A Kinshasa, le football n’est plus ce qu’il était. Il s’écrit désormais au rythme d’une nouvelle ère, incarnée par une formation aussi jeune que redoutable : les Aigles du Congo. En domptant tour à tour les géants du football congolais, FC Lupopo, Vita Club et probablement bientôt le mythique TP Mazembe, le club de Vidye Tshimanga prouve que l’audace, la rigueur et la vision sont les nouveaux piliers de la réussite.
Un projet managérial qui force le respect
Ce n’est plus un simple club, c’est une idée. Une philosophie de jeu. Un projet structuré, pensé, huilé comme une horloge suisse. En moins d’un an, le président Vidye Tshimanga a bâti une forteresse sportive où chaque pierre semble posée avec génie. Recrutement judicieux, staff technique motivé, encadrement rigoureux, infrastructures professionnelles et surtout, une foi inébranlable en la jeunesse congolaise. Résultat : trois matches, trois victoires éclatantes, une identité claire et un groupe qui joue avec le cœur et la tête.
Bileko Mbali, véritable révélation, incarne à lui seul cette nouvelle génération formée, encadrée et valorisée. Son doublé contre Mazembe n’est pas un accident de parcours, mais le fruit d’un travail sérieux. Autour de lui, une équipe soudée, disciplinée, combative. Les Aigles ne volent pas au hasard, ils planifient leurs attaques avec la précision d’un radar.
Mazembe, une légende qui se délite
Face à cette tornade d’ambition, TP Mazembe fait figure de géant assoupi, prisonnier de sa gloire passée. Autrefois craint sur tout le continent, le club de Lubumbashi semble aujourd’hui errer sans boussole. Le recrutement, autrefois point fort du team noir et blanc, est devenu un véritable naufrage stratégique. Des joueurs venus sans vision, des talents en déclin, un banc de touche en panne d’imagination, un staff technique qui joue à la roulette russe avec la tactique: le tableau est alarmant.
Le constat est sans appel : Mazembe n’a plus d’âme. Là où autrefois le club dictait le tempo, il subit désormais les événements, les regards vides et les jambes lourdes. L’arrogance d’un palmarès passé ne suffit plus. Le football congolais bouge, évolue, se réinvente. Et pendant que les Aigles bâtissent un avenir, Mazembe ressasse ses souvenirs.
Des dirigeants dépassés par leur propre mythe
Il serait malhonnête d’en imputer la responsabilité aux seuls joueurs. Les dirigeants du TP Mazembe ont failli. Incapables de redonner au club une vision moderne, ils s’entêtent dans des choix frileux, usés et souvent déconnectés des réalités du football actuel. Là où il fallait renouveler, ils ont recyclé. Là où il fallait innover, ils ont répété. Conséquence : Un club qui inspire désormais plus de pitié que de peur.
Le vent souffle fort depuis Kinshasa
Le football congolais est à un tournant. Un nouveau leadership se dessine. Les Aigles du Congo ne sont plus une surprise, mais une référence. Ils incarnent l’espoir, la modernité et la performance. Et tant que leur président continuera à tenir la barre avec autant de rigueur et de lucidité, le ciel leur appartient.
Quant à Mazembe, l’heure n’est plus aux slogans, mais à la refondation. À moins que, prisonnier de ses statues de bronze, il préfère sombrer dans le silence de son musée.
Didier MBOKANDJA