Les gouvernements de la RDC et du Rwanda ont paraphé, le 7 novembre 2025 à Washington, sous facilitation américaine, le texte du Cadre d’intégration économique régionale (CIER) convenu dans l’Accord des principes d’avril 2025. Le document définit les bases d’une coopération économique destinée à soutenir la paix, selon les grandes lignes ci-après.
Le texte du CIER réaffirme, expressis verbis : le principe de souveraineté totale de chaque pays sur ses ressources naturelles; la nécessité de mettre fin au commerce illicite des minerais, source de financement des groupes armés ; la volonté de promouvoir une économie régionale compétitive, fondée sur des normes internationales ; l’importance de garantir que les communautés locales bénéficient directement des revenus miniers. Et, les gouvernements de la RDC et du Rwanda reconnaissent le rôle des organisations régionales et envisagent la revitalisation de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL).
L’accord prévoit six grands domaines de coopération, allant de l’énergie au tourisme.
1. Énergie : vers un pool énergétique régional
La RDC et le Rwanda s’engagent à augmenter la production et l’accès à l’électricité, condition sine qua non de l’industrialisation. Deux projets phares sont cités : la finalisation de l’érection du barrage hydroélectrique de Ruzizi III pour l’électrification de la région et l’exploitation durable du gaz méthane du lac Kivu, une ressource stratégique située entre les deux pays.
2. Infrastructures : connecter les économies
Les deux pays conviennent de développer des infrastructures communes de transport, logistique et des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). L’idée est d’attirer des investissements privés et d’intégrer la région au Corridor de Lobito, soutenu par les États-Unis, afin d’améliorer la connectivité régionale et internationale qui y est expressément mentionnée.
3. Chaînes d’approvisionnement des minerais : transparence et traçabilité
Les deux gouvernements s’engagent à : assurer un approvisionnement constant et légal de leurs productions vers les marchés internationaux ; formaliser l’exploitation artisanale ; renforcer la traçabilité, lutter contre la corruption et éliminer les barrières empêchant l’exportation légale de minerais comme l’or, le tantale, l’étain ou le tungstène. Objectif : créer un environnement attractif pour les grandes entreprises minières internationales.
4. Parcs nationaux et tourisme : une stratégie de conservation commune
Le CIER prévoit une sécurité coordonnée sur toute la frontière ; une coopération scientifique pour la protection de la biodiversité aux frontières communes ; la création d’un environnement favorisant un tourisme transfrontalier durable ; un mécanisme harmonisé de partage des recettes touristiques avec les communautés locales.
5. Santé publique : prévenir les épidémies
Les deux pays envisagent un partage d’informations, des initiatives de recherche et des projets communs de surveillance épidémiologique.
6. Un cadre évolutif et ouvert
Le CIER se veut une plateforme dynamique, pouvant intégrer de nouveaux secteurs : eau, assainissement, agro-industrie, élevage, éducation, sport, divertissement… Chaque opportunité sera développée progressivement selon les besoins et priorités régionales.
J.N.