Le Parti Lumumbiste Unifié (PALU), un des plus vieux de la RD Congo puisque sa création remonte aux lendemains de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale dans les années ’60, est certainement en pleine mutation. Et il faudra sans doute attendre quelques années encore pour s’assurer de la physionomie que prendra cette organisation politique jusque-là encrée dans la province du Kwilu, plus précisément dans son terroir tribal de Gungu et ses environs. La démocratisation enclenchée avec les premières élections démocratiques en 2006 semble faire tanguer l’édifice lumumbiste dans tous les sens du vent.
Au terme des premiers scrutins électoraux véritablement démocratiques, le parti gizengiste, allié au candidat indépendant Joseph Kabila, s’en est tiré tant bien que mal, mais plutôt bien. Avec 34 députés nationaux élus dans l’hinterland bandundois, à quelques rares exceptions près. Même si au terme des législatives provinciales organisées au second tour de ces élections, Gizenga et les siens s’en sont plutôt mal tirés, avec zéro élus provinciaux ou presque.
5 ans plus tard, en 2011, on ne peut pas dire que le PALU, qui a pris une part plus qu’active au pouvoir exécutif au cours de la législature précédente, a carrément été sanctionné par ses militants. Le parti s’en est tiré avec 19 députés nationaux élus. Soit, 15 députés nationaux de moins qu’en 2006.
En 2018, le parti Gizengiste qui a dans l’entretemps enregistré l’une de ses plus grandes crises avec la défection d’Adolphe Muzito, était sensé perdre des plumes dans cette lutte fratricide et parricide. Mais ce n’est pas tout à fait le cas.
Dans l’ensemble, les scrutins combinés du 30 décembre 2018 auront permis au Parti Lumumbiste Unifié (affublé “d’alliers”, il est vrai) de placer 37 élus au prochain parlement : soit, 17 députés nationaux et 20 députés provinciaux. C’est son meilleur score depuis le retour des élections en RD Congo, le parti ayant profité de sa participation au pouvoir pour élargir son assiette électorale.
Seulement, l’évolution ainsi observée s’accompagne d’un déplacement du creuset du parti gizengiste. L’ex province du Bandundu, le Kwilu particulièrement, ne représente plus le vivier le plus important de ce parti nationaliste qui marque un net déplacement vers l’est du territoire national.
Au terme des dernières législatives, l’ancienne province d’origine du patriarche Gizenga ne fournit au parti que 4 de ses élus nationaux : Sakata Moke T. Carry (Bagata), Mumbali Mamupot Mass (Bulungu), Makiashi Willy (Gungu) et Muzaza Owan Ngampo Thierry (Idiofa).
Les 14 autres élus nationaux du Palu proviennent des provinces de l’est, notamment de l’ex Katanga qui envoie à l’hémicycle Mwepu Kibanda Yvonne (Haut-Katanga/Kasanga), Ahert Joseph Kayumba (Haut-Katanga/Mituaba), Kabwika Mastaki Prospère (Lualaba/Lubudi), Kabwelulu Kabilo Martin (Tanganyika/Manono) ; et du Nord Kivu, avec Mutiri wa Bashara Elvis (Goma), Kavira Mabero Jeannette (Lubero), et Safari Nganiza Jacques (Masisi).
Kinshasa la capitale n’a plébiscité que deux candidats du parti gizengiste : Muyaya Katembwe Patrick (Funa) et Mbalata Mputu Freddy (Tshangu). Soit, autant que la province du Kasai (Mbaya Kandudi/Tshikapa et Lubwebe Mayara Faustin/Ilebo).
La province de l’Equateur vient à la rescousse des nationalistes Pende avec l’élection de Henri Thomas Lokondo à Mbandaka. Mais on sait que l’ancien mobutiste a jeté son dévolu sur le ticket Lamuka représenté par Martin Fayulu à la dernière présidentielle. Et ne compte donc pas parmi les produits les plus sûrs du parti, comme beaucoup d’autres avec lui.
Mais c’est ça aussi, le nouveau Palu. Pour atteindre le score flatteur des dernières législatives, le parti gizengiste a noué des alliances qui lui ont permis une plus grande extension. Pour l’instant, sa survie passe par là : le Palu s’est swahilisé.
J.N.