Sur les lignes du front, dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, la signature, le 14 octobre 2025, du Mécanisme conjoint de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, ne change rien. Les forces en présence s’épient, s’affrontent et tentent de gagner du terrain et de résister. Un statu quo qui traduit l’évolution des rapports de force, selon des observateurs.
Il ne se passe pas un jour sans qu’il soit fait état d’affrontements entre les FARDC soutenues par les Wazalendo et la coalition RDF/AFC/M23, ici où là, dans les provinces sous occupation des assaillants.
Mardi, 21 octobre 2025, d’intenses combats ont été rapportés, qui opposaient les renégats de la RDF/AFC/M23 aux combattants Wazalendo dans certains villages du groupement Bashali Mokoto en territoire de Masisi (Nord-Kivu). Kinyana, Bibwe, Nyabiondo ont été le théâtre de ces joutes à l’arme lourde et légère qui ont provoqué des déplacements des populations vers Bulende, Kasopo et Lukweti, selon les mêmes sources. Dans la région, ce sont les Wazalendo de l’Alliance des nationalistes congolais pour la défense des droits humains (ANCDH) de Jean-Marie Bonane qui défendent les collines riveraines.
La région Ouest du territoire de Masisi ainsi que la partie Ouest de celui de Rutshuru vivent dans une insécurité quasi permanente à la suite d’accrochages récurrents entre les forces patriotiques congolaises et la coalition emmenée par l’armée rwandaise en RDC. Même la cité de Nyabiondo (Masisi) n’est pas épargnée. Des attaques des Wazalendo avaient fait un mort (un enfant) et quatre blessés, lundi 20 octobre.
De leur côté, les FARDC ont lancé des frappes aériennes près de Kalembe (Masisi), suivies par de tirs de drones, le 21 octobre, sur des positions de la coalition RDF/AFC/M23 à Ihula, dans le groupement de Kisimba (Walikale). Des bombardements de l’armée sur des positions rebelles dans la zone de Kalembe-Kalonge, à la limite entre les territoires de Masisi et de Walikale, ont également été rapportés.
Stoppés net sur l’axe Walikale
Selon des sources du Maximum dans la région, ces affrontements s’expliquent par la tentative de la coalition RDF/AFC/M23 d’investir l’axe Walikale, qui lui ouvrirait grandes les portes de la province de la Tshopo plus loin. Selon des sources locales, l’armée rwandaise et les rebelles avaient renforcé leurs positions en hommes et en armes, notamment à Mpety en vue d’une offensive d’envergure sur la cité stratégique de Pinga.
Dimanche 28 septembre 2025, une frappe aérienne des FARDC avait détruit le pont Minjenje, à la limite des territoires de Walikale et de Masisi, stoppant net les velléités de progression de l’armée rwandaise et ses supplétifs congolais. Jusqu’à ce jour.
Ces dernières semaines, des informations faisant état de la reprise de l’avantage sur le terrain des affrontements dans cette partie du pays par les FARDC ont circulé. Elle serait due à la neutralisation des équipements polonais, des dispositifs électroniques de brouillages essentiellement. A Kalembe (Masisi), des équipements estampillés MindMade WB Group (Pologne) ont été abandonnés par des assaillants en déroute, neutralisant le réseau de brouillage qui handicapait les tirs de drones et l’opérationnalisation des avions de combats auparavant. Ils servaient à perturber les signaux GPS, à déstabiliser les transmissions des drones CH-4, et à masquer les positions des assaillants.
Depuis le 18 octobre, et même auparavant, les FARDC ont multiplié les frappes de drones autour de Kalembe, Mweso et Tongo, déstabilisant particulièrement les positions de la coalition RDF/AFC/M23 dans la région, en plus de les empêcher de progresser et de gagner du terrain comme par le passé. «Nous avons franchi un cap. Le Rwanda et ses alliés perdent leur invisibilité numérique. Ce qu’ils installaient dans nos forêts ne les protège plus», s’en réjouit un expert militaire congolais.
Avantage technologique rattrapé
Par ailleurs, les défections dans les rangs rebelles se multiplient à une cadence accélérée, selon nos sources. Elles seraient encouragées, notamment, par le fait que tout élément FARDC intégré de force dans la rébellion et qui fait défection recouvre automatiquement le droit de percevoir sa solde. «C’est un stimulant non négligeable, comparativement aux conditions infrahumaines dans lesquelles végètent ces soldats sous les ordres du Rwanda», explique-t-on.
Lundi 20 octobre, 38 éléments AFC/M23, dont un officier du grade de Major, se sont rendus à la 34ème Région militaire des FARDC à la suite de défections enregistrées dans les territoires sous le feu de Rutshuru, Masisi et Walikale.
Dans ce dernier territoire du Nord-Kivu, un homme a été tué par les rebelles de la coalition RDF/AFC/M23 à Kibati, lundi 20 octobre 2025. Il était accusé d’avoir facilité la défection d’un groupe de combattants renégats.
Dans la province du Sud-Kivu, la coalition RDF/AFC/M23 visait Uvira, après la chute de Bukavu, qui lui aurait ouvert les portes du Katanga minier. Selon des sources locales Wazalendo, les assaillants tenaient ainsi à rassurer leurs parrains démocrates aux Etats-Unis, qui s’inquiétaient de la perte d’influence de certaines entreprises occidentales dans la région. Ici aussi, le plan tarde à se traduire en réalité, grâce aux résistants Wazalendo dont les harcèlements incessants empêchent toute progression substantielle des assaillants.
Progression bloquée sur l’axe Uvira
Mardi, 21 octobre 2025, de violents combats opposaient ainsi Wazalendo et RDF/AFC/M23 à Nyangezi, dans le village d’Irhaga. Des rebelles en débandade ont enlevé 5 civils, dont 2 ont été retrouvés morts, assassinés. Une semaine auparavant, le 14 octobre, d’intenses affrontements autour de Kalehe s’étaient soldés par la victoire des loyalistes. A Nyangezi, les FARDC soutenus par les Wazalendo avaient réussi à prendre le contrôle de Bwenda, Mulende, Bangwe, Mushenyi, Kahinga, Kandekere, des villages riverains.
Le 15 octobre, les FARDC ont pilonné les installations de la société minière de Twangiza, à Luhwinja. L’information a été confirmée par la rébellion qui a dénoncé l’attaque de ses positions à Kadasomwa, Lumbishi et Kasaka.
Selon une information de Reuters, le 21 octobre 2025, les rebelles de l’AFC/M23, soutenus par l’armée rwandaise, avaient pillé 70 millions USD d’or dans une mine de la RDC depuis le mois de mai dernier.
J.N.