Vidée de la moitié de sa substance, comme la DO avant elle, la raison d’être de la plateforme électorale bornée par les rêves de grandeur de Fayulu
Ça suinte lamentablement dans l’édifice bâti à la hâte dans un établissement hôtelier cossu de Genève en Suisse, sur ce sable mouvant qu’est et demeure l’arène politique en RD Congo. Toute la puissance financière et économique des parrains de la plateforme, des puissants miniers comme Glencore en passant par des faiseurs de rois comme Georges Soros, n’y ont rien fait : la présidence de la République a échappé à Martin Fayulu autant qu’à ses alliés de circonstance, Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Antipas Mbusa Nyamuisi … C’était assurément trop beau, et les rats, déçus, quittent le navire les uns après les autres, sans crier gare.
Le meeting de la Place Ste Thérèse à Ndjili, dans la banlieue est de Kinshasa, fut révélateur pour les observateurs. Certes, quelques milliers de sympathisants ont été mobilisés, laborieusement et au forceps. Mais le cœur n’y était manifestement plus pour les poids lourds de la plateforme, qui sont arrangés pour se faire « représenter ». Pour Katumbi, Bemba, et même Muzito, les choses semblaient claires, désormais : les élections passées, la plateforme électorale n’avait plus de raison d’être. Fayulu restait bien le seul à y croire encore, mais pour ses alliés, il semblait clair que le contrat de représentation était arrivé à terme. « Fayulu n’est plus « notre candidat unique », puisqu’il n’y a plus d’élections. Il n’est plus question de continuer à faire croire à l’opinion que nous sommes alignés derrière-lui », confie au Maximum une source proche du MLC de Jean-Pierre Bemba. « Même son frère de région, Muzito, ne s’est pas dérangé outre mesure pour marquer sa présence à Ndjili », poursuit-il, sûr de son fait.
Esseulé pour vanter « sa vérité » des urnes
Sa « vérité des urnes », Martin Fayulu devra s’y faire : il la vantera tout seul, selon toutes les apparences. Au sein de l’ex plateforme électorale, et même de l’opposition politique en général, de plus en plus de voix s’élèvent pour crier à l’unisson l’urgence de mettre un terme aux gesticulations revendicatrices chimériques et d’attaquer les problèmes des rd congolais par les cornes du taureau. Le fossé paraît net entre le candidat malheureux à la présidentielle du 30 décembre dernier et au moins deux regroupements politiques majeurs de Lamuka, l’AR de Delly Sessanga et l’AMK de Claudel-André Lubaya, tous deux membres de « Ensemble pour le Changement », l’autre plateforme créée par Moïse Katumbi en vue des mêmes élections. Sessanga et Lubaya, c’est sur tous les toits qu’ils crient depuis quelques jours, assurant que leur mentor Katumbi n’entravera pas l’action politique du Président de la République issu des rangs de l’opposition, Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi.
Au cours d’une conférence de presse, dimanche 10 février 2019 à Kananga, l’AR Sessanga n’y est pas allé par le dos de la cuillère pour vanter les bonnes dispositions de Moïse Katumbi envers Fatshi. «Moïse Katumbi comme président de Ensemble avait pris une position mais ce que je peux vous assurer est que Félix n’est pas et ne sera pas l’ennemi de Moïse Katumbi. Et ce que je sais de ce dernier et je peux en parler avec suffisamment d’autorité, j’en suis secrétaire général, ne fera pas de l’opposition à Félix Tshisekedi, il le laissera travailler pleinement et réussir sa mission », a-t-il déclaré.
Des katumbistes désertent la barque
Le 12 février sur les antennes de Top Congo FM, c’était autour de André-Claudel Lubaya d’emboucher le refrain des intentions politiques angéliques de Moïse Katumbi, même si une partie de l’opinion sait qu’on doit au dernier gouverneur de l’ex Katanga l’extraordinaire et dénigrante campagne de presse orchestrée en Occident contre le candidat du CACH à la présidentielle de décembre 2018. « Moïse Katumbi n’est pas en opposition à Félix Tshisekedi », de même que les principaux mouvements politiques de « Ensemble pour le Changement », explique-t-il encore. « Il est temps de tourner la page et de faire le deuil de tout ce qui s’est passé pendant la campagne électorale, les élections et la publication des résultats. Il faut aller de l’avant parce que le Congo ne va pas s’arrêter avec les résultats des élections ni avec les contentieux », tranche cet élu de Kananga au Kasai Central.
Le MLC de Jean-Pierre Bemba aussi
Dans la course à « vérité des urnes », il semble que le MLC de Jean-Pierre Bemba n’y est plus tout à fait. Sa secrétaire générale, Eve Bazaiba, qui a jeté son dévolu sur le gouvernorat de la province de la Tshopo dont elle est originaire, a donné un signal éloquent. Elle ne passera pas la législature à contester un pouvoir politique dont elle devrait dépendre si elle était élue à la tête de sa province natale.
Ne restent donc encore aux côtés de Martin Fayulu dans la course à la « vérité des urnes » que le RCD-K-ML Antipas Mbusa Nyamuisi, le MS Pierre Lumbi Okongo. Mais eux aussi ne devraient pas s’aligner éternellement derrière les chimères du candidat de la DO (Dynamique de l’Opposition). Martin Fayulu, qui l’a déjà prouvé par le passé en s’abritant derrière la carapace vide de la Dynamique de l’Opposition déserté par ses poids lourds, dont Vital Kamehre, n’a qu’une issue : s’approprier le label Lamuka qui en RD Congo comme à l’étranger, est crédité d’un poids politique de loin meilleur à celui de sa DO. Destin de regroupement de seconde zone à court terme donc, pour la plateforme née il y a un trimestre à Genève.
J.N.