Les négociations de paix entre la RDC et le Rwanda, pilotées par l’administration Trump et la diplomatie qatarie, peinent à aboutir. Probablement parce que l’origine de la guerre de prédation qui sévit dans la région des Grands Lacs et la RDC depuis les années ’90 est d’instigation américaine, ainsi que de nombreuses études l’attestent. L’équation pour la nouvelle administration américaine n’est donc pas simple : il s’agit de ramener la paix sans faire perdre au pays de l’Oncle Sam les avantages acquis du fait de cette guerre.
Dans ces conditions, la «pax Trump» reste une pax americana, qui vise à atténuer les effets négatifs de la ruée vers le sous-sol congolais brutalement lancée sous l’administration démocrate Clinton il y a 3 décennies. Il s’agit de mettre un terme à l’effusion de sang tout en s’assurant de mettre également un terme à l’influence grandissante chinoise sur le continent. D’où toutes ces acrobaties qui visent à préserver le Rwanda, acteur déterminant dans la ruée vers les richesses minières de la RDC depuis trois décennies. Selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), le Congo et le Rwanda ont représenté près de 60 % de la production mondiale de tantale, soit environ 2.500 tonnes l’an dernier.
Les ambitions de Mercuria Energy Ltd, une entreprise qui détient d’importants actifs dans TechMet, société d’investissements dans les minéraux critiques basée à Dublin (Ecosse) qui elle-même compte la Société américaine de financement du développement international (DCF) et l’Autorité d’investissement du Qatar (QAIA) parmi ses principaux actionnaires, n’attend que la signature de l’Accord de paix entre Kinshasa et Kigali pour se ruer sur les juteuses mines de Rubaya au Nord-Kivu. Le projet, gigantesque, vise à moderniser la production du coltan dans un des sites les plus riches de la planète. Mercuria et TechMet envisagent également l’industrialisation en commun de l’extraction et du traitement du tentale dans cette partie du Nord-Kivu sous occupation rwandaise depuis plus d’un an.
L’accord RDC – Etats Unis qui dépend de l’accord RDC-Rwanda
TechMet a, du reste, déjà investi dans Trinity Metals Ltd., un producteur d’étain, de tungstène et de tantale … au Rwanda. Tandis que Mercuria est également connu pour investir massivement dans le négoce des métaux, en particulier du cuivre produit en RDC et en Zambie, selon Bloomberg
Mais tout accord entre les deux majors miniers reste suspendu à la signature de l’accord RDC – Etats-Unis qui vise l’accroissement des investissements américains dans les réserves minières congolaises, notamment, le cuivre et le cobalt, lui-même dépendant de l’accord de paix global entre Kinshasa et Kigali. Car, tout accord nécessiterait le retrait de Rubaya des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.
Selon Bloomberg, TechMet et Mercuria ont déjà entamé des discussions préliminaires avec le gouvernement américain, mais n’ont pas encore engagé de dialogue officiel avec les autorités congolaises, alors que Kinshasa souhaite attirer des investisseurs proches des États-Unis afin de favoriser la paix et de dynamiser l’économie.
Pas d’industrialisation sans le retrait du M23
Sur les mines de coltan de Rubaya, la Société Aurifère du Kivu et du Maniema SA (SAKIMA), entreprise publique, détient le permis d’exploitation des précieuses zones d’extraction de coltan près de Rubaya, selon le registre commercial gouvernemental. Cependant, l’entreprise ne peut accéder à la concession en raison du conflit dans l’Est du Congo. Elle a également remporté une victoire judiciaire le mois dernier dans un litige l’opposant à une autre entreprise locale, qui revendique la propriété légitime du permis.
Le coltan, qui contient du tantale et du niobium, est principalement extrait au Congo à l’aide de méthodes rudimentaires et souvent dans des conditions dangereuses par des mineurs artisanaux. Plusieurs entreprises ont souhaité mécaniser l’exploitation minière dans la région, notamment à Rubaya, mais des années de conflit et d’instabilité ont freiné ces efforts.
L’administration du président Donald Trump mène une médiation en vue d’un accord de paix entre le Congo et le Rwanda, qui vise à mettre fin à des décennies de violences meurtrières dans la région frontalière. Les États-Unis développent également des partenariats miniers avec ces deux pays afin de réduire l’emprise de la Chine sur les chaînes d’approvisionnement en matières premières essentielles à des secteurs comme la défense et la transition énergétique. «L’industrialisation de Rubaya s’inscrit dans cette initiative», a déclaré Massad Boulos, conseiller principal du département d’État américain pour l’Afrique, à Bloomberg News en septembre.
Enfin…Selon des sources proches du dossier, la paix devrait être rétablie dans la région avant que TechMet ou Mercuria puissent investir dans les ressources en tantale de Rubaya. Les sites miniers sont exploités depuis avril 2024 par le M23, qui occupe une vaste portion de l’est du Congo.
Les discussions entre TechMet et le gouvernement américain concernant Rubaya et d’autres gisements miniers potentiels au Congo sont encore préliminaires et mettent l’accent sur les défis considérables liés à ces projets et sur les conditions qui devraient évoluer avant que des progrès soient possibles, ont indiqué les mêmes sources.
J.N.