Les statistiques des personnalités hostiles à l’activisme politique du clergé catholique de la RDC, suivies depuis quelques mois par leurs homologues protestants, vont crescendo. Un député (national) belge d’origine congolaise a dézingué ces adeptes congolais d’un énième ‘’dialogue politique’’ dans un pays qui compte plus de 300 tribus et ethnies, qui n’en suggèrent aucun entre les 3 ethnies du Rwanda voisin (Hutu, Tutsi et Twa) dont le désamour réciproque séculaire est à la base de la déstabilisation de toute la région des grands lacs.
Ingénieur de formation, Pierre Kompany, acteur politique belge d’origine congolaise, né le 8 septembre 1947 à Bukavu est une figure célèbre du landerneau politique bruxellois. Ancien bourgmestre de Ganshoren (2018-2022), il fut le premier bourgmestre d’origine subsaharienne de l’histoire de la Belgique. Membre du parti politique Les Engagés, il avait été député au parlement de la région de Bruxelles-Capitale à partir de 2014 avant de devenir député fédéral.
Chevalier de l’ordre de Léopold en 2024, l’homme est donc suffisamment connu pour son propre parcours exemplaire en politique dans l’ancienne métropole coloniale de la RDC. Mais également en raison de la renommée mondiale de son fils, Vincent Kompany, l’ancien anderlechtois et capitaine des Diables Rouges qui a ébloui les amoureux du ballon rond du vieux continent. Son talent l’a conduit à évoluer notamment à Manchester City, le club anglais avec lequel il a remporté de nombreux trophées. Aujourd’hui, il entraîne le Bayern Munich, le club le plus titré d’Allemagne, dont il est le premier entraîneur de couleur.
Un pompier doit chercher l’origine du feu
Dans une communication sur la situation de la RDC au parlement fédéral belge, dont la vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux, Pierre Kompany est sorti de la réserve qui le caractérise habituellement par une analyse politique simple, mais implacable. Sans cacher sa solidarité et son soutien envers le peuple congolais pour sa résilience, il a annoncé les couleurs. «Il est temps que nous Européens, nous qui vivons ici, qui n’avons toujours pas l’information utile sur le terrain, nous commencions à penser que quand le pompier éteint le feu, il cherche la source du feu». L’allusion aux flammes qui ravagent l’Est de la RDC est sans équivoque. Et l’absurdité de certains discours qui s’évertuent à justifier l’injustifiable n’en apparaît que plus clairement. Pour l’élu fédéral belge, c’est du Rwanda que provient la guerre et l’insécurité devenues endémiques et qui menacent jusqu’aux pays voisins. «Quelle est la source des problèmes au Congo et progressivement en Afrique ?», lance-t-il à la cantonade. «En Afrique, oui, au Mozambique, avec la présence de l’armée rwandaise qui accompagne l’armée française pour les problèmes d’énergie. Pas seulement là-bas. Il y a deux ou trois semaines, au Congo-Brazzaville, parmi les gens qui ont traversé la forêt congolaise, certains ont été mangés par des animaux, certains sont morts dans cette forêt, lorsqu’ils étaient en train de fuir les membres des leurs propre pays, le Rwanda. Il y a à peine deux ou trois semaines, des bulldozers sont entrés dans le camp qui leur a été accordé il y a une vingtaine d’années, sans prévenir. C’est encore un problème rwandais», clame Kompany qui démontre par A + B, à quel point le Rwanda de Paul Kagame déstabilise toute une sous-région du continent africain.
«Quand on regarde ceux qui sont chassés, comme par hasard, ils ressemblent aux FDLR. Ils ont la morphologie des gens du FDLR», explique-t-il, faisant allusion aux rebelles Hutu qui avaient fui leur pays depuis le génocide de 1994, et continuent d’errer comme des apatrides en plein 21ème siècle, dans l’indifférence totale de la bienpensante communauté internationale.
Le Rwanda n’a que trois tribus qui s’affrontent, mais on ne lui demande pas de dialoguer.
L’homme se défend de toute discrimination tribale. «Ça ne m’intéresse pas de rentrer dans les communautés, dans les discriminations, mais il y a une réalité», martèle Kompany. «Cette réalité, nous ici nous la payons. Moi, je voudrais bien voir les Européens vivant ici s’intéresser aux communautés rwandaises. Il n’y en a que trois. Le Congo, c’est des centaines de tribus qui vivent en bonne intelligence. On demande au Congo de faire un dialogue inclusif. C’est quoi cette histoire !», peste le député fédéral belge.
Force est, ici aussi, de constater qu’en fait d’histoire depuis trois décennies, c’est une histoire de fou. Tout se passe comme si au Rwanda n’existaient que Paul Kagame et sa propre tribu. C’est à cette seule condition que tout s’y passe comme dans le meilleur des mondes. Tout au moins, tant qu’on ne gratte pas ce vernis.
Le comble de l’absurdité dans cette situation, c’est d’entendre de l’intérieur de la RDC agressée militairement par le Rwanda de Kagame, s’élever des voix pour exiger ce fameux dialogue. Un de plus au cours de ces 30 dernières années. «Le Congo a déjà organisé plus de 50 dialogues. Et le dernier dialogue, mortel, a eu lieu en 2013 avec un président venant d’ailleurs. Vous comprenez bien qu’ici je n’ai pas besoin de citer des noms des personnes. Ça ne m’intéresse pas de citer … qu’est-ce qu’ils valent? Rien du tout», rappelle Pierre Kompany, avant de crever l’abcès. «Je vous dis sincèrement, parce qu’il a été cité, le cas des religieux, des religieux congolais, des ‘’Monseigneur’’, qui ont des femmes, des enfants, qu’on peut identifier ici. Soyons un peu subtils, parce quand il y a eu un nouveau gouvernant dans ce pays, plus d’un millier d’écoles fictives étaient tenues par les religieux, et prenaient l’argent de l’Etat. Quand on a commencé à juguler cela, les problèmes ont commencé». Tels sont les ressorts cachés de l’hostilité du clergé catholique de la RDC aux mesures relatives à la gratuité de l’enseignement fondamental, selon le député fédéral belge.

Si vous en parlez au Congo, parlez-en également au Rwanda
Des princes de l’église catholique de son pays d’origine, Kompany ne pense pas beaucoup de bien. «Je ne pense pas que le rôle d’un cardinal, d’un monseigneur, est d’utiliser le perchoir religieux pour absolument parler de politique. Si vous en parlez au Congo, parlez-en également au Rwanda», déclare-t-il, relevant ainsi crument les abjurations à sens unique des animateurs de la CENCO, qui n’osent jamais suggérer à Kagame un dialogue avec ses frères Hutu et Twa. «Vous n’avez pas le droit de déconstruire la société. Parce qu’aujourd’hui au Congo, il y a des milliers des religions chrétiennes. Pourquoi ? Parce que c’est la révolte contre ceux qui réfléchissent souvent politique au lieu de réfléchir religion», bûcheronne Pierre Kompany. Même si nombre de fidèles catholiques le savent et le déplorent. Introduire la politique à l’autel est contreproductif parce qu’elle divise et fragilise la sainte église catholique. «Je vous le dis sincèrement, la CENCO et le reste feraient mieux de s’occuper des âmes», tranche le député fédéral belge. Qui ne s’empêche pas de rappeler quelques faits historiques, qui apparaissent aujourd’hui gravissimes. «1425, nous sommes au 15ème siècle, quand l’esclavage commence à battre son plein, la question été posée à la papauté pour sauver cela. Vous savez ce que la papauté a fait ? Elle a répondu par la question de savoir si les noirs ont une âme. Et on en est resté là. Les esclavagistes ont continué», dit-il.
Revenant sur la situation politique et sécuritaire à l’Est de son pays d’origine et dans la région, Kompany s’adresse à la présidente de la séance. «Je parle d’êtres humains qui vivent sur la terre ici», déclare-t-il, se défendant d’en avoir après le bon Dieu. «Madame la présidente, allons vers les trois tribus rwandaises. Disons-leur qu’elles commencent à parler entre elles, à travers tous les pays du monde dans lesquels elles se trouvent», déclare-t-il encore. Peu avaient osé avant lui.
JN