Elles avaient déjà été observées depuis quelques jours sans que nul ne s’en émeuve outre mesure à Beni, la capitale administrative du Grand Nord Kivu, en proie aux assauts terroristes répétés des rebelles ADF. Des sources locales assurent que mercredi 10 octobre 2018, les rues de la ville était sens dessous sens dessus à la suite de manifestations d’écoliers qui, prétend-on sans princes ni rires, protestent contre l’insécurité dans leur ville, et contre les autorités étatiques ou tout ce qui y ressemble. Les Bleu et Blanc de Beni n’en sont pas à leur premier coup d’essai, pour autant que l’organisation de ces manifestations politiques d’écoliers soit le fait de ces écoliers eux-mêmes. Mardi 9 octobre à leur arrivée à Beni, les députés membres de la commission de l’Assemblée Nationale diligentée dans la province du Nord-Kivu pour établir un état des lieux de la situation sécuritaire ont été accueillis, aussitôt arrivés à la Mairie, par des grappes d’élèves en uniformes scolaires et cartables, qui exigeaient le retour de la paix sur la ville. Il s’agissait d’élèves de la partie Ouest de Beni, qui réagissaient, expliquaient des sources locales, à la fermeture involontaire des écoles de la partie est de la ville, en raison des assauts des terroristes ADF. La délégation conduite par le PPRD Gaston Bulupy s’en est tirée en promettant de recevoir une délégation d’écoliers le lendemain matin. Mais cela n’a pas empêché les manifestations d’écoliers de se poursuivre mercredi dans la journée, contraignant les forces de police à les disperser à l’aide de grenades lacrymogènes alors qu’ils gagnaient le boulevard Nyamwisi, l’artère principale de la ville, selon les mêmes sources.
Les sources locales contactées par Le Maximum assurent (et s’étonnent) que non seulement des enfants semblent avoir été mis au parfum de l’arrivée à Beni d’une délégation parlementaire en provenance de Kinshasa mais aussi de la spontanéité de la manifestation de ces catégories d’âge qui n’agit que sur injonction, de leurs enseignants ou de leurs parents.
Le même mercredi 10 octobre, les principaux syndicats de l’Enseignement Primaire et Secondaire, le SYECO et le SYNECAT, ont tenu une assemblée générale à l’issue de laquelle ils ont décrété une grève illimitée pour exiger, comme les élèves, la paix à Beni.
Dans l’après-midi, la tension était plus que perceptible dans certains quartiers de Beni en proie à des rumeurs ravageuses mais peu vérifiables. Les unes faisant état de blessés par balles parmi les élèves manifestants de la journée, les autres de la présence d’un groupe de rebelles ADF ou de populations à morphologie rwandaise dans une parcelle d’un quartier périphérique, le quartier « Cité Belge », placée sous la surveillance d’un Colonel FARDC. Des populations décidées à en découdre, en même temps avec les prétendus rebelles ADF et les autorités militaires locales qui les combattent, ainsi renvoyés dos à dos. Des sources indépendantes interrogées ont assuré au Maximum que ces folles rumeurs n’étaient rien moins que fausses, comme d’habitude ici, mais ne semblaient pouvoir dissuader des manifestants en proie à un véritable matraquage en terme d’intoxication.
Mardi 9 octobre 2018, à Oicha, une localité située à quelques kilomètres de Beni, une embuscade tendue par les ADF avait fait 7 morts, 4 blessés et de nombreux civils kidnappés. Un rescapé de l’embuscade, chauffeur taxi de son état, a rapporté que les assaillants « étaient des FARDC », parce qu’ils arboraient les mêmes tenues verdâtres des troupes loyalistes cantonnés à Beni et ses environs.
A Beni, autorités civiles et militaires font ainsi face aussi bien aux rebelles ADF qu’aux populations civiles, parmi lesquelles des écoliers-manifestants.
J.N.