à cause des complications administratives. Selon le professeur Bosibono, interface de BHP dans les négociations avec le gouvernement, une dizaine d’officiels exigaient chacun un pot-de-vin pour laisser l’entreprise s’installer dans l’ex- Bas-Congo. BHP qui comptait construire, sur fonds propres, la centrale d’Inga III, mit la clé sous le paillasson. Depuis, l’exploitation du plomb est restée artisanale. Dans l’ex-Katanga, par contre, le plomb, comme le zinc et le germanium, se retrouvent liés à d’autres minerais dont le cuivre durant leur extraction. En raison de sa toxicité, les interdictions d’usage du plomb se multiplient dans le monde. Loin de faire baisser son prix, les cours mondiaux de ce métal ont, paradoxalement, augmenté et ont su se maintenir face à la basse conjoncture de 2015-2016. Pour certains experts, la boulimie chinoise aura permis de maintenir la bonne santé du cours du plomb ; pour d’autres, face à un marché contrôlé par quelques grands groupes, le plomb est considéré comme une ressource non renouvelable. Ce qui est rare est cher.
POLD LEVI