En se rendant à la deuxième réunion de concertations avec la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), mercredi 10 octobre 2018 à Kinshasa, un groupe de candidats à la présidentielle du 23 décembre avait l’intention de bloquer les discussions afin de renégocier le processus électoral. La veille, mardi 9 octobre à Kinshasa, le groupe dit des 7 patrons des partis politiques de l’opposition avait décidé d’imposer un débat de droit avant toute discussion technique, tel que prévu par le bureau de la CENI à l’issue de la première réunion du cadre de concertation, lundi 1er octobre dernier. L’UNC Vital Kamerhe, l’Ecidé Martin Fayulu, le Pasteur Théodore Ngoy et l’indépendant Kin Kiey Mulumba, entre autres, ont décrété sans titres ni droit l’illégalité de la machine à voter et exigé l’exclusion des enrôlés sans empreintes digitales des listes électorales. Mais surtout, ils ont refusé de prendre part à la partie technique de la concertation consistant à confronter leurs conseillers techniques à ceux de l’administration électorale pour régler les divergences autour de la machine à voter.
Désaccord sur le blocage
Mais sur ce sujet comme sur la désormais insidieuse question de la désignation du candidat unique de l’opposition à la prochaine présidentielle, les rangs des candidatures se sont lamentablement fissurées mercredi à la CENI. Sans arguments juridiques pertinents pour justifier l’exclusion d’électeurs sans empreintes digitales des listes électorales, et faute d’arguments techniques valables motivant le rejet de la machine à voter, le groupe des candidata contestataires n’a pas été suivi par un autre groupe des candidats qui a préféré part à l’expérimentation de la machine à voter. Au terme de l’exercice, Gabriel Mokia a avoué avoir simulé un vote et n’avoir pas rencontré de problème particulier, tout en conviant ses collègues qui avaient choisi de claquer la porte de la CENI de revenir à la table des concertations.
Tout comme le candidat Pierre-Honoré Kazadi Lukonda Ngube-Ngube, qui a également pris part à la réunion de concertation de mercredi 10 octobre à Kinshasa et réaffirmé sa décision de prendre part aux prochaines élections, avec ou sans la machine à voter. «C’était prévu qu’on vienne aujourd’hui pour parler de la machine à voter. Et maintenant, il y a nos collègues qui ont formé des petits groupes différents avec une position négative. La CENI abat en ce moment un bon travail, et nous ne pouvons pas gâcher encore cette opportunité parce qu’on a reporté deux fois les élections en RDC », a-t-il indiqué à la presse.
Fayulu et Cie au cœur du complot
En déclarant promptement aux médias que la réunion de mercredi dernier s’était terminée en queue de poisson, Théodore Ngoy trahissait manifestement une vue de l’esprit plutôt que la réalité, donc. Norbert Basengezi Katintima, le vice-président de la CENI a assuré le contraire à la presse. « Je n’ai pas vu la réunion se terminer en queue de poisson, si c’est dans la tête de certains, ça ne nous engage pas », a-t-il déclaré en substance. Expliquant qu’il s’agissait d’une rencontre technique : « On a demandé à tous les candidats d’amener leurs experts pour nous expliquer comment en appuyant sur l’image du candidat n° 1 sur la machine à voter, cela peut déboucher sur le choix du n°13, par exemple ». Ce membre du bureau de la CENI faisait allusion aux allégations de tricherie que les acteurs politiques de l’opposition distribuent aux quatre vents sur la machine à voter. Mercredi à la CENI, personne n’a été en mesure d’avancer la moindre preuve que la machine à voter est une machine à tricher, ainsi que certains candidats se plaisent à le crier sur tous les toits.
Sur la question des électeurs sans empreintes digitales également, les revendications des candidats à la présidentielle se sont avérées rien moins que loufoques. Dans une intervention sur la radio Top Congo FM captée mercredi dans la soirée à Kinshasa, le rapporteur de la CENI a révélé l’existence de quelque 5000 candidats à la députation nationale et à la députation provinciale enregistrés sans empreintes digitales, dont les candidatures ont été confirmées par la Cour Constitutionnelle. Leur exclusion des listes électorales est ainsi devenue impossible, les décisions de la Haute cour étant imposables à tous, y compris à la CENI et aux candidats à la présidentielle. Invités à proposer une solution face à cette situation qui expose la CENI à heurter des dispositions légales, les candidats président contestataires ont manqué d’arguments mais n’en ont pas moins tenu à bloquer les échanges aux discussions juridiques. Ça n’a pas marché.
J.N.