Au conclave kabiliste convoqué à Nairobi, les 14 et 15 novembre 2025, Ensemble pour la République de Moïse Katumbi a brillé par l’absence de sa délégation. Aucun membre du parti politique de l’ancien gouverneur du Katanga pour le compte du PPRD n’avait effectué le déplacement de la capitale kényane. Sans émouvoir outre mesure l’opinion et les observateurs. Jusqu’à ce que des voix autorisées du parti katumbiste s’élèvent pour vanter cette absence qui ne posait pourtant pas problème.
Au cours d’un entretien avec notre consœur Elysée Odia, largement diffusée sur les réseaux sociaux depuis fin octobre 2025, Christian Mwando, cadre influent de Ensemble pour la République à quelque peu surpris en vantant l’absence des Katumbistes au conclave de Nairobi. « Moïse Katumbi n’a manifesté aucun intérêt pour la nouvelle plateforme politique « Sauvons la RDC », lancée récemment à Nairobi », déclare-t-il, avec une pointe de fierté dans l’intonation. « Ensemble pour la République n’est pas un wagon appelé à suivre une locomotive », enchaîne-t-il, assurant qu’il n’est nullement question pour Joseph Kabila de convoquer Moïse Katumbi. « Moïse Katumbi n’est ni derrière Kabila, ni son collaborateur pour que ce dernier se permette de le convoquer à Nairobi », soutient encore l’élu de Moba. Au micro d’Élysée Odia, Christian Mwando n’y va pas avec le dos de la cuillère. « Ensemble pour la République n’accepte plus que lorsqu’on prépare à son insu un leadership, qu’il qu’il y ait une locomotive et qu’’Ensemble devienne un wagon dans cette locomotive qui tire l’ensemble des wagons… Kabila est un citoyen congolais qui a son mouvement politique et Moïse Katumbi a son mouvement politique. Il n’est plus question que l’un convoque l’autre comme on convoque un collaborateur », assène Mwando.
Front commun au sein de l’opposition
Les propos de l’homme de confiance de Moïse Katumbi ont plutôt surpris dans l’opinion, tant il semblait que depuis décembre 2024, les relations entre son mentor et l’ancien président de la République s’étaient nettement améliorées. Moïse Katumbi et Joseph Kabila en étaient arrivés à former un front commun au sein de l’opposition, contre le président Félix Tshisekedi et son administration, qu’ils accusent de dérive autoritaire et auxquels ils reprochent le projet de modification de la constitution pour se maintenir au pouvoir, selon eux.
Après des années de relations exécrables, les deux leaders katangais s’étaient rencontrés en privé à Addis-Abeba, en Ethiopie, peu avant Noël 2024. Un communiqué conjoint avait officialisé leur nouvelle entente, qui appelait également à l’unité de toutes les forces politiques et sociales du pays pour résister aux actions du pouvoir en place.
Katumbi et Kabila avaient, à l’occasion, exprimé leurs inquiétudes face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC et dénoncé la présence des forces étrangères sur le territoire national, qu’ils estiment illégale. Et, une nouvelle rencontre entre les deux acteurs politiques était prévue pour formaliser davantage leurs actions et élaborer une stratégie commune plus détaillée.
On ne peut donc que s’étonner de la récente sortie médiatique de Christian Mwando, alors que les conditions qui avaient entouré le rapprochement entre Kabila et Katumbi demeuraient les mêmes. Ou presque. Depuis fin 2024, seule la condamnation à mort par contumace de l’ancien président de la République apparaît comme un nouvel élément dans la géopolitique congolaise. Les observateurs se demandent donc si Moïse Katumbi n’estime pas, désormais, que le leadership d’un condamné à mort n’en est plus un. Et qu’il a une carte intéressante à jouer en profitant de l’éclipse forcée de son ancien adversaire politique.
J.N.