Le « candidat commun » de Lamuka, la plateforme électorale créée à Genève par un groupe de candidats retoqués à la présidentielle du 23 décembre 2018 n’a pas pu se rendre à Kindu au Maniema où il était attendu dimanche 9 décembre dans la journée. Maniema, fief électoral du président de la République sortant, Joseph Kabila, compte parmi les citadelles imprenables de la majorité au pouvoir en RD Congo et de sa méga plateforme, le Front Commun pour le Congo. Mais c’est aussi le fief électoral du candidat au remplacement du Chef de l’Etat en place, Emmanuel Ramazani Shadary, fils du terroir et élu qui a également dirigé la province du Maniema.
La virée programmée par Martin Fayulu et sa suite au chef-lieu du Maniema a pu paraître osée aux yeux des observateurs. Rêver de la moindre voix électorale dans cette contrée qui a élu Joseph Kabila à plus de 90 % de suffrages en 2006 et en 2011 relève de la gageure. Mais sans doute émoustillé par ses sorties réussies dans le Grand Nord Kivu Nande, à Kisangani, Bunia et dans une moindre mesure à Isiro, le restaurateur kinois miraculeusement propulsé à la tête de l’opposition radicale en novembre dernier a cru pouvoir affronter l’Everest mais s’est retrouvé cloué au sol. Parce qu’à Kindu où l’attendait une poignée de partisans comptables sur les bouts des doigts, le fiasco a été évité grâce à une bagarre généralisée. Des militants arborant des T-Shirts estampillés PPRD avaient vite fait de virer le RDC-K-ML Koloso Sumaili et autres Jeff Tchomba, Michel Okandandjadi, Mansura et Michel Longodi des installations aéroportuaires où ils attendaient leur mentor genevois, rapportent des sources locales. Qui expliquent qu’auparavant, des rixes avaient opposé militants Lamuka et militants FCC lorsqu’une caravane battant campagne en faveur de Omanga Bitika (MSR/MP) a été agressée par des militants Lamuka. Candidat FCC à la députation provinciale et ministre des finances du gouvernement provincial, Omanga Bitika aurait même été agressé par Michel Okandandjadi (Lamuka/Kindu) avant que la police n’intervienne pour rétablir l’ordre. Militants FCC brandissant des calicots hostiles à Martin Fayulu et militants Lamuka ont été évacués de l’aéroport par les forces de police.
Une poignée de cadres Lamuka, quelques dizaines de militants
Dans une interview à la presse en ligne, dimanche après-midi, Koloso Sumaili a accusé le gouverneur intérimaire du Maniema d’avoir instrumentalisé les jeunes du PPRD pour perturber l’accueil de Martin Fayulu. Egalement interrogé par la presse, Emmanuel Ramazani Shadary, jusque-là secrétaire-permanent du parti présidentiel, a déclaré qu’il n’est pas « au courant de ça, parfois ce sont les gens de l’autre camp qui se font passer pour mes partisans ». Tout en invitant les militants de son parti politique et du FCC à ne pas céder à la provocation. « Les miens sont calmes, les gens cherchent à me provoquer parce que tout le monde sait que les résultats qui vont sortir des urnes vont me donner gagnant, l’autre camp prépare la contestation parce qu’ils disent qu’il ne faut pas aller voter ou il faut aller voter avec un bulletin blanc. Comme ils appellent au boycott, c’est clair, les gens préparent la contestation. C’est pourquoi, ils multiplient des subterfuges, genre violence, genre provocation. Je demande encore à mes partisans d’être très prudents et de ne pas tomber dans leur piège », a déclaré le candidat du FCC à la présidentielle du 23 décembre 2018. Pourvu qu’il soit entendu.
Depuis le lancement de la campagne électorale, les militants de la plateforme Lamuka ont multiplié les actes d’intolérance à Kinshasa, à Beni, à Bunia. De même que ceux de l’UDPS/T qui ont provoqué des bagarres à Mbujimayi et attaqué une caravane du PPRD/FCC à Tshikapa dans la province du Kasai. Et la situation devient, en réalité, peu rassurante pour tout le monde : « on ne sait qui est qui et qui s’en prend à qui. N’importe qui peut se procurer des insignes de n’importe quel parti politique et se livrer à des comportements inciviques », explique au Maximum un activiste de la société civile de Kindu, joint lundi 10 décembre 2018 au téléphone. Les forces de l’ordre auront du pain sur la planche, désormais. Les candidats belliqueux aussi.
J.N.